CAAP 17 / « 54 nuances d’Afrique » l’essai enthousiaste et décapant d’Étienne GIROS, Président du CIAN
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par Alfred MIGNOT, Directeur de AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse
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Ce livre, publié en ce début de mars 2025 aux éditions Télémaque, se distingue par son ambition de déconstruire les idées reçues et préjugés qui entourent l’Afrique. Structuré en 54 affirmations correspondant au nombre de pays africains, l’ouvrage se veut un véritable guide pour les entrepreneurs et décideurs souhaitant s’implanter sur le continent.
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Un plaidoyer économique
optimiste
Cadre dirigeant pendant trente ans en Afrique, et depuis dix ans Président du CIAN – le Conseil français des investisseurs en Afrique – Étienne Giros défend avec vigueur l’idée que l’Afrique est un continent d’opportunités économiques majeures. Il réfute plusieurs clichés, notamment celui selon lequel l’exploitation des matières premières freinerait le développement : « Non, l’exploitation des matières premières n’est pas un obstacle au développement ! » affirme-t-il, soulignant que ces ressources, bien gérées, peuvent être des leviers de croissance.
L’auteur insiste également sur le potentiel démographique et économique de l’Afrique, qualifiant le continent de « terre de croissance » où les entreprises françaises ont déjà prouvé leur capacité à réussir.
En effet, malgré les défis structurels, le Président du CIAN considère que l’investissement en Afrique est non seulement possible mais nécessaire : « Oui, on peut investir en Afrique ! Oui, les entreprises françaises réussissent en Afrique ! ».
Aussi, Étienne Giros rejette catégoriquement l’idée de mettre fin à l’aide publique au développement. Selon lui, cette aide reste essentielle pour accompagner la transition économique et sociale dans plusieurs régions africaines : « Non, il ne faut pas mettre fin à l’aide publique au développement ! », affirme-t-il.
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Déconstruire
les clichés culturels
Sur le plan culturel, Étienne Giros invite à dépasser les généralisations simplistes souvent véhiculées sur l’Afrique. Il insiste sur la nécessité d’une immersion directe pour comprendre le continent : « C’est un continent qui ne s’apprend pas tellement dans les livres ; il s’apprend en le vivant ».
Outre cette approche pragmatique visant à encourager une meilleure compréhension des dynamiques locales, Étienne Giros met également en avant la richesse culturelle africaine comme un atout stratégique. Il cite notamment le rôle des langues locales et du droit Ohada dans le rapprochement entre l’Afrique et la France : « La langue française et le droit Ohada restent des avantages compétitifs pour les entreprises françaises ». Ces éléments permettent de maintenir des liens forts malgré la concurrence internationale croissante.
Enfin, il souligne que les savoirs endogènes africains constituent une source inépuisable d’innovation et de résilience. Reprenant une citation célèbre de Pline l’Ancien, il rappelle : Ex Africa semper aliquid novi (« De l’Afrique il sort toujours quelque chose de nouveau »).
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Les relations Afrique-France :
entre héritage et renouveau
Le livre aborde sans détour la complexité des relations historiques entre la France et ses anciennes colonies africaines. Étienne Giros reconnaît que ces relations ont évolué depuis les années 1990 avec l’ouverture du continent au monde. « De la situation de monopole que nous avions, on est passé directement à un contexte concurrentiel totalement ouvert où nous avons mis longtemps à nous adapter ».
Il observe également un changement générationnel parmi les dirigeants africains. Ces derniers, souvent formés à l’étranger, ont un rapport moins marqué avec la France : « Les nouveaux dirigeants n’ont plus le même attachement à la France car ils ont fait leurs études partout dans le monde ». Ce constat appelle à repenser les partenariats bilatéraux sous un angle plus égalitaire et pragmatique.
Enfin, Étienne Giros insiste sur la nécessité pour la France de rester présente en Afrique tout en adoptant une posture plus humble et proactive : « Ne dites pas non plus que la France est foutue dehors ; c’est inexact quand on regarde de plus près. Il faut expliquer pourquoi et apporter des réponses adaptées ». Ce message vise à encourager une coopération renouvelée fondée sur le respect mutuel.
Etienne GIROS dédicacera son livre à l’occasion de la XVIIe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris, ce mercredi 19 mars, sur « Les nouveaux défis du financement de l’Afrique », avec la participation de SEM Émile Ngoy Kasongo, Ambassadeur de la RD Congo, et de 7 experts.
