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CMAAP 4-JICA-TICAD - Consensus diplomatique à la IVe Conférence mensuelle des Ambassadeurs Africains de Paris : « L’apport du Japon à l’Afrique peut se révéler précieux »

3 juillet 2022
CMAAP 4-JICA-TICAD - Consensus diplomatique à la IVe Conférence mensuelle des Ambassadeurs Africains de Paris : « L'apport du Japon à l'Afrique peut se révéler précieux »
À l’approche de la TICAD 8 (Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique), de fin août à Tunis, la coopération japonaise avec l’Afrique était le thème de la IVe Conférence mensuelle des Ambassadeurs Africains de Paris. Un consensus fort a émergé des échanges : les Japonais sont les bienvenus en Afrique !

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Par Bruno FANUCCHI pour AfricaPresse.Paris (APP) @africa_presse
Photos © Frédéric REGLAIN

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En sa qualité de Secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences d’Outre-mer, qui fête en ce mois de juillet 2022 ses 100 ans, Pierre GÉNY (à gauche, sur la photo) accueille les participants de cette CMAAP IV, Conférence des Ambassadeurs africains de Paris par quelques mots de bienvenue. Il souligne notamment que ce cycle de conférences mensuelles, initié par Alfred MIGNOT, Directeur AfricaPresse.Paris et Président du CAPP (Club Afrique de la Presse parisienne) pour contribuer à « valoriser et dynamiser la diplomatie économique entre l’Afrique et la France », s’est rapidement imposé comme un « rendez-vous formel très important et incontournable » de la place de Paris. Les nombreuses personnalités africaines qui s’y retrouvent aujourd’hui comme panélistes, ou s’y pressent pour les écouter en présentiel le prouvent, s’il en était encore besoin.

Ferdinand BLEKA, Président international d’AFRIJAPAN, ouvre la conférence en rappelant à tous quelques vérités historiques. « Le Japon et la France sont partenaires depuis le début de la TICAD (Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique) qui fête cette année ses 29 ans d’existence »… En 1992, c’est en effet le Premier ministre français de l’époque qui a donné de bonnes adresses au Japon et lui a ouvert les portes », observe-t-il, en invitant tous les participants comme tous les internautes qui suivent à distance les débats à participer à la 8e TICAD qui se déroulera du 25 au 27 août prochain en Tunisie.

Son Excellence Junichi IHARA, ambassadeur du Japon en France, se plaît à souligner que « la dernière TICAD, qui s’était déroulée en 2019 à Yokohama, avait réuni 53 pays africains, dont 42 chefs d’État ou de gouvernement. Il se félicite par ailleurs que son pays ait pu fournir grâce au système Covax plus de 3,2 millions de doses de vaccins à travers toute l’Afrique pour faire face à la pandémie de Covid 19.

Il s’inquiète, en revanche, très sérieusement des conséquences dramatiques que la guerre lancée depuis quatre mois par Vladimir Poutine contre l’Ukraine fait courir à tout le Continent. « L’Afrique est particulièrement menacée par une flambée des prix des céréales comme de beaucoup d’autres denrées alimentaires ».
Avant de conclure, à l’adresse des principaux partenaires économiques du Japon, comme dit le proverbe africain : « Pour aller plus loin, marchons ensemble ».

Kyosuko INADA, Directeur Europe et Afrique de la JICA (Agence Japonaise de Coopération Internationale) a évoqué l’ampleur de l’engagement de son pays en faveur du Continent : « En Afrique, notre travail couvre les soins de santé, l’éducation, le développement industriel, l’agriculture, les infrastructures, la conservation de l’environnement et la consolidation de la paix », illustrant son propos par quelques chiffres.

Depuis la TICAD7, tenue en 2019 sur le thème « Faire progresser le développement de l’Afrique en recourant aux peuples, à la technologie et à l’innovation », la JICA a permis de former 23 000 personnes au métier de soins de santé, 46 000 autres aux métiers de la justice, plus de 260 000 à divers métiers industriels correspondant aux attentes du marché de l’emploi, dispensé une éducation de qualité à 6 millions d’enfants et engagé autour de 510 millions € (72,1 milliards JPY) de coopération financière pour des infrastructures de qualité, dans le but de renforcer la connectivité sur le Continent.

