Christian Trimua, ministre togolais des Droits de l’Homme, à Paris devant le CAPP : « Notre objectif est de baisser le taux de pauvreté à moins de 40 % d’ici à la fin de 2021 »
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Propos recueillis par Jean-Louis Alcaide, AfricaPresse.Paris
@jlalcaide1 | @PresseAfrica
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Vous avez récemment menacé d’interdire la Ligue des Droits de l’homme togolaise. Pourquoi ? N’est-ce pas paradoxal de la part d’un ministre des Droits de l’Homme, censé les défendre ?
Christian Trimua – La Ligue togolaise des Droits de l’Homme (LTDH) est un partenaire du ministère des Droits de L’homme et c’est l’une des organisations les plus anciennes du Togo. Nous leur savons gré de leur expérience. Ce que nous souhaitons, c’est qu’elle se professionnalise un peu plus et qu’elle se politise un peu moins. Mais nous n’avons jamais menacé la LTDH. Ce que nous avons demandé à ses responsables, c’est d’être véridiques sur les faits qu’ils relatent et l’analyse qu’ils font.
Que faites-vous pour la diaspora togolaise, importante en France, et plutôt acquise en général à l’opposition ?
Christian Trimua - La diaspora togolaise a été traditionnellement présentée comme acquise à l’opposition. En réalité, aujourd’hui elle est mixte puisque c’est la première fois qu’on va véritablement l’évaluer. La diaspora est une préoccupation du président de la République togolaise sur trois points. Le premier, c’est la nécessité qu’elle soit incluse dans les institutions économiques du Togo, puisque c’est une contributrice importante de notre économie.
Le deuxième point, c’est que la diaspora participe à la gouvernance du pays par sa participation à la désignation des dirigeants du Togo. C’est pour cela que le président la République a inclus le vote des Togolais de l’étranger, à partir de cette élection présidentielle du 22 février 2020. C’est la première fois que la diaspora va voter. Celle-ci va également être représentée au sein du Conseil économique et social du Togo qui sera mis en place à partir du mois d’avril 2020. Là aussi c’est une première puisque jusqu’à présent le Togo n’avait pas de Conseil économique et social.
Quant au troisième point qui préoccupe le président la République, c’est la facilitation des mouvements de la diaspora togolaise, notamment entre le pays et ses lieux de résidence habituelle.
Christian Trimua, ministre des Droits de l’Homme et des Relations avec les Institutions du Togo, s’exprimant devant les journalistes du CAPP, samedi 8 février à Paris. © Frédéric Reglain
Votre pays a réformé sa Constitution en introduisant notamment une limitation à deux du nombre de mandats du président de la République. Un de vos principaux opposants parle de « charcutage constitutionnel ». Pourquoi ?
Christian Trimua - Peut-être parce qu’au moment du vote, il n’était plus membre du Parlement ! Dans la précédente législature, il en faisait partie et c’est d’ailleurs avec lui que nous avions discuté les axes fondamentaux de cette reforme constitutionnelle qui avait été adoptée en commission par le Parlement. Naturellement, en décembre 2018, il n’a pas pu être élu puisqu’il avait appelé au boycott de ces élections. La législature suivante a donc voté le texte dans les termes que nous avions arrêtés avec lui. Par conséquent, on ne peut pas parler de « charcutage » de la Constitution togolaise.
Craignez vous d’avoir un problème sécuritaire comme votre voisin, le Burkina-Faso ?
Christian Trimua - Le risque sécuritaire est permanent dans toute la sous-région ouest-africaine. Le Togo n’échappe pas à ce risque. Mais jusqu’à aujourd’hui, les dispositions sécuritaires prises par le président de la République ont préservé le Togo d’une attaque terroriste sur son territoire. Nous n’avons pas aujourd’hui de manifestation particulière sur le plan de la sécurité, mais nous restons extrêmement vigilants parce que c’est un phénomène sous-régional africain.
Pourtant vous avez parlé de cellules terroristes dormantes…
Christian Trimua - Oui, le président de la République a annoncé à la nation togolaise, au mois d’avril 2019, qu’un certain nombre de cellules terroristes ont été démantelées sur le territoire togolais. Le Togo reste néanmoins vigilant, bien qu’aucune de ces cellules n’avait opéré sur le territoire national.
Vous avez dressé un bilan économique flatteur de votre action (forte croissance, faible inflation, etc.). Pourtant, le taux de pauvreté au Togo reste l’un des plus importants du monde…
Christian Trimua – La question de la pauvreté reste encore sensible aujourd’hui au Togo. Mais, comme je l’ai dit, le président de la République a réussi à faire baisser de 15 points le taux de pauvreté, à 53 %. Nous avons mis en place un certain nombre de dispositifs d’inclusion financière, l’auto-emploi, la résilience des plus vulnérables qui permettent d’espérer qu’à terme, nous puissions encore faire des efforts supplémentaires pour réduire ce taux.
Par exemple, l’objectif visé aujourd’hui, c’est d’au moins baisser ce taux sous la barre des 40 % à la fin de l’année prochaine. Et, en fin de mandat, de pouvoir faire un effort supplémentaire de réduction de la marge de pauvreté au Togo.
Vous affirmez qu’en 2019, le Togo a été le premier pays récipiendaire des investissements étrangers en Afrique de l’Ouest. Comment avez-vous réussi à attirer ces investissements ?
Christian Trimua - Nous avons réussi à accueillir ces investissements en redonnant la confiance aux partenaires et en faisant un certain nombre de réformes économiques importantes, de 2007 à aujourd’hui. Grâce à cette confiance retrouvée, ces partenaires ont pu revenir et investir. Aujourd’hui, le Togo est une place financière importante en Afrique de l’Ouest.
Quelles réformes avez-vous mis en place ?
Christian Trimua – Nous avons fait des reformes sur la gestion du budget, le contrôle des finances publiques, la passation des marchés, la transparence dans la gestion et, naturellement, la corruption. Sur ce dernier point par exemple, le Togo a aujourd’hui tous ses indicateurs au vert. Nous avons choisi de ne pas partir sur des opérations chocs, mais sur une méthode pédagogique durable qui inculque une nouvelle culture de la gestion de la chose publique.
La ZLECA, la Zone de libre-échange continentale africaine, se met en place à partir du 1er juillet prochain. Qu’en attendez-vous ?
Christian Trimua - Le Togo prendra sa part dans la ZLECA, notamment en transformant Lomé en un centre d’affaires sous-régional de premier ordre. Pour ce qui concerne l’Afrique de l’Ouest, le Togo, avec son port, ses infrastructures et tous les investissements qui ont été faits, espère pouvoir tirer le plus grand bénéfice de la ZLECA.
Photo © Frédéric Reglain
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