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CAAP 17 /Joly ANDRES, DGA de ENGIE et membre des CCE France : « Pour contribuer à financer l’Afrique, on a créé un réseau d’investisseurs natifs du Continent »

23 mars 2025
CAAP 17 /Joly ANDRES, DGA de ENGIE et membre des CCE France : « Pour contribuer à financer l'Afrique, on a créé un réseau d'investisseurs natifs du Continent »
Mme Joly ANDRES, DGA de ENGIE et membre des CCE France, lors de son intervention à la CAAP 17, le 19 maris 2025 au siège parisien du Conseil supérieur du Notariat. © Hady Photo/APP - CLIQUER SUR L’IMAGE POUR L’AGRANDIR.
Comment financer l’Afrique et y relancer les investissements, tel était le thème de la XVIIe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris. Forte de son expérience de terrain, Mme Joly ANDRES (de retour d’une mission au Gabon) a suggéré de nombreuses pistes et nous a livré des exemples concrets.

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par Bruno Fanucchi pour AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse

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« Un seul doigt ne peut pas laver tout le visage, il faut y mettre toute la main », dit un proverbe africain mis en exergue par Mme Joly ANDRES lors de son intervention devant le XVIIe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris, le 19 mars au Conseil supérieur du Notariat. Car Joly ANDRES parle d’expérience et sait pertinemment que « financer l’Afrique » est une tâche immense que l’on ne peut mener à bien tout seule. Il faut, pour ce faire, savoir fédérer les énergies. Mais son discours se veut toujours positif, c’est en quelque sorte sa marque de fabrique.

De retour d’un voyage d’affaires au Gabon, cette femme d’entreprise au brillant parcours professionnel dans plusieurs grandes multinationales a d’abord commencé par mieux se présenter puisqu’elle a « deux principales caquettes » comme elle le reconnaît elle-même.

Elle rappelle ainsi à juste titre qu’Engie, dont elle est aujourd’hui DGA, est une société « leader de la transition énergétique, présente dans 70 pays avec 100 000 collaborateurs ». Excusez du peu ! Engie travaille et se concentre ainsi sur quatre principaux métiers : l’énergie, bien sûr, les infrastructures, le réseau et tout ce qui est électricité.

Mais Joly ANDRES est également Conseillère du Commerce Extérieur de la France (CCEF), qui regroupe à ce jour quelque 4 500 cadres dirigeants, chefs d’entreprise, hommes et femmes du terrain dont la mission première est de « faire rayonner la France à l’international pour accroître son attractivité ».

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SEM Émile NGOY KASONGO durant son allocution. À sa droite : M. Alfred MIGNOT, producteur et modérateur des CAAP, Directeur-fondateur AfricaPresse.paris ; Mme Joly ANDRES, Directrice adjointe chez Engie, membre de la Commission Afrique des CCE (Conseillers du Commerce extérieur de la France) ; M. Zied LOUKIL, Partenaire associé chez Forvis Mazars et responsable Afrique ; M. Foulo BASSE, Directeur général de la Fondation Brazzaville. À la gauche de Son Excellence : M. Samuel GOLDSTEIN, Meridiam, Directeur du Développement Afrique ; Mme Siby DIABIRA, IFC/Banque Mondiale, Responsable Ouest Europe ; M. Philippe BOZIER, Partenaire Forvis Mazars, Responsable Financement de projets. © Hady Photo/APP - CLIQUER SUR L’IMAGE POUR L’AGRANDIR

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Ce « réseau très puissant » a également pour vocation « le conseil aux pouvoirs publics, la formation des jeunes pour développer leur appétit à l’international, et le conseil aux entreprises pour les accompagner à l’export ».

Auteur de plusieurs ouvrages remarqués comme « Le pouvoir des femmes à influencer le débat public » (L’Harmattan), Joly ANDRES va donc s’évertuer, à la tribune de la CAAP 17, à délivrer son « retour d’expérience », à poser des diagnostics exacts et à inviter tous les opérateurs économiques de l’assistance à prendre les bonnes décisions et à s’engager résolument en Afrique.

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« Trouver des solutions qui
viennent de la société civile »

« L’Afrique fait face à de vrais enjeux, explique-t-elle, avec des infrastructures pour la plupart vieillissantes, une démographie galopante, beaucoup de chômage notamment chez les jeunes, un secteur informel très important, des PME et TPE qui ont du mal à se développer dans les projets d’infrastructures car, en fait, ce sont l’énergie et les infras qui portent le développement économique ».

Photo souvenir : Mme Joly ANDRES, DGA de ENGIE, en compagnie de Mme Siby DIABIRA, Responsable Europe de l’Ouest chez IFC/Banque Mondiale, et une participante à la CAAP 17. © Hady Photo/APP - CLIQUER SUR L’IMAGE POUR L’AGRANDIR.