Kyosuko INADA a conclu son intervention en invitant l’assemblée à participer à un colloque sur un thème proche de celui de la CMAAP 4 : « Vers la TICAD8 : réévaluer la coopération au développement avec l’Afrique à la lumière des crises mondiales », qui se tiendra le 6 juillet de 17 h à 20 h à la Maison de la culture du Japon, 101 quai Branly, à Paris XVe. Inscription par courriel à : jicaevent.france@kreab.com.

Son Excellence Mohamed BENCHÂABOUN, ambassadeur de Sa Majesté le Roi du Maroc, souligne que le Royaume chérifien entend être « le catalyseur de l’émergence de l’Afrique » car « l’Afrique est toujours au cœur des choix stratégiques de mon pays ».
Cette Conférence, estime-t-il, est donc « le cadre idoine pour dresser le bilan et les perspectives de la coopération japonaise » avec le Continent, malgré une « conjoncture tendue » en raison des crises économiques, sanitaires et sécuritaires qu’il connaît.
« L’Afrique est aujourd’hui est continent convoité », note-t-il encore, et « c’est en Afrique que se joue largement l’avenir du monde » puisque le Continent « abritera un quart de la population mondiale en 2050 ». C’est pourquoi, enchaîne-t-il, « le Japon est devenu un partenaire important de l’Afrique depuis la VIe édition de la TICAD, en 2016 ».

Son Excellence Henok TEFERRA, ambassadeur d’Éthiopie en France, lui succède et observe d’emblée que « le contexte international plaide en faveur du renforcement de la coopération entre l’Afrique et le Japon » et d’un renforcement qui soit mutuellement profitable.

« Le contexte de la guerre qui prévaut en Europe a mis en lumière un des scandales majeurs de notre Continent : nous ne sommes pas autosuffisants sur le plan alimentaire » car « il n’est pas normal que le continent africain, qui dispose aujourd’hui de près de la moitié des terres arables dans le monde et une population jeune de plus d’un milliard d’habitants, soit le seul continent où nous ne soyons pas en mesure de nous nourrir nous-mêmes ! ».

« Il est donc urgent, ajoute-t-il aussitôt, de changer cette situation et cela donne une opportunité à nos amis japonais qui participent à la transformation du monde agricole africain » car « cela nécessite des investissements en termes de ressources humaines et en termes d’infrastructures » pour lesquelles « l’apport » du Japon peut se révéler « précieux ».

« Les infrastructures globalement, qu’elles soient routières, ferroviaires, portuaires ou digitales, insiste-t-il, doivent être notre focus absolu si nous voulons créer une économie à valeur ajoutée. C’est pour cela que nous faisons appel à nos amis japonais, qui ont la maîtrise technologique que l’on connaît, pour passer du stade de fournisseur d’équipements à celui d’investisseur sur le Continent pour la transformation de notre économie et des économies africaines ». « Avec la ZLECAf, l’Afrique est en train de se constituer en un seul marché et cette avancée – même si elle n’est pas aisée - est irrésistible » pour arriver demain à « une Afrique en paix, intégrée et prospère ». Et l’ambassadeur d’Éthiopie de se féliciter de ce qui a déjà été réalisé avec l’Empire du Soleil levant : de 2016 à 2019, il y a eu 20 milliards de dollars d’investissements japonais sur le Continent. « C’est la voie qu’il faut suivre ».

Mme Yacine FAL, Vice-Présidente de la Banque africaine de Développement, remercie quant à elle le Japon « qui est un partenaire essentiel aux activités de la BAD, un actionnaire avec lequel nous avons une relation historique et dont nous bénéficions du soutien constant et indéfectible ». Il contribue notamment au « développement du secteur privé africain, qui est une priorité absolue, au travers des fonds fiduciaires dédiés » comme le fonds d’initiative d’aide renforcée au secteur privé en Afrique qui représente un montant cumulé de 4,6 milliards de dollars. « Cela nous a permis de financer 94 projets en mars 2021 pour apporter une assistance technique au développement de ce secteur ».

