Retrouvez AfricaPresse.paris sur :
RSS

Outils

CMAAP 2 - SE M. André Magnus EKOUMOU, Ambassadeur à Paris : « Le secteur agricole est un pilier de la Stratégie nationale de Développement du Cameroun »

9 avril 2022
CMAAP 2 - SE M. André Magnus EKOUMOU, Ambassadeur à Paris : « Le secteur agricole est un pilier de la Stratégie nationale de Développement du Cameroun »
Invité d’honneur à la IIe Conférence mensuelle des Ambassadeurs africains de Paris, organisée par AfricaPresse.Paris sur le thème « Agriculture et agro-industrie : comment mieux coopérer avec l’Afrique ? », SE M. André Magnus EKOUMOU, Ambassadeur du Cameroun, a présenté une synthèse sur l’état du secteur agricole de son pays. En voici la version écrite.

.

CMAAP II - « Agriculture et agro-industrie : comment mieux coopérer avec l’Afrique ? »
Contribution de SE M. André Magnus EKOUMOU,
Ambassadeur du CAMEROUN

[Les intertitres sont de la Rédaction]

Le Président de la République du Cameroun a déclaré à diverses occasions : « La terre ne trahit jamais... n’ayez donc pas peur de franchir le pas... l’agriculture est notre richesse authentique… la véritable richesse de notre pays... Soyez des agriculteurs dont le Cameroun a besoin… Est-il vraiment nécessaire de rappeler ce que sont nos potentialités dans le domaine agro-pastoral ? Vastes espaces terrestres ou maritimes exploitables, climats généralement favorables, fertilité des sols, variétés végétales nombreuses, main d’œuvre industrieuse et laborieuse, etc ».

Par ces déclarations, le Président de la République situait et réitérait la place du secteur agricole au cœur du développement national. L’agriculture représente en effet une composante majeure dans la transformation structurelle de l’économie de notre pays  ; cependant les performances ne parviennent pas à satisfaire les besoins du pays en produits vivriers, ni à en impacter l’économie du Cameroun.

.

Le secteur agricole au Cameroun :
62 % de la population active,
1/3 du PIB hors pétrole

.

La problématique nationale du secteur agricole en tant que levier de croissance se pose d’autant plus que son intérêt est à la fois politique et socio-économique. Le secteur agricole occupe 62 % de la population active, et représente 1/3 du Produit Intérieur Brut (PIB) hors pétrole. Il est le premier employeur et premier pourvoyeur de devises, avec 55 % du total des exportations. Le pays dispose de 7,8 millions d’hectares de terres arables,, dont seulement 1,8 % sont exploités.

Depuis l’année 2020, le Cameroun met en œuvre sa Stratégie de développement du secteur rural, couplée à son Plan national d’investissement agricole pour la période 2020-2030. Dans l’optique de l’émergence 2035, le pays s’est approprié la première phase de la politique de l’émergence, soutenue par le Document de Stratégie de la Croissance et de l’Emploi (DSCE), la Stratégie de développement du secteur rural, le Plan national d’investissement agricole. Cette phase étant arrivée à son terme, il y avait lieu de préparer la deuxième phase, soutenue par la Stratégie nationale de développement (SND) 2020-2030.

Le développement de l’agriculture camerounaise s’aligne donc sur la Stratégie Nationale de Développement et sur les engagements internationaux du Cameroun en la matière.
À cet égard, quatre leviers sont activés pour le développement du secteur agricole :

1 - le développement des filières ;

2 - le développement des infrastructures à travers le désenclavement des bassins de production,

3 – l’amélioration du cadre des affaires en agriculture pour attirer le secteur privé,

4 – la sécurité alimentaire à travers l’organisation des petits producteurs en organisations paysannes, tout en facilitant l’accès à la terre en faveur des jeunes et les femmes.

Jusque-là, le Cameroun n’a pas eu de ressources en quantités suffisantes pour lever certaines contraintes, notamment : (1) donner des capacités aux acteurs du domain ; (2) les outiller à la gestion des exploitations, étant donné que le pays dispose d’une grande composante en termes de capital humain ; (3) améliorer l’environnement de la production pour que tous les acteurs encouragent les jeunes à rester au village, afin qu’ils bénéficient des moyens nécessaire à leur épanouissement. L’agriculture constitue à cet égard, un vivier d’emplois et une activité économique de premier plan. Elle joue par ailleurs un grand rôle dans la stabilisation sociale du pays.

