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Caroline Cornu, Adjointe d’Henri Guaino, au Forum de Paris : « L’UPM ? Elle vit ! Elle avance ! »

Tous pays EUROMED-AFRIQUE | 15 avril 2010 | src.leJmed.fr
Caroline Cornu, Adjointe d'Henri Guaino, au Forum de Paris : « L'UPM ? Elle vit ! Elle avance ! »
Paris -

Deux ans après « l’échec annoncé » de l’Union pour la Méditerranée par les sceptiques de tous bords, Caroline Cornu, Adjointe d’Henri Guaino, qui préside la mission interministérielle de l’UPM, a dressé, vendredi au Palais Brongniart pour le Forum de Paris, un bilan d’étape pour le moins positif, démentant par les faits les pronostics des Cassandre impénitents.

Pour preuve : une profusion de projets concrets qui avancent, des financements qui se mettent en place et une institution désormais dotée d’un Secrétariat général, bientôt renforcé par la nomination de six secrétaires généraux adjoints, et dont on connaît déjà les missions.

Photo ci-dessus : Caroline Cornu s’adressant à l’assemblée du Forum de Paris. © Photomontage leJmed.fr avril 2010


L’UPM, malgré les difficultés politiques que l’on connaît, a fait mieux que survivre aux adversités. « Elle vit ! », s’est exclamée Caroline Cornu, elle avance, irrésistiblement… par la volonté d’une multitude d’acteurs, opérateurs publics et privés, qui, sur les deux rives de la Méditerranée, s’affirment chaque jour un peu plus comme des « amoureux militants du continent fluide », de ce Mare Nostrum dont la vocation civilisationnelle est sûrement plus, et depuis les plus lointains de l’Histoire, de rapprocher les peuples plutôt que de les diviser.

Le Journal des Méditerranéens – leJmed.fr – ne peut que se réjouir de ce bilan d’étape plus qu’encourageant, puisque contribuer à l’émergence d’une Méditerranée plus forte, plus solidaire et partenariale est précisément ce qui inspire notre ligne éditoriale, et notre raison d’être.

C’est pourquoi, plutôt que de sélectionner des « morceaux choisis », nous publions avec plaisir ci-dessous l’intégralité de l’allocution de Caroline Cornu, sûrs que nos lecteurs nous en sauront gré, car ce texte contient bien des informations nouvelles, ou en précise d’autres déjà partiellement connues.
Et, surtout, il porte un grand souffle d’espérance !
Merci à vous, Caroline Cornu, pour votre engagement si fort dans cette noble cause !

Alfred Mignot
Éditeur de le Jmed.fr

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Allocution de Caroline CORNU
Forum de Paris - 9 avril 2010

Mesdames et Messieurs,

Je tiens à remercier tout d’abord les organisateurs du Forum de Paris et tout particulièrement Albert Mallet, de me donner l’occasion de m’adresser à vous, en introduction de ces deux jours de débat sur un sujet qui nous est cher à tous ici, nous, amoureux de la Méditerranée.

J’en suis d’autant plus honorée que mon premier Forum de Paris était en mars 2008, il y a deux ans, au lendemain de l’accord franco-allemand, à cette période même où déjà on nous prédisait l’échec de l’Union pour la Méditerranée.

Alors ? Deux ans après, me direz-vous, où en sommes-nous ?

Et bien, on nous prédit toujours l’échec de l’Union pour la Méditerranée, et tel Sysiphe, nous continuons à y croire, à y travailler, avec certes toujours de grandes difficultés mais tout de même de très belles réalisations.

Ces réalisations, elles sont, pour simplifier, de trois ordres :
les projets, l’institutionnel, le politique.