Elle insiste par ailleurs longuement sur l’urgence d’« assurer la sécurité alimentaire du Continent, qui nous préoccupe aujourd’hui et les besoins de transformation structurelle de nos capacités de production agricole et alimentaire par la création notamment de chaînes de valeurs » indispensables au développement du Continent. Elle fait remarquer au passage que le terme d’« aide » est aujourd’hui complètement obsolète et qu’il convient désormais de parler de « financement du développement », concept complètement différent. D’où la nécessité de « s’inspirer davantage de cette expérience avec la coopération japonaise ».

Après le rendez-vous incontournable de la TICAD, en août à Tunis, elle invite les investisseurs à se rendre nombreux également au Forum africain des Investissements, qui se déroulera début décembre à Abidjan, pour contribuer là encore au développement du Continent qui doit faire face à trois défis majeurs : la sécurité, la sécurité alimentaire et l’industrialisation.

François-Xavier BELLOCQ, directeur adjoint Afrique de l’AFD, évoque à son tour le « partenariat » existant de longue date entre l’AFD et la JICA, traditionnellement plutôt centré sur l’Asie. « Mais cette collaboration, ajoute-t-il, existe aussi en Afrique où elle tend à se développer (…) pour envisager les enjeux du Continent et la façon d’y répondre ».

« Nous avons à ce titre, explique-t-il, un plan de coopération franco-japonais sur les sujets du développement durable, de la santé et de la sécurité alimentaire qui se décline, en ce qui concerne le continent africain, en un mémorandum de coopération qui a été signé en 2016 et qui organise notre coopération technique et financière. Avec aujourd’hui des réalisations importantes sur certains pays comme au Cameroun pour les infrastructures, ou au Kenya dans le domaine de la géothermie, et également des coopérations très fructueuses en Côte d’Ivoire dans le domaine de la ville durable ».
Car, conclut-il, « dans le contexte actuel, il est absolument nécessaire de maintenir un haut niveau de coopération entre les différents bailleurs de fonds et les partenaires africains ».

Christophe EKEN, tout nouveau Président de la Conférence permanente des Chambres consulaires africaines et francophones, rappelle que la CPCCAF fut créée en 1973 à l’initiative des présidents Georges Pompidou, Félix Houphouët-Boigny de Côte d’Ivoire et Léopold Sedar Senghor du Sénégal pour répondre au besoin naissant d’organiser une francophonie économique. Elle compte aujourd’hui 52 pays, dont 25 en Afrique, répartis en cinq grandes zones qui totalisent 500 millions de personnes et plus de 3 millions d’entreprises.

« Notre rôle est de mettre en relation les Chambres consulaires pour pouvoir les aider en faisant des formations et notamment la formation des jeunes. Son siège est ici à Paris ainsi que son Délégué général, M. Didier Deschamps ».

Par ailleurs Président de la CCI du Cameroun, il observe que celle-ci fut créée en 1922 et fête donc cent ans cette année. Elle est installée dans toutes les régions du pays et sert de pont entre le service public et le secteur privé. De manière plus générale, Christophe Eken appelle tous les partenaires de ces deux structures à « passer d’une relation d’assistanat à un véritable couplage économique » qui permette de faire évoluer les mentalités et de mieux faire avancer les projets concrets. Ingénieur agronome de formation, il souligne une évidence à rappeler à tous les Africains : « l’agriculture est le point par lequel il nous faut commencer pour arriver à une révolution industrielle ».

Richard BIELLE, PDG du Groupe CFAO, rappelle que, « présent depuis 170 ans en Afrique, le Groupe CFAO a été racheté en 2012 par le Groupe Toyota Tsusho Corportion » et que « les deux groupes ont une complémentarité évidente ». C’est l’exemple même d’« un beau mariage couronné de succès » entre deux cultures entrepreneuriales et aux process complètement différents, mais travaillant désormais parfaitement de concert « avec l’Afrique et pour l’Afrique ».

