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CAMED / La si longue histoire et le nécessaire bel avenir des réseaux de transport en Méditerranée

Tous pays EUROMED-AFRIQUE | 10 avril 2011 | src.LeJMED.fr
CAMED / La si longue histoire et le nécessaire bel avenir des réseaux de transport en Méditerranée
Paris -

« La gouvernance terrestre en Méditerranée : réseau de transport nord-sud » était le thème de l’une des cinq tables rondes du grand colloque annuel organisé par Mme Ijab Khoury, Présidente du CAMED (Cercle amical pour la Méditerranée), à l’Assemblée nationale française, mercredi 6 avril 2011. L’occasion de quelques rappels historiques et d’ébauches de vision d’avenir, deux aspects qui témoignent de l’importance décisive des réseaux de transport en Méditerranée. Aujourd’hui comme hier, et demain !

Photo ci-dessus : le Pr Bernard Debré, ancien ministre, Député de Paris, échangeant avec l’un des orateurs. À la tribune, de gauche à droite : Mme Ijab Khoury, Présidente du CAMED, organisatrice du colloque ; Mme Christine Cabau-Woehrl, Directrice en charge des lignes Asie-Méditerranée de la CMA CGM ; Bernard Ribiollet, de la Mission interministérielle française de l’Union pour la Méditerranée ; Mickaël Picart, Conseiller du Secrétaire général de la SNCF et en charge des questions méditerranéennes. © LeJMED.fr - avril 2011


À la tribune, de gauche à droite : Mme Ijab Khoury, Présidente du CAMED, organisatrice du colloque ; Frédéric Delpech, modérateur, journaliste à LCI ; Mme Christine Cabau-Woehrl, Directrice en charge des lignes Asie-Méditerranée de la CMA CGM ; l’historien Patrick Verlinden, chef d’entreprise et professeur à l’École Euromed Management de Marseille. © LeJMED.fr - avril 2011

Premier des intervenants de cette table ronde, l’historien Patrick Verlinden, chef d’entreprise et professeur à l’École Euromed Management de Marseille, donna à son propos une tournure très braudelienne, se plaisant à évoquer la si longe histoire des voies de communication en Méditerranée : avant même les grandes voies romaines, la mythologie grecque – sinon l’Histoire – rapporte le souvenir des voies ouvertes par Héraclès ! Ainsi, le premier tracé de la via Aurelia – proche du tracé de l’actuelle autoroute Nice-Lyon ! – aurait été, grosso modo, celui de la voie héracleenne, que l’on date autour de dix mille ans avant notre ère ! Et la rive sud de la Méditerranéenne n’était pas en reste : elle aussi avait une voie qui portait le nom du mythique héros vénéré par la Grèce antique.
C’est dire combien le maillage des transports dans les pays riverains de la Méditerranée s’inscrit dans ce temps long de l’Histoire, cher à Fernand Braudel, et qui est l’une des caractéristiques essentielles du Mare Nostrum.

Une vue de la salle lors du colloque CAMED du 6 avril 2011, à l’Assemblée nationale. © DR-CAMED

Plus près de notre époque, Patrick Verlinden cita aussi en exemple de l’importance des transports l’ouverture de la voie maritime entre Marseille et la Mer noire (avec une première expédition depuis Marseille en 1824, puis la création de la Compagnie de Géorgie, en 1825), redonnant vie à l’ancienne route génoise, et qui, dans les décennies suivantes, allait contribuer fortement à l’essor économique de la cité phocéenne, et cela d’une manière plus déterminante que l’ouverture du Canal de Suez (1869), contrairement à ce que l’on croit communément.

De gauche à droite : Bernard Ribiollet, de la Mission interministérielle française de l’Union pour la Méditerranée ; Mickaël Picart, Conseiller du Secrétaire général de la SNCF, en charge des questions méditerranéennes ; Darwish Kawsar, de la Direction des grands projets internationaux de la SNCF. © LeJMED.fr - avril 2011

Aujourd’hui, dans ce monde que l’on perçoit parfois comme rétréci, les grands projets de nouvelles voies ou nouveaux moyens de transports en Méditerranée ou dans les pays riverains ne manquent pas. Certes, ils se développent aussi sur un temps relativement long – dix à vingt ans –, ce qui rend leur avancement peu perceptible par le grand public, mais, comme le notait poétiquement Mickaël Picart, Conseiller du Secrétaire général de la SNCF et en charge des questions méditerranéennes, « un arbre que l’on abat fait beaucoup plus de bruit qu’une forêt tout entière qui pousse »… et « un chemin de fer est aussi… un chemin ! »

Le Pr Bernard Debré, ancien ministre, Député de Paris,
et Mme le Dr Ijab Khoury, Présidente du CAMED,
organisatrice du colloque. © DR-CAMED

Plus concrètement, « La SNCF participe aujourd’hui au grand projet marocain de LGV, Ligne à grande vitesse, précisait Mickaël Picart. Fin 2015, la LGV marocaine, qui sera la première de tout le continent africain, reliera dans un premier temps Kénitra-Rabat à Tanger en 2 heures, contre 5 h 15 actuellement. Ensuite, la ligne sera étendue vers Casablanca et Marrakech, voire à d’autres villes. Outre ce grand projet, la SNCF est aussi présente, en partenariat, dans de nombreux projets e Méditerranée, compris pour les transports urbains et périurbains.