* * *

Au départ de l’Union pour la Méditerranée, il y a une ambition, celle de faire émerger et de permettre la réalisation de projets concrets, à dimension régionale, pour tisser des solidarités de plus en plus étroites entre les peuples de la Méditerranée. Cette ambition a été notre obsession et nous avons tenu nos engagements face aux difficultés, face aux réticences et face à cet éternel scepticisme qu’inspire malheureusement trop souvent l’Union pour la Méditerranée. Alors que chez nous les doutes sont récurrents, de l’autre côté de l’Atlantique, l’administration américaine nous manifeste un intérêt certain pour cette Union.

Vous pourriez objecter que je ne suis pas là pour vous dire que nous avons failli. Mais je suis fière d’avoir l’occasion de vous présenter le bilan de ces deux ans, qui est bien plus positif qu’on vous le laisse entendre.

Au Sommet de Paris pour l’Union pour la Méditerranée, six priorités avaient été fixés. Voilà où nous en sommes.

Concernant le Plan Solaire Méditerranéen, c’est 20 000 mégawatts à l’horizon 2020, jusqu’à 20 % de la consommation électrique pour 2020, un investissement total de 50 milliards d’euros.

Tous les pays de la région se sont mobilisés et ont produit leur plan énergétique.

Le Plan Solaire Méditerranéen, c’est une volonté conjointe qui a suscité une très forte mobilisation des esprits, des industriels, des États mais aussi une mobilisation financière sans précédent :

- L’AFD, la BEI et la KFW ont annoncé des financements pour un montant de 5 milliards d’euros.

 Le Fonds pour les technologies propres géré par la Banque Mondiale a décidé d’y contribuer à hauteur de 750 millions de dollars.

- Le fonds Inframed, qui a été créé dans le cadre de l’UpM par la Caisse des dépôts française, la Caisse des dépôts italienne, la Caisse des dépôts marocaine, par nos amis présents de EFG Hermes et la BEI, et qui pourrait atteindre jusqu’à 1 milliard d’euros en fonds propres et 1 milliard d’euros en dettes, apportera lui aussi sa contribution financières aux infrastructures électriques.

Je ne vais pas vous faire le catalogue de toutes les grandes institutions financières mobilisées sur le PSM. Mais sachez qu’il y a une véritable dynamique financière qui ne cesse de s’intensifier.

Derrière le PSM, il y a l’énorme enjeu du développement du réseau de transport d’électricité méditerranéen qui sera porté par deux grands consortiums d’entreprises : Desertec et Transgreeen.

* * *

La dépollution de la Méditerranée, c’est 73 projets pour un montant de 5,2 milliard d’euros. 45 ont déjà un financement pour un montant de 3,4 milliards d’euros. Je pense notamment aux projets de :
 dépollution de la Lagune de Nador au Maroc

 réutilisation des eaux usées du grand Tunis

 au plan national d’assainissement marocain

 à l’extension de la station d’épuration des eaux usées du Caire

La dynamique UpM a suscité la création de nouveaux fonds financiers pour la protection de l’environnement en Méditerranée. C’est le cas de SustainableMed géré par la Banque mondiale qui contribue aujourd’hui à hauteur de 750 millions de dollars.

Nous avons aussi lancé un réseau de procureurs pour la lutte contre la pollution maritime volontaire en Méditerranée.

La stratégie de l’eau sera arrêtée avec des objectifs chiffrés par les 43 ministres de l’UpM qui se réuniront la semaine prochaine à Barcelone pour adopter la stratégie pour l’eau en Méditerranée. Cette stratégie est l’aboutissement de deux ans de travail.

La politique des transports, c’est 17 projets d’infrastructures qui ont été identifiés pour 8 milliards d’euros. La plupart sont très avancés dans leur étude de faisabilité et leur recherche de financement.

Concernant la protection civile, il s’agit d’un domaine sensible qui touche aux prérogatives régaliennes de chaque État. Nous avons pourtant réuni en juin dernier les 43 Directeurs généraux de la protection civile qui ont décidé d’orienter la coopération euro-méditerranéenne en matière de prévention, de formation et de mutualisation des moyens avec la mise en place de plateformes d’avions et d’hélicoptères bombardiers d’eau.