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« Il nous faut trouver des solutions qui viennent de la société civile », ajoute-t-elle, en nous faisant part, là encore, de son expérience personnelle. « Nous avons créé le GAIN (Gabon Angel Investor Network), un réseau de Business Angels natifs du Continent comme moi, mais qui sont aujourd’hui installés un peu partout dans le monde. On s’est mis ensemble pour canaliser de l’argent. On a commencé timidement, puis cela a pris des proportions. On a identifié des PME et des start-up pour essayer de trouver et de faire monter des champions locaux. Cette jeunesse a envie de se développer, mais a besoin de moyens. Nous, on les finance et on les accompagne dans la structuration de leur business plan pour les aider à se développer ». Voilà un bel exemple d’une initiative concrète.

L’expertise des binationaux
de plus en plus recherchée

Deuxième exemple très parlant livré à l’auditoire : « Des gouvernements africains sollicitent notre expertise de binationaux et notre connaissance des deux continents pour les accompagner à mieux élaborer les accords qu’ils voudraient mettre en place comme des partenariats gagnant/gagnant, selon le terme à la mode ». Désintéressés et loin des querelles politiques de ces différents pays, mais connaissant parfaitement les réalités occidentales, « on a un rôle de facilitateurs et on commence d’ailleurs à s’organiser en réseaux ».

Une vue des participants à la XVIIe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris. © Hady Photo.APP - CLIQUER SUR L’IMAGE POUR L’AGRANDIR.

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« Dans notre dernière mission faite au Gabon avec le GEFI (Groupement Économique Francophone et International, présidé par Aurélie Sérel), poursuit-elle, on s’est rendu compte qu’il fallait mettre en place des missions économiques pour des grandes entreprises, mais aussi pour des PME et TPE, afin de croiser les expertises et expériences du Sud vers le Nord et du Nord vers le Sud » et mettre à leur disposition non seulement des financements, mais également le transfert de connaissance et compétences entre entreprises, la formation et l’accompagnement.

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« Comment financer des pays
qui sont au taquet de leur dette ? »

« Voilà la clé de la réussite, conclut-elle, car venir juste investir en Afrique et repartir, c’est bien mais ce n’est pas suffisant. Car cela risque de reconduire aux mêmes schémas que l’on connaît d’une Afrique assistée, ce qui est bien souvent malheureusement le cas ». Avant de préciser, pour bien se faire comprendre : « Je suis une femme d’entreprise et c’est un vrai business qui permet aux deux parties d’être gagnante/gagnante. On ne fait pas du social ».

« Au Gabon, révèle enfin Mme Joly ANDRES au terme de son intervention, le ministre de l’Économie nous a expliqué que son pays n’était plus en capacité d’emprunter car il était au taquet de sa dette, alors qu’il avait encore plein de projets d’infrastructures... ». Mais comment les financer ? C’est le défi qu’il faut relever.

Or le Gabon, comme la RD Congo — où Joly ANDRES a également vécu et travaillé — et de nombreux autres pays d’Afrique sont « des pays rentiers qui dépendant des cours de leurs ressources en matières premières qu’ils exportent, mais ne transforment pas sur place ».

C’est à l’évidence cette donne qu’il faut changer en priorité pour permettre enfin aux pays africains de se développer sur le long terme.
On ne peut qu’espérer que cette Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris, les interventions des différents panélistes et les débats suscités contribuent à résoudre ce vrai problème de fond et à trouver de bonnes solutions ou, du moins, quelques pistes.

La photo de famille des panélistes. De gauche à droite : M. Foulo BASSE, Directeur général de la Fondation Brazzaville ; M. Zied LOUKIL, Partenaire associé chez Forvis Mazars et responsable Afrique ; Mme Joly ANDRES, Directrice adjointe chez Engie, membre de la Commission Afrique des CCE (Conseillers du Commerce extérieur de la France) ; M. Samuel GOLDSTEIN, Meridiam, Directeur du Développement Afrique ; M. Alfred MIGNOT, producteur et modérateur des CAAP, Directeur-fondateur AfricaPresse.paris ; SEM Émile NGOY KASONGO, Ambassadeur de la RD CONGO à Paris ; Mme Siby DIABIRA, IFC/Banque Mondiale, Responsable Ouest Europe ; M. Rémy RIOUX, DG de l’AFD ; M. Étienne GIROS, Président du CIAN ; Me Pierre Jean MEYSSAN, Premier Vice-Président du Conseil supérieur du Notariat ; M. Philippe BOZIER, Partenaire Forvis Mazars, Responsable Financement de projets. © Hady Photo/APP - CLIQUER SUR L’IMAGE POUR L’AGRANDIR

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