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Cahiers Demeter : « Agriculture et alimentation, champs géopolitiques de confrontation au XXIe siècle »

Tous pays EUROMED-AFRIQUE | 18 février 2012 | src.leJMed.fr
Cahiers Demeter : « Agriculture et alimentation, champs géopolitiques de confrontation au XXIe siècle »
Paris -

Le Cahier n° 12 (février 2012) de Demeter est consacré à la thématique « 
Agriculture et alimentation - Des champs géopolitiques de confrontation au XXIe siècle ». Codirigé par Pierre Blanc, enseignant-chercheur, et par Sébastien Abis, analyste politique (photo), cet ouvrage collectif vise à remettre en lumière une réalité souvent négligée par les analyses géopolitiques : l’agriculture – et donc, l’alimentation – s’inscrivent sur des territoires (géo) et se retrouvent au cœur des stratégies de puissance et des rivalités de pouvoir (politique), de l’échelon régional au niveau international ou multilatéral.

Photo ci-dessus : Sébastien Abis, analyste politique, co-directeur du Cahier n°12 de Demeter. © Alfred Mignot - avril 2011


Agriculture et géopolitique sont ainsi deux maîtres mots que l’Histoire conjugue en permanence. Pourtant, agriculture et alimentation sont généralement considérées à l’aune de l’économie ou de l’agronomie. Malgré leurs enjeux multidimensionnels et inter-sectoriels, elles sont rarement analysées sous l’angle des rivalités de pouvoir et des luttes d’influence.

Des défis comme la préservation du foncier ou de la ressource en eau, l’impact du climat ou l’évolution de la consommation restent souvent compartimentés, sans s’articuler. Simultanément, la dimension essentiellement agricole de ces enjeux est oblitérée. Résultat : l’agriculture, question plurielle et transversale, n’est perçue ni à sa juste valeur, ni dans toutes ses composantes.


Le retour du mythe de l’Eldorado… agricole !

Aujourd’hui, elle effectue pourtant un retour fracassant et retrouve sa place de pilier du développement. Le sentiment que l’agriculture constitue un eldorado se propage, alors même que dans d’autres parties du globe, les violences politiques accablent bien plus la production que les contraintes techniques et géographiques. La malnutrition et la faim, qui touchent près d’un milliard d’êtres humains, sont davantage imputables aux conflits et aux confrontations qu’à l’insuffisance de la production globale.

Dans ce contexte, les interrogations récurrentes sur « peut-on nourrir le monde ? » sont certes légitimes et font le miel des prévisionnistes. Mais elles s’intègrent dans des questionnements à très long terme et conduisent à faire tourner de multiples modèles scientifiques, alors que l’urgence alimentaire exige d’agir aujourd’hui si l’on veut améliorer le futur. Il est crucial de se demander si « l’on veut nourrir tout le monde », mais aussi développer de manière équilibrée tous les territoires car la question agricole ne se pose pas sous le seul angle alimentaire. Assurer l’intégration économique et sociale des paysans du monde constitue également une vocation fondamentale de l’agriculture. Une paysannerie disqualifiée et des territoires déconsidérés sont autant vecteurs d’instabilité politique que la faim.


Le champ géopolitique de l’avenir

Les années 2000 ont remis ces évidences au premier plan. L’agriculture constitue l’un des domaines les plus porteurs d’avenir qui soient. Il faut donc dépasser les frontières techniques et agronomiques et prendre la mesure des fondamentaux géopolitiques en jeu. C’est toute l’ambition de ce Cahier d’études, pluridisciplinaire et engagé, composé de onze articles rédigés par seize chercheurs.

Fixant un panorama global qui positionne les enjeux agricoles, alimentaires et ruraux au cœur des relations internationales du XXIe siècle, l’ouvrage analyse le rôle des acteurs, des entreprises et des hommes dans un contexte marqué par de profondes mutations écologiques, financières et stratégiques. Il étudie les grandes aires géographiques de la planète afin de dévoiler l’arrière-plan géopolitique de l’agriculture. Il démontre que le basculement du commerce mondial, le redéploiement de l’arme alimentaire, les revendications des paysanneries, les innovations technologiques, la conquête de l’eau et de la terre, les agitations sur les marchés céréaliers ou les risques environnementaux constituent autant de variables motrices qui font de l’agriculture et de l’alimentation le champ géopolitique de l’avenir.

En résumé, il tend à prouver que le futur agricole et alimentaire mondial dépend bien davantage des rivalités, des stratégies et des jeux de puissance que de la simple capacité de la planète à nourrir les hommes. De quoi interpeller les responsables politiques et professionnels, les médias et, plus largement, tous les lecteurs soucieux d’élargir leurs réflexions au-delà des limites actuelles.


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Agriculture et alimentation - Des champs géopolitiques de confrontation au XXIe siècle - Cahier n°12 - Demeter
156 pages, 11 euros
Direction du Cahier : Sébastien Abis et Pierre Blanc

Cette publication est éditée par le Club Déméter, où elle en vente sur commande :
5, rue Saint Germain-l’Auxerrois - 75001 Paris
Tél. : 01 40 26 76 50
Courriel : demeter@club-demeter.org

Sommaire

Agriculture et géopolitique au XXIe siècle : rivalités, stratégies, pouvoirs. Par Sébastien Abis, analyste politique, et Pierre Blanc, enseignant-chercheur.

Rivalités et convoitises dans le commerce international agricole : une approche géo-économique. Par Thierry Pouch, économiste, chef du service Études économiques de l’Assemblée permanente des Chambres d’Agriculture (APCA).

États-Unis, Union européenne et pays de la mer Noire : géopolitique et greniers du monde. Par Jean-Paul Charvet, professeur émérite à l’université de Paris Ouest – Nanterre – La Défense ; Trans-Formation Consultants.

La financiarisation des marchés des matières premières agricoles. Par Bernard Valluis, Président délégué de l’Association nationale de la meunerie française (A.N.M.F.).

Les fermes du monde : un kaléidoscope. Par Bertrand Hervieu et François Purseigle, sociologues, chercheurs associés au Centre de recherches politiques de Sciences Po Paris.

Les terres agricoles et les forêts dans la mondialisation : de la tentation de l’accaparement à la diversification des modèles ? Par Alain Karsenty, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), et Symphorien Ongolo, doctorant à l’École polytechnique fédérale (ETH) de Zurich.

Géopolitique de la recherche et de l’innovation : les méthodes alternatives de production agricole en grandes cultures. Par Michel Griffon, conseiller scientifique auprès du directeur général de l’Agence Nationale de la Recherche.

Les gaspillages et les pertes de « la fourche à la fourchette » : production, distribution, consommation. Par Annie Soyeux et Céline Laisney (Centre d’études et de prospective – Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l’Aménagement du Territoire) et Barbara Redlingshöfer, Mission d’anticipation Recherche, Société et Développement durable, Institut national de la recherche agronomique (INRA).

Les ressorts de la puissance alimentaire de l’Amérique latine. Par Martine Guibert, géographe, professeur à l’Université de Toulouse.

L’émergence du triangle Chine – Inde – Afrique. Par Jean-Joseph Boillot, conseiller « Pays émergents » au Club du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII).

L’Afrique : quelles stratégies de sécurité alimentaire ? Enjeux et prospective. Par Michel Benoit-Cattin et Nicolas Bricas, chercheurs Cirad / Umr Moisa, Montpellier.

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