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#CAPP MAROC-AFRIQUE / « Prendre plus de risques, accroître l’intégration, coopérer avec la Chine »… des pistes pour accélérer l’émergence de l’Afrique

11 juin 2019
#CAPP MAROC-AFRIQUE / « Prendre plus de risques, accroître l'intégration, coopérer avec la Chine »… des pistes pour accélérer l'émergence de l'Afrique
Comment faire pour “accélérer” l’émergence du Maroc, et plus généralement de l’Afrique, tel était le thème de la seconde partie de la matinale organisée mardi 11 juin à l’Hôtel de l’Industrie par le CAPP*, Club Afrique de la Presse Parisienne, sur le thème : « Le Maroc, une ambition d’émergence avec l’Afrique ». Sans bien sûr prétendre à l’exhaustivité, les panélistes – tous riches d’une expérience de cadre dirigeant d’entreprise de haut niveau – ont livré chacun livré une contribution d’inspiration pragmatique.

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Un article de Bruno Fanucchi, pour AfricaPresse.Paris (AP.P)
@PresseAfrica

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Étienne Giros, [publication prochaine de son interview] Président délégué du CIAN (Conseil français des Investisseurs en Afrique), propose « trois pistes pour inciter les entreprises françaises à investir davantage et à prendre plus de risques en Afrique ».
« L’Afrique est d’abord vue comme un risque potentiel et non comme une opportunité », souligne-t-il, alors qu’«  il y a toujours des solutions techniques à chacun de ces risques, qu’ils soient sécuritaires, sanitaires, impayés, etc ».
« Il faut tout faire, y compris dans le secteur privé, pour accroître l’intégration régionale »
, ajoute-t-il, car « l’intégration régionale est une réponse à cette problématique » du rapport entre le risque pris et la taille des investissements, et donc leur possible rentabilité.
La troisième piste à creuser et à suivre, estime Étienne Giros, c’est de « construire une nouvelle relation avec les bailleurs de fonds, qu’ils proviennent des institutions financières internationales, du secteur privé, voire de la diaspora. »

Directeur Général adjoint du Groupe Attijariwafa bank (AWB), dont le rayonnement en Afrique fait désormais référence sur le Continent, Youssef Rouissi [publication prochaine de son interview] rappelle que le taux de bancarisation dans certaines régions du Continent est parfois inférieur à 20 % ou même 10 %, et préconise pour y remédier de « développer massivement des réseaux d’agences, y compris en milieu rural, pour accueillir davantage de clients et leur permettre d’accéder aux crédits. »

Cet aspect de la politique volontariste du Groupe AWB, qui vise désormais « les personnes à faibles revenus en leur faisant des offres bancaires ultra-simplifiées, rencontre un grand succès, avec plus de 10 000 clients recrutés », commente Youssef Rouissi.
Il recommande également de s’intéresser de beaucoup plus près aux petites entreprises pour leur prodiguer les meilleurs conseils et accueillir les porteurs de projets concrets. Il convient enfin de « développer les infrastructures en se basant sur le triptyque essentiel Transports/Logistique/Énergie ».

Directrice générale adjointe du Groupe Suez – qui compte plus de 8 000 collaborateurs au Maroc – et co-Présidente du Club des Entrepreneurs France-Maroc, Mme Marie-Ange Debon [publication prochaine de son interview] insiste pour sa part sur « la nécessité d’avoir un cadre politique clair pour les affaires », tant il est vrai que les métiers de l’environnement comme l’adduction d’eau ou le traitement des déchets sont souvent « des métiers invisibles ».
« C’est ce cadre qui très souvent manque en Afrique pour donner de la clarté et de la durabilité à nos actions concrètes visant sur le terrain à l’amélioration des conditions de vie des populations », observe-t-elle.