« Notre stratégie n’est pas seulement d’exporter ou d’importer des biens en Afrique, mais d’investir dans la production locale, et pas seulement dans l’automobile », précise-t-il, même si l’automobile représente encore 60 % des affaires du Groupe et la Santé, la production et la distribution de médicaments environ 30 %.

Richard Bielle relève aussi qu’un nouveau secteur grandit et monte en gamme pour ce puissant Groupe franco-japonais : celui de la grande consommation. « On travaille avec l’Oréal, Heineken, Carrefour et, dans ces trois domaines, on veut, quand c’est possible, produire sur place car cela crée des emplois, protège notre balance commerciale et participe à un développement plus intégré et créateur de valeur puisque l’on a une croissance moyenne de 8 % ». Le dernier mot du PDG de la CFAO est une incitation à participer à la TICAD qui constituera, fin août à Tunis, « un rendez-vous très important et une occasion unique de rencontrer des délégations africaines ».

Mme Christine JOUAN-BRUNEAU, Présidente de l’Association « Femmes de demain », souligne d’emblée que « les femmes constituent le levier incontournable du développement de l’Afrique » et en quelque sorte « la force de frappe de l’Afrique » où - selon les dernières statistiques – les femmes représentent 27 % du secteur économique.
« C’est oublier cependant, ajoute-t-elle, cette économie informelle qui est puissante et qui fait qu’en réalité toutes les femmes sont entrepreneures sur le Continent... »

Quelques chiffres à l’appui : 61 % des biens produits en Afrique le sont par des femmes et cela monte même jusqu’à 70 % dans le monde agricole. « Et l’on sait qu’en formant mieux les femmes, on peut augmenter de 30 % à 40 % la production dans le domaine agricole. Ce qui est considérable ».

Et Mme Christine Jouan-Bruneau de délivrer une annonce importante : « AFRIJAPAN a décidé d’innover en ayant cette idée, que je trouve magnifique, de créer une CCI pour les femmes afro-japonaises et françaises, de créer ainsi un nouveau relais triangulaire (Afrique, Japon, France) pour les femmes entrepreneures et d’instaurer un système d’échanges et de partenariats... ». C’est la grande nouveauté qui comble visiblement un vide et la Présidente de Femmes de demain fourmille déjà de plein d’idées pour donner chair à cette nouvelle structure au service de l’Afrique.

« L’objectif est de créer des réseaux et des structures partenariales nouvelles et d’être aussi un lieu d’apprentissage pour décoder par exemple un appel d’offre... L’idée existe aussi de créer une banque d’investissement en intégrant tout ce qui est micro-crédits, l’idée d’une assurance qui couvrirait et garantirait les emprunts et l’ensemble du développement d’une entreprise et de créer enfin une bourse de valeurs immobilières et financières... pour accompagner stratégiquement un nouveau mode d’existence et de fonctionnement d’aide à la création d’emplois et à la création d’entreprises ».

Avant de conclure : il faut « que l’Afrique soit non seulement le continent de demain, mais puisse devenir un leader dont nous aurons tous beaucoup besoin ». L’objectif est donc clairement fixé.

Dans son bref propos de clôture la conférence, le Président international d’AFRIJAPAN , Ferdinand BLEKA a révélé succinctement le projet d’une ambitieuse et innovante « Résolution de Paris 2022 » en neuf propositions visant à approfondir la coopération japonaise sur le continent africain, et dont nous publions le texte intégral ICI.

De gauche à droite, sur la photo : François-Xavier BELLOCQ, Directeur-adjoint du département Afrique de l’AFD ; SE M. Junichi IHARA, ambassadeur du Japon à Paris ; Mme Christine JOUAN-BRUNEAU, Présidente de Femmes de Demain ; Mme Madina DIALLO YEO, Consultante ; Ferdinand BLEKA, Président international Afrijapan ; Mme Mouna BENNANI, Présidente de l’association « ASLI des femmes, une tradition ».

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DU 28 JUIN, DÉDIÉE À LA TICAD

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