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CMAAP 2 - La dynamique du PAT agricole du GABON : un fort volontarisme gouvernemental pour accroître la production

10 avril 2022
CMAAP 2 - La dynamique du PAT agricole du GABON : un fort volontarisme gouvernemental pour accroître la production
SE Madame Liliane MASSALA, Ambassadrice du Gabon, n’ayant pu se libérer pour participer à notre IIe Conférence des Ambassadeurs africains de Paris, organisée par AfricaPresse.Paris le 23 mars, c’est Madame Antoinette BOUANGA, Premier Conseiller, qui a présenté les activités et les chiffres-clés du secteur agricole du Gabon, et la place du secteur dans le Plan d’Accélération de la Transformation (PAT). Voici le texte intégral de son intervention.

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CMAAP II - « Agriculture et agro-industrie : comment mieux coopérer avec l’Afrique ? »
Contribution de Mme Antoinette BOUANGA,
1er Conseiller de l’Ambassade du GABON

[Les intertitres sont de la Rédaction]

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Les secteurs et chiffres-clés

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Incontestablement, la nature a doté le Gabon d’atouts uniques :
 850 km de côtes
 6 000 000 ha de terres arables
 4 000 mm de pluviométrie maximale annuelle,
 Un climat équatorial favorable à l’agriculture
 Des ressources naturelles et halieutiques extrêmement nombreuses et variées.

Autant de réalités qui peuvent permettre un développement du secteur agricole, à la mesure d’un tel potentiel.
Pourtant, l’Agriculture contribue pour l’heure, de façon marginale au développement économique.

La dépendance du pays vis-à-vis de l’extérieur en denrées alimentaires de tous ordres reste préoccupante, malgré les efforts des Pouvoirs Publics pour inverser cette tendance, au travers notamment du PSGE (Plan Stratégique Gabon Émergent), du Gabon Vert – l’une de ses composantes –, ou du PAT, dont nous parlerons plus loin et qui commence à porter des fruits.

Quatre types de cultures caractérisent l’activité agricole au Gabon :
 Les cultures maraichères
 Les cultures vivrières
 Les cultures fruitières
 Les cultures de rente

Les trois premières sont destinées au marché local.
Leurs niveaux de production connaissent un accroissement significatif grâce aux effets conjugués des programmes de coopération – je salue ici l’action de l’AFD et des initiatives des Pouvoirs Publics.

Malgré cet accroissement, la nécessité d’importer massivement de l’extérieur reste constante, soit environ 547 millions d’euros par an.
Les productions vivrière et fruitière, sont, elles aussi, comme la première citée, autoconsommées, eu égard à la faible mécanisation et à l’utilisation marginale d’intrants performants.

S’agissant des cultures de rente, il est reconnu un accroissement important des investissements en rapport, à la faveur de l’arrivée d’investissements étrangers.

Qu’il s’agisse du cacao, du café et de l’hévéa, le Gabon est résolument engagé dans une politique de relance de leurs filières, fondamentalement exportatrices.

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Un secteur sous-développé, avec
une balance commerciale déficitaire

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À cet égard, il est juste de dire que, malgré ses atouts importants, le secteur agricole reste insuffisamment développé, nonobstant un plateau continental de 40 000 km2 constitué de terres pourtant fertiles.
Celui de la pêche l’est tout autant, malgré une façade maritime de 800 km, et des ressources halieutiques nombreuses. Il souffre d’un manque de financements et d’infrastructures de qualité.
L’élevage est lui aussi peu professionnalisé, faisant de la viande le premier poste à l’importation des produits agricoles et agroalimentaires.

Reconnaissons d’emblée que la balance commerciale gabonaise des produits agricoles et agroalimentaires est structurellement déficitaire.
Les exportations du pays, constituées majoritairement, voire essentiellement de produits de la pêche, sont faibles en ratio, tandis que les importations de produits agricoles et agroalimentaires sont en progression constante et représentent même près de 24 % des importations totales du pays en 2021.

La France est un fournisseur majeur du Gabon car elle fournit le quart environ des importations de produits agricoles et agroalimentaires du pays, tout comme le Cameroun en fruits et légumes, et l’Afrique du Sud en viande.

Il convient à ce stade, de relever pour s’en féliciter, qu’un certain nombre d’entreprises agro-industrielles de renom, ont engagé un processus ambitieux de développement au Gabon.

Qu’il s’agisse de CASTEL (plusieurs sites de production), SUCAF (30 000 tonnes de sucre), SOMDIAA, SMAG, ERAMET (120 tonnes de poissons d’élevage par an), OLAM, pour ne citer qu’elles, ou même CASINO et autres GABONAISE DE CHIMIE, SIGALI ou SIAT, toutes se sont lancées dans des programmes d’investissements ambitieux et parfois à haute valeur stratégique, économiquement et socialement.