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Une vue de l’historique salle Lumière de l’Hôtel de l’Industrie – où fut projeté le premier film de l’histoire du cinéma –, qui accueillait la conférence de haut niveau « Le Maroc, une ambition d’émergence avec l’Afrique », organisée mardi 11 juin à Paris par le CAPP* et AfricaPresse.Paris. © Frédéric Reglain

Le ministre Mohcine JAZOULI :
« Trouver absolument des schémas de rupture »

PDG du Groupe Intelcia – plateforme d’appels spécialisée dans le service clients, née au Maroc avant de s’implanter tant en Afrique subsaharienne qu’en Europe – , Karim Bernoussi [publication prochaine de son interview]rappelle quant à lui quelques règles élémentaires de management pour que son entreprise désormais multinationale puisse « grandir tout en gardant son âme ».
« Notre ambition est de passer de 13 000 à 30 000 collaborateurs » très rapidement, lâche-t-il d’emblée. Pour cela, « dans tous les pays où nous nous implantons, nous recrutons des gens issus de grandes écoles pour assurer un management local de qualité », assure-t-il, car « nous devons assurer notre rôle de développement local pour être des pourvoyeurs d’emplois ».
C’est pourquoi, préconise-t-il encore, « il nous faut – surtout en Afrique – changer les méthodes de management traditionnel [afin] d’ouvrir l’entreprise, travailler sur l’écoute et faire remonter les infos ».

« Le Maroc doit créer plus d’emplois pour faire face au développement démographique », souligne quant à elle Mme Rima Le Coguic, [publication prochaine de son interview] directrice Afrique de l’Agence française de Développement (AFD), en insistant également sur la question du genre dans un pays où l’on ne compte que 21 % de femmes actives. D’où l’urgence d’une plus grande « autonomisation des femmes », qui reste l’un des principaux combats de l’AFD et l’une des principales priorités africaines de la France.

Ancien dirigeant et créateur d’entreprise avant d’être appelé au gouvernement, Mohcine Jazouli, ministre marocain chargé de la Coopération Africaine, [plus de détails dans le grand entretien qu’il nous a accordé, cliquer ICI] considère que « les attentes du Continent sont énormes » et que, pour y satisfaire, il faudrait que le taux de croissance atteigne de 7 % à 10 % en moyenne dans chacun des 54 pays d’Afrique. Ce qui paraît bien illusoire, du moins à terme prévisible.

« Il nous faut donc trouver absolument des schémas de rupture », observe le ministre, qui en voit déjà un à portée de main : « la ZLECAf, l’accord de libre-échange continental qui va bientôt entrer en vigueur entre les pays africains ». Mais cet accord en soi ne devrait pas suffire à inverser la tendance et à accélérer de manière significative le développement du Continent qui « a grand besoin de financements ».

D’où l’appel solennel lancé par Mohcine Jazouli : « Que les grandes institutions financières internationales soient plus audacieuses et sortent de leur zone de confort ». Ce qui aurait notamment le mérite, explique-t-il, d’« éviter d’accuser la Chine et les Chinois de venir en Afrique avec leurs propres financements et leur propre logique » pour rafler tous les marchés.

Et le ministre de la Coopération africaine d’ajouter : « Au Maroc, on arrive à faire autrement avec la Chine ». C’est ainsi qu’une « nouvelle route de la soie a été ouverte avec la création d’une ville nouvelle qui comptera à terme quelque 300 000 habitants et créera plus de 100 000 emplois ». Avant de conclure : « Ce qui est valable avec la Chine est valable avec l’ensemble de nos partenaires, que ce soit la France ou l’Union européenne, dans une logique de partenariat gagnant-gagnant. »

Khaled Igué, président du cercle de réflexion Club 2030 Afrique, [publication prochaine de son interview] insiste pour sa part sur la nécessité de soutenir l’émergence de champions économiques africains et sur le “partenariat de partage” entre pays et entreprises du Continent, tandis que Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin [publication prochaine de son interview], relevant que si l’émergence est aujourd’hui l’ambition de tout pays africain, dans ce cheminement “l’Afrique a besoin d’un Maroc qui est en avance de phase”.

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