Dernier jour pour s’inscrire, ce lundi 17 mars :
https://www.africapresse.paris/2969
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Surmonter les obstacles
à l’investissement
Étienne Giros propose aussi plusieurs pistes pour surmonter les obstacles à l’investissement en Afrique, en s’appuyant sur des stratégies concrètes et des partenariats équilibrés.
Voici les principales solutions qu’il met en avant :
1. Simplification des procédures administratives
L’un des principaux freins à l’investissement en Afrique est la complexité administrative et réglementaire. Étienne Giros insiste sur la nécessité d’accélérer et de simplifier ces procédures pour permettre aux entreprises de s’installer plus rapidement :
• « Il faut tout faire pour aider les entreprises à s’installer, simplifier les procédures, les accélérer, parce que nous sommes dans une course contre la montre vis-à-vis de la démographie ».
2. Encouragement des partenariats locaux
Le Président du CIAN prône une logique de partenariat gagnant-gagnant entre entreprises françaises et africaines. Il souligne que les entreprises locales apportent une connaissance précieuse du terrain, tandis que les entreprises françaises offrent expertise et savoir-faire :
• « Nous conseillons en permanence aux entreprises françaises de s’associer avec des partenaires locaux pour mieux connaître le pays, bien comprendre les habitudes et avoir les clés d’entrée sur le marché ».
• Ces collaborations permettent également de renforcer la responsabilité sociale des entreprises en intégrant des intérêts africains dans leurs projets.
3. Rôle clé des diasporas africaines
Les diasporas africaines sont vues comme un levier stratégique pour le développement économique du continent. Étienne Giros met en avant leur rôle dans le financement, l’expertise et la création de liens entre l’Afrique et le reste du monde :
• « Les flux financiers envoyés par les diasporas ont représenté 70 milliards d’euros, soit nettement plus que l’aide publique au développement ».
• Il encourage les entrepreneurs français à collaborer avec ces diasporas pour bénéficier de leur connaissance approfondie des marchés africains.
4. Renforcement du tissu local de PME
Pour réduire la dépendance aux matières premières, Étienne Giros appelle à développer un tissu industriel et de services local solide. Ce développement nécessite un soutien accru aux petites et moyennes entreprises (PME) africaines :
• « Pour que l’Afrique réussisse son développement, il faut qu’un tissu local industriel et de services se déploie afin de soutenir la croissance ».
5. Focus sur des marchés prioritaires
Étienne Giros identifie trois priorités géographiques pour les investisseurs français :
• Les pays francophones, où les entreprises françaises ont une présence historique forte.
• Les pays anglophones et lusophones comme le Kenya, le Nigeria ou l’Angola, qui offrent un potentiel énorme mais nécessitent une meilleure implantation des PME françaises.
• Les pays à forte croissance démographique avec une bonne gouvernance et un taux de croissance élevé.
En résumé, Étienne Giros propose une approche pragmatique basée sur la simplification administrative, le partenariat local, le rôle des diasporas, le soutien aux PME africaines et une stratégie géographique ciblée. Ces solutions visent à créer un environnement plus favorable à l’investissement tout en contribuant au développement durable du continent.
Plus largement, avec ses 228 pages structurées autour d’arguments clairs et précis, « 54 nuances d’Afrique » se lit comme un manifeste optimiste pour ceux qui souhaitent comprendre ou investir dans ce continent dynamique. La préface signée par Patrick Achi (ancien Premier ministre de Côte d’Ivoire) ajoute une dimension politique importante au livre, ouvrage indispensable pour déconstruire les préjugés sur l’Afrique tout en offrant des pistes concrètes pour renforcer les liens entre ce continent et la France. À travers ses analyses économiques, culturelles et géopolitiques éclairées, Étienne Giros invite à voir l’Afrique sous un jour nouveau : celui d’un partenaire incontournable pour construire l’avenir global.
Etienne GIROS dédicacera son livre à l’occasion de la XVIIe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris, ce mercredi 19 mars, sur « Les nouveaux défis du financement de l’Afrique », avec la participation de SEM Émile Ngoy Kasongo, Ambassadeur de la RD Congo, et de 7 experts.
Dernier jour pour s’inscrire, ce lundi 17 mars :
https://www.africapresse.paris/2969
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