LES PANÉLISTES EXPERTS participant à la conférence, de gauche à droite sur la photo : - Karim AIT TALB, Directeur général délégué du Groupe Advens-Geocoton, présent dans 15 pays d’Afrique de l’Ouest et Centrale - Pierre ARNAUD, administrateur du CIAN, ex DG de Proparco et vice-Président de la Compagnie Fruitière - Mme Antoinette BOUANGA, 1re Conseillère de l’Ambassade du Gabon - S. E. André-Magnus EKOUMOU, Ambassadeur du Cameroun - François TOULIS, Délégué de l’APCA (Assemblée permanente des Chambres d’Agriculture) à la CPCCAF (Conférence permanente des Chambres consulaires africaines et francophones), spécialiste de la coopération agricole avec l’Afrique - Philippe TILLOUS-BORDE, Président de NumAlim. - Florian HUGONNET, Directeur adjoint France du Groupe BEI (Banque européenne d’investissement) - © Africapresse.Paris

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Projet GRAINE, Plan PNIASAN et PRODIAG :
les éléments d’une stratégie globale

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Il s’agit là des deux principaux volets de la politique agricole, auxquels il convient d’adjoindre le « Gabon Bleu » (pêche), et principalement le « Gabon Vert ».

> S’agissant du Projet Graine (Gabonaise des Réalisations Agricoles et des initiatives de nationaux engagés), il est mené par l’Entreprise SOTRADER, issue d’un partenariat État du Gabon et OLAM, et vise à la création et au soutien de coopératives agricoles industrielles.

> Le Plan National d’Investissement Agricole et de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (PNIASAN), veut quant à lui répondre aux enjeux liés au développement de la production agricole, en étant le cadre idoine de collaboration avec les divers partenaires au développement pour le secteur agricole.
Il a entre autres pour missions, de fixer les axes prioritaires pour l’atteinte des objectifs et actions spécifiques, à l’instar de l’accès aux terres, et aux financements, le développement des secteurs d’activités (pêche, aquaculture), la transformation, le stockage et la commercialisation. Pour un coût global 400 milliards de FCFA.

> Le PRODIAG, dont le budget de 20 000.000 € est financé à 20 % par l’Etat gabonais et 80 % par l’AFD sous forme de prêt. Il couvre les secteurs ci-après :
 Maraîchages
 Vivrier (banane plantain, manioc)
 Élevage
 Transformation de produits agricoles
La 1re phase a concerné 1 000 exploitations installées, pour une production annuelle évaluée à 7 000 tonnes et un CA annuel de 3 milliards de FCFA.

> Deux axes majeurs d’action pour la pêche :
 Le renforcement du cadre juridique et institutionnel
 La construction d’un port de pêche aménagé, susceptible d’accueillir des navires de pêche et leurs prises.

Vue d’une partie des participants. © APP

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La dynamique du PAT agricole : un fort volontarisme
gouvernemental pour accroître la production

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Trois choses à retenir :

 Les différentes coopérations financées par des bailleurs de fonds, ont stimulé le développement de certains pans d’activité agricole.

 Les investisseurs asiatiques, bien que priorisant les secteurs spéculatifs, ont dynamisé le secteur agricole.

 Les opportunités offertes pour l’Europe et la France sont adossées à un tissu d’entreprises françaises de première importance.
C’est dans cette dynamique, que s’inscrit le PAT Agricole.

Instrument d’opérationnalisation du volet agricole du PAT (Plan d’Accélération et de Transformation) par excellence, le Plan National d’Investissements Agricoles de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle de 2de génération (PNIASAN2), a vu le jour il y a quelques mois.

Il complète le cadre et les actions prioritaires de la politique nationale de transformation de l’agriculture, de la sécurité alimentaire, de la création des richesses, de la croissance économique, et de la prospérité.

Il représente la volonté de créer une synergie d’actions, qui rende plus efficaces et plus efficients, les efforts du Gouvernement dans le domaine Agricole :

 Les besoins d’investissement sont ciblés
 Les instruments de politique publique permettant de stimuler le développement de l’agriculture sont identifiés, y compris en matière de production végétale, animale, sylvicole et halieutiques

En substance, il s’agit de renforcer le leadership du Gouvernement et, en même temps, l’encourager à créer un environnement plus favorable et incitatif, susceptible de favoriser l’investissement privé, créateur de richesses.
Il convient de relever, pour s’en réjouir, que plusieurs projets ont été réalisés au Gabon, dans l’objectif d’accroître la production, et réduire la dépendance vis-à-vis de l’extérieur.
La loi sur la politique semencière végétale au Gabon, adoptée en mai 2021, participe de cette ambition ; il en est de même de la création de cinq zones agricoles :
 Kango
 Andem
 Bifoun Abanga
 Mboukou
 Idembe,

Elles représentent 75 000 hectares disponibles, aux côtés de Souba et Bitam, en cours de création.
En ce qui concerne la pêche, plusieurs études sont menées, en vue de réfléchir à la relance de l’usine de conditionnement du thon, à Libreville, ainsi que celle de remise en état du bâtiment abritant la Société Industrielle et Frigorifique du Gabon.
Sa réactivation opérationnelle est prévue au cours de cette année 2022, et permettra la transformation locale de 25 000 tonnes de thon.

Autant d’actions d’envergure, permettant au secteur agricole de passer de 6 % du PIB, puis à 8 % puis même 10 %, d’ici à quelques années.

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