« La SNCF, déclara encore Mickaël Picart, est très attentive et à l’écoute de l’évolution du processus d’avancement de l’Union pour la Méditerranée, car nos considérons que la consolidation des liens entre les deux rives est une ardente obligation ». Et la SNCF, en l’occurrence, ne se limite pas à ses seuls métiers de transporteur multimodal, puisqu’elle soutient aussi l’essaimage culturel en Méditerranée : l’année dernière, la SNCF a apporté son concours au don de 500 000 livres de la BNF à la Bibliotheca Alexandrina, en offrant le transport gracieux de ouvrages.

Darwish Kawsar, de la Direction des grands projets internationaux de la SNCF, signala pour sa part qu’en 2012 la SNCF participera aussi au lancement d’un projet LGV en Italie. « Cela dit, précisa-t-il, il ne faut pas non plus s’obnubiler sur la LGV. C’est une technologie formidable, mais elle ne représente que 10 % des investissements ferroviaires dans le monde. Il y a donc bien d’autres projets auxquels nous participons – 20 % des 30 Mds € du CA mondial de la SNCF sont réalisés à l’international – y compris en Méditerranée ».

Bernard Ribiollet, de la Mission interministérielle française de l’Union pour la Méditerranée, durant son intervention sur les autoroutes maritimes. © LeJMED.fr - avril 2011

Ambitieux projet, aussi, que celui des autoroutes maritimes, évoqué par Bernard Ribiollet, de la Mission interministérielle française de l’Union pour la Méditerranée – projet qui figure parmi les priorités d’action (1) retenues par la « Déclaration commune du Sommet de Paris pour la Méditerranée » du 13 juillet 2008.

« Notre objectif, déclara Bernard Ribiollet, est triple : instaurer des voies de navigation privilégiées ; préserver l’environnement ; procéder aux nécessaires transferts de savoir-faire », notamment pour la mise à niveau de la sécurité dans les ports de la rive sud.
« C’est un projet qui intéresse la plupart des États riverains de la Méditerranée, et qu’il faudra dix à quinze ans pour mener à terme »
, commenta Bernard Ribiollet qui, dans un échange ultérieur avec le Pr Bernard Debré, ancien Ministre et Député de Paris, admit qu’en effet « les difficultés politiques [de l’UPM] ont ralenti l’avancée des négociations techniques » du projet.

Témoignant enfin de l’expertise de la compagnie maritime marseillaise CMA-CGM, troisième transporteur mondial de conteneurs, avec ses 400 navires, Mme Christine Cabau-Woehrl, Directrice en charge des lignes Asie-Méditerranée, fit écho au propos de l’historien Patrick Verlinden, rappelant que la Méditerranée est le berceau mondial du commerce maritime, ainsi qu’aujourd’hui encore le passage obligé pour deux des trois grands flux mondiaux de transports maritimes, et une région majeure pour l’activité de transbordement.
« L’avenir de la Méditerranée, estima-t-elle, passe aussi par l’intégration de la logique du transport maritime, et par des combinaisons intermodales [fer, route] à optimiser » avec les territoires.

Ces combinaisons intermodales, infrastructures stratégique, demandent certes une vision et une concertation forte entre les différents acteurs – États, collectivités territoriales, industriels du transport… – ainsi que des investissements importants et, sûrement, beaucoup de temps.
Une très bonne raison pour commencer au plus vite ! En souhaitant que cette priorité des transports retenue au Sommet de Paris de 2008 figure aussi parmi les priorités de la refondation annoncée de l’UPM, notamment par Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères.

© Alfred Mignot pour LeJMED.fr

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1- Extrait de l’Annexe relative aux priorités d’action de l’UPM, telle qu’elle figure dans la « Déclaration commune du Sommet de Paris pour la Méditerranée » du 13 juillet 2008 :
« Autoroutes de la mer et autoroutes terrestres - La Méditerranée n’est pas une mer qui sépare, mais une mer qui unit les populations. Elle constitue également une grande voie de communication commerciale. La facilité et la sécurité d’accès et de circulation des marchandises et des personnes, sur terre et sur mer, sont essentielles pour entretenir des relations et renforcer le commerce régional.
« Le développement des autoroutes de la mer, y compris la connexion des ports, dans tout le bassin méditerranéen, ainsi que la construction d’autoroutes côtières et la modernisation de la liaison ferroviaire "trans-Maghreb", permettront d’accroître le flux et la liberté de circulation des personnes et des marchandises. Il convient d’accorder une attention particulière à la coopération dans le domaine de la sûreté et de la sécurité maritimes, dans une perspective d’intégration globale dans la région méditerranéenne. »

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Sites de référence
 CAMED (Cercle Amical pour la Méditerranée)
 SNCF International
 Groupe CMA CGM
 École Euromed Management de Marseille

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