Concernant l’enseignement supérieur et la recherche, c’est d’abord l’Université euro-méditerranéenne de Piran qui compte aujourd’hui plus de 120 conventions avec les universités des pays riverains.

D’ici la fin du mois se tiendra également en Slovénie une réunion des 43 ministres de la Recherche et de l’Enseignement supérieur. Nous avons à cœur d’y faire adopter un Centre méditerranéen de la recherche scientifique. Il fédèrera autour de lui des instituts méditerranéens les plus avancés en matière de recherche. Il permettra aux chercheurs de la rive Nord et de la rive Sud de travailler ensemble sur des programmes de recherche communs. Il facilitera leur mobilité.

Sera également proposé un espace numérique méditerranéen qui réunira des formations à distance pour offrir aux étudiants et aux chercheurs un accès en ligne à des cours et à des formations reconnues dans le pays d’origine de chaque étudiant.

Sur les questions financières et économiques, nous avons travaillé sur l’initiative PME proposée par l’Espagne et l’Italie.

Nous avons également confié à Charles Milhaud une mission d’expertise sur l’opportunité de créer une Banque de la Méditerranée.
Je sais que celui-ci vous présentera pendant le Forum les perspectives envisagées.

Nous avons travaillé aussi sur :

  une cour d’arbitrage euro-méditerranéenne

  un traité de garantie des investissements

  un pacte pour la sécurité alimentaire en Méditerranée

  une chaine de télévision culturelle pour la Méditerranée

  Un office méditerranéen de la jeunesse qui offrira des mobilités pour les étudiants méditerranéens

  un possible plan cancer méditerranéen

  une agence pour le développement urbain durable

Tous ces sujets seront mis sur la table du IIe Sommet des Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union pour la Méditerranée qui devrait se tenir à Barcelone en juin prochain.

Nous avons aussi réuni à Alexandrie, en avril 2009, des bailleurs de fonds qui se sont engagés à apporter 10 milliards d’euros sur les différents projets de l’Union pour la Méditerranée. Cet engouement pour les projets nous a conduit à renouveler cette initiative qui se tiendra à Marseille le 27 mai prochain. Les bailleurs y seront encore plus nombreux !

* * *

Il faut le dire et le redire, même pendant la crise de Gaza, les 43 pays de l’Union pour la Méditerranée, n’ont jamais cessé leur collaboration technique et c’est une réussite pour cette toute jeune organisation que l’on disait fragile et qui pourtant a passé une crise qui laissait présager sa disparition.

Ce qui m’amène à parler du deuxième ordre des réalisations de l’Union pour la Méditerranée : la partie institutionnelle.

C’est précisément pendant la période d’interruption des réunions ministérielles et des réunions diplomatiques de l’Union pour la Méditerranée, pendant cette période où l’on pointait du doigt cette Union pour la Méditerranée dont on disait qu’elle ne servait à rien, c’est précisément pendant ces mois que la France avec l’aide de l’Espagne et de l’Égypte a engagé la négociation pour la création du Secrétariat Général de l’Union pour la Méditerranée, à laquelle s’étaient engagés les Chefs d’État et de Gouvernement lors du Sommet de Paris le 13 juillet 2008.

Amoureux de la Méditerranée, qui n’a pas été heureux de voir la cérémonie d’inauguration du siège du Secrétariat Général de l’Union pour la Méditerranée, au Palais de Pedralbes, à Barcelone, le 4 mars dernier ?

C’est peut-être ça le miracle de l’Union pour la Méditerranée : c’est à l’aune des grandes difficultés que l’on peut juger la valeur de cette Union et la détermination de ses initiateurs.

Nous savons, parce que nous les vivons au quotidien, qu’il y aura encore, à l’avenir, des difficultés. Elles seront, nous ne le souhaitons pas bien sûr, peut-être plus grandes encore mais tout l’intérêt du projet de l’Union pour la Méditerranée est justement d’affronter ces difficultés.