Cependant, l’agriculture camerounaise a du mal à valoriser son potentiel agro-écologique diversifié, à profiter de l’augmentation de la consommation nationale et sous-régionale en produits vivriers, et à sortir les zones rurales de la pauvreté. Nous saluons à juste titre le soutien de l’Agence Française de Développement (AFD), qui finance le renforcement des capacités de nos administrations dédiées au secteur du développement de l’agriculture.

LES PANÉLISTES EXPERTS participant à la conférence, de gauche à droite sur la photo : - Karim AIT TALB, Directeur général délégué du Groupe Advens-Geocoton, présent dans 15 pays d’Afrique de l’Ouest et Centrale - Pierre ARNAUD, administrateur du CIAN, ex DG de Proparco et vice-Président de la Compagnie Fruitière - Mme Antoinette BOUANGA, 1re Conseillère de l’Ambassade du Gabon - S. E. André-Magnus EKOUMOU, Ambassadeur du Cameroun - François TOULIS, Délégué de l’APCA (Assemblée permanente des Chambres d’Agriculture) à la CPCCAF (Conférence permanente des Chambres consulaires africaines et francophones), spécialiste de la coopération agricole avec l’Afrique - Philippe TILLOUS-BORDE, Président de NumAlim. - Florian HUGONNET, Directeur adjoint France du Groupe BEI (Banque européenne d’investissement) - © Africapresse.Paris

.

Potentialités, filières prioritaires
et zones agro-pastorales

.

Le Cameroun est subdivisé en cinq zones agro-écologiques qui ont des caractéristiques biophysiques et climatiques distinctes, et qui déterminent le type d’activités développées par le secteur agricole.

1/ La zone soudano-sahélienne qui couvre les régions administratives du nord et de l’extrême nord ; le climat est caractérisé par une pluviométrie de type monomode. Aussi les systèmes de production sont basés sur le coton en rotation des céréales (mil, sorgho, maïs) et des légumineuses (niébé, arachides). On y pratique également la culture du riz fluvial et irrigué.

2/ La zone des hautes savanes couvre essentiellement la région de l’Adamaoua ainsi que la partie septentrionale des départements du Mbam et du Lom et Djerem. On y retrouve les systèmes agricoles associant les tubercules telles que le manioc, l’igname, les patates et les céréales à l’instar du maïs et du sorgho..

3/ La zone des Hauts plateaux de l’Ouest, qui couvre les régions de l’Ouest et du Nord-Ouest,, où on retrouve une agriculture vivrière basée sur les tubercules, du bananier plantain, aux légumineuses,à la production des fruits et légumes,, aux plantations de café arabica et robusta.

4/ La zone forestière à pluviométrie monomodale qui couvre la région du Littoral etdu Sud-Poest, ainsi que la bordure côtière de la région du Sud ; on y trouve une agriculture industrielle en d’exportation (palmier à huile, hévéa, bananes), et une agriculture familiale basée sur le manioc et la banane plantain, associée au café.

5/ La zone de forêts humides à pluviométrie bimodale qui couvre les régions du Centre, de l’Est, et du Sud avec une pluviométrie repartie sur deux saisons humides bien distinctes, permettant deux cycles de culture ; on y retrouve l’agriculture familiale vivrière et de rente et la foresterie, basée sur du cacao, du café robusta et le palmier à huile.

Le secteur agricole au Cameroun est un pilier de la Stratégie nationale de Développement. Aussi, les fonctions assignées à ce secteur pour la période 2020-2030 sont les suivantes :
- satisfaire les besoins des populations afin de limiter l’importation des denrées alimentaires ;
- fournir aux industries locales des matières premières nécessaires à leur développement ;
- procurer aux producteurs et à l’État des devises nécessaires pour acquérir des biens d’équipement et de consommation qu’ils ne peuvent produire ;
- accroître le revenu des exploitants et ainsi, améliorer leurs conditions.