Prenons pour exemple le Secrétariat Général qui va être la structure opérationnelle de l’Union pour la Méditerranée.

Il va fonctionner sous l’autorité d’un Secrétaire Général, désigné le 4 mars dernier en la personne du jordanien Ahmad Masadeh.

Pour preuve qu’il est possible de créer des solidarités de plus en plus étroites entre les peuples de Méditerranée, il sera assisté de 6 Secrétaires Généraux Adjoints.

Rien de moins

 qu’un Palestinien en charge du portefeuille de l’eau et de l’environnement,

 un Israélien en charge du portefeuille de la recherche,

 un Turc pour les transports,

 un Grec pour l’énergie,

 un Maltais pour la protection civile,

 un Italien pour le développement économique.

C’est le miracle de l’Union pour la Méditerranée de les faire travailler ensemble, quotidiennement, dans un même lieu. Certains nous accusaient d’utopie, les mêmes qui sont toujours d’un déterminisme paralysant, et disons-le défaitiste… Pourtant fallait-il s’interdire d’y croire ?

Concernant la dimension politique de l’UPM, on nous a souvent reproché de vouloir nous affranchir du conflit israélo-palestinien. Nous ne l’avons jamais perdu de vue.

Nous avons souhaité créer un élan, une dynamique, à partir de projets concrets qui vont, peu à peu, tisser des solidarités de plus en plus étroites entre les peuples. C’est le cœur de notre initiative qui a pour absolue finalité de concourir à la paix.

Il faut d’ailleurs saluer la sagesse et l’esprit de responsabilité dont on fait preuve tous les pays de l’Union pour la Méditerranée qui n’ont jamais demandé officiellement à quitter cette Union.
Comment ne pas y voir la volonté partagée de construire, tous ensemble, dans la durée, un espace de paix, de prospérité et d’échanges auquel, nous, amoureux de la Méditerranée, nous aspirons tous.


Mesdames et Messieurs,

Je pourrais vous parler de l’Union pour la Méditerranée pendant des heures. Mais il y a bien d’autres amoureux de la Méditerranée qui attendent eux aussi de partager avec vous leur engagement et leur foi pour la Méditerranée.

J’ai choisi de vous présenter une esquisse de bilan pour ces deux premières années. Je crois que nous n’avons pas à en rougir.

L’Union pour la Méditerranée, c’est un combat de tous les jours.

Si c’était facile, s’il n’y avait pas de conflits, pas de drames, pas de tragédies, s’il n’y avait pas de violences, pas de haines, pas de victimes, s’il n’y avait pas de misères, pas d’exclusions, pas de souffrance, il n’y aurait pas besoin de l’Union pour la Méditerranée.

Oui c’est difficile. C’est long.
Il faut de la ténacité, de la constance, de la patience.

Oui, c’est vrai, on prend tous les jours le risque d’échouer.
En deux ans, on l’a souvent enterrée !
Eh bien, elle est toujours vivante.
Elle avance. Doucement. Mais elle vit.

Il y aura encore des obstacles, il y aura encore des difficultés, il y aura encore des crises, mais je suis sûre que nous allons réussir parce que tous les jours je rencontre des gens qui y croient, des gens qui l’espèrent, des intellectuels, des artistes, des créateurs, des entrepreneurs, des poètes, des architectes, des chefs d’entreprises, des diplomates, des savants, des responsables politiques.

Je voulais aujourd’hui vous faire partager un peu de cette espérance, de cette envie qu’ils m’ont donnée d’y croire à travers tout ce qui a été accompli avec eux en deux ans.

Mesdames et Messieurs, je vous remercie pour votre attention.

Caroline CORNU
Forum de Paris - 9 avril 2010

À lire sur le même sujet :

- Henri Guaino au Forum de Paris :
« L’UPM est une transgression »…


Une vue de l’auditoire du Forum de Paris, lors de la session d’ouverture, vendredi 9 avril 2010, au Palais Brongniart. © leJmed.fr






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