C’est ainsi qu’une quinzaine de produits prioritaires ont été identifiés sur cette période 2020-2030. Certains soutiennent le développement de l’agro-industrie, source de devises, à l’instar du riz, cacao, maïs, café, coton huile de palme, hévéa, banane, etc., tandis que d’autres soutiennent la production vivrière : sorgho, pommes de terre, soja, banane-plantain, etc., qui concourent à la satisfaction de la demande des ménages en produits alimentaires sur les marchés nationaux et sous régionaux

En dehors de ces programmes et des filières prioritaires, le processus d’identification et d’aménagement de zones agro-pastorales a été mis en route ; aussi un régime de Zones Franches Industrielles a-t-il été créé pour faciliter l’installation des agro-industries exportatrices, de même qu’il a été adopté des mesures fiscalo-douanières, en vue de garantir la disponibilité des intrants et équipements agricoles.

.

Révolution agricole, champions nationaux
et souveraineté alimentaire

.

Pour atteindre les objectifs de développement agricole, il serait souhaitable que soient résorbées certaines problématiques, et des difficultés de divers ordres, afin de révolutionner le secteur agricole camerounais : les difficultés d’accès à la terre pour les femmes et les jeunes, la faiblesse du taux d’encadrement, l’ampleur de pertes post-récoltes, l’enclavement des bassins de production, ainsi que l’inadéquation des systèmes de marché par rapport aux calendriers agricoles.

À ce titre, la Révolution agricole impulsée par Son Excellence Monsieur le Président de la République, s’est posée comme une impérieuse tendance. Elle passe par le canevas juridico-institutionnel du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural (MINADER), qui est chargé de la mise en œuvre de la politique agricole du Gouvernement. Il assure à ce titre, la tutelle de plusieurs Organismes publics chargés du secteur agricole ; elle passe également par l’appropriation socio-économique de secteurs porteurs, au travers des principales filières citées plus haut. Ces conjonctions d’éléments justifient à suffisance l’érection du secteur agricole au rang de pilier de la Stratégie Nationale de Développement.

C’est dans ce sens que plusieurs réformes entreprises par le Gouvernement ont commencé à porter des fruits. On note çà et là, l’augmentation de la production de certaines cultures de rente, comme le cacao (339 000 tonnes), le riz (331 000 tonnes), le maïs (2 millions de tonnes), le manioc (5 millions de tonnes), l’huile de palme (386 000 tonnes), le coton (250 000 tonnes), la banane plantain (5 millions de tonnes), etc., ceci, malgré la crise économique qui prévaut, ainsi que la situation socio-politique, de même que la survenance de la pandémie du Corona virus, auxquels il faut ajouter des problèmes majeurs de changement climatique, les difficultés d’accès au foncier et l’insuffisance de la mécanisation.

En définitive, le secteur agricole représente l’un des secteurs dont les potentialités sont incontestables. Bénéficiant de la diversité du pays, presque autosuffisant, le Cameroun exporte ses produits agricoles dans la sous-région, ce qui lui vaut d’être appelé, grenier de l’Afrique Centrale.

Vue d’une partie des participants. © APP

.

[Réponse à une Question sur la souveraineté alimentaire à l’aune du Conflit entre la Russie et l’Ukraine]

Au regard du risque de pénurie alimentaire qui fait suite au conflit entre la Russie et l’Ukraine, il y a lieu de relever que c’est en modernisant le secteur agricole que nous pouvons prétendre à la souveraineté alimentaire.

Il ne fallait pas attendre ces deux crises majeures que sont la pandémie du COVID 19 et la guerre en Ukraine, pour pouvoir commencer à résoudre le problème, car la sécurité alimentaire est au coeur de nos préoccupations, en ce qui concerne particulièrement le Cameroun qui importe pour près de 800 milliards de Francs CFA de denrées alimentaires.

Aussi est-il nécessaire de former les populations jeunes aux métiers agricoles, en les accompagnant dans leurs projets. À cet égard, le soutien des Institutions internationales nous est précieux..

Comme projet phares, le Cameroun essaye de faire de son mieux à travers le programme Agropoles, qui se veut être le champ d’expérimentation de l’agriculture de Seconde Génération voulue par le Chef de l’État, Son Excellence Paul Biya. Il s’agit de créer des « Champions Nationaux », à l’instar de l’agropole Cacao de la zone de Kekem, ou encore de l’agropole soja de Mokolo, et aussi des niches d’affaires à l’exemple du Poivre de Penja.

.

◊ ◊ ◊

CLIQUEZ ICI
pour retrouver le dossier de nos CONFÉRENCES MENSUELLES DES AMBASSADEURS AFRICAINS DE PARIS (CMAAP), avec les REPLAYS,
articles et autres documents.

◊ ◊ ◊

Articles récents recommandés