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CAAP 16 / Maître Pierre-Stanley Pérono : « L’espace, un nouveau champ de bataille stratégique… pour l’Afrique aussi »

2 mars 2025
CAAP 16 / Maître Pierre-Stanley Pérono : « L'espace, un nouveau champ de bataille stratégique… pour l'Afrique aussi »
Maître Pierre-Stanley PÉEONO durant son intervention à la XVIe Conférence des Ambassadeurs de Paris, le 29 janvier 2025, au Conseil supérieur du Notariat. © Hady Photo - CLIQUER SUR L’IMAGE POUR L’AGRANDIR.
Lors de la XVIᵉ Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris (CAAP 16), tenue au Conseil supérieur du Notariat le 29 janvier, Maître Pierre-Stanley Pérono a mis en lumière un sujet encore peu exploré dans les cercles de réflexion africains : la militarisation croissante de l’espace. Une nouvelle réalité qui interroge aussi le NewSpace africain en devenir.

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par Alfred MIGNOT, Directeur de AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse

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L’Afrique compte déjà quelque 54 satellites en orbite, et tandis que plusieurs États africains investissent désormais dans les infrastructures spatiales, la question de leur sécurisation et de leur souveraineté devient essentielle.
Dans son intervention remarquée, Maître Pierre-Stanley Pérono a exposé en détail les risques sécuritaires liés aux infrastructures spatiales, pointant du doigt l’évolution rapide du domaine spatial vers une « arsenalisation" » à hauts risques.

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Ambitions industrielles
et rivalités militaires

Loin d’être un sanctuaire préservé, l’espace est désormais un terrain de compétition militaire et stratégique. Si l’imaginaire collectif l’associe encore à l’exploration scientifique et à la conquête pacifique, la réalité est toute autre. Se référant aux propos d’Elon Musk, ayant déclaré que « toute espèce qui se respecte doit avoir deux planètes », Pierre-Stanley-Pérono souligne que l’espace est aussi devenu un terrain de lutte pour la domination technologique et militaire.

L’histoire l’illustre bien : les missiles V2 nazis, ancêtres des fusées modernes, ont marqué l’entrée de l’humanité dans l’ère spatiale en pleine Seconde Guerre mondiale. Depuis, la logique militaire n’a jamais quitté l’orbite terrestre, comme l’avait pressenti le pionnier français de l’aviation Clément Ader qui, dès le début du XXᵉ siècle, affirmait : « Celui qui sera le maître de l’air sera le maître du monde », rappelle PSP.
Ainsi, dans un monde où les conflits s’étendent du champ terrestre aux sphères numériques et orbitales, la question de la sécurisation des infrastructures spatiales devient cruciale.

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Cyberattaques : une menace
invisible et redoutable

L’une des préoccupations majeures soulevées par l’orateur est le risque grandissant des cyberattaques contre les satellites et les infrastructures spatiales. Le cas du satellite européen KA-SAT, pris pour cible par une attaque russe le 24 février 2022 lors du déclenchement de la guerre en Ukraine, en est une illustration frappante. Cette attaque a non seulement perturbé les communications de l’armée ukrainienne, mais a aussi affecté 10 000 utilisateurs civils européens et désactivé les systèmes de certaines éoliennes allemandes.

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Une vue de l’amphithéâtre du Conseil supérieur du Notariat lors de la XVIe Conférebce des Ambassadeurs Africains de Paris (CAAP 16), le 29 janvier 2025. Photo © Hady Photo - CLIQUER SUR L’IMAGE POUR L’AGRANDIR.

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Les modes opératoires de ces attaques sont multiples :

> Le déni de service, qui consiste à brouiller le signal satellite pour couper les communications.

> Le détournement, qui repose sur une usurpation d’identité, faussant des données critiques (ex. localisation de navires ou de véhicules).

> La prise de contrôle à distance, qui permet d’interférer avec les commandes d’un satellite.

L’espionnage, avec des écoutes furtives visant à capter des informations sensibles.

Ce type d’attaque présente un triple intérêt stratégique :

Une arme de dissimulation : il est extrêmement difficile d’identifier un cyberattaquant.

Un levier pour les acteurs « faibles » : il n’est pas nécessaire de disposer de moyens colossaux pour mener une cyberattaque spatiale permettant à des groupes non-étatiques de peser face à des États puissants.

Un effet exponentiel : une seule attaque peut perturber des milliers d’infrastructures civiles et militaires en cascade.

L’ouverture du secteur spatial à des logiciels et applications en source ouverte (open-source) dans le cadre du NewSpace aggrave encore cette vulnérabilité, en rendant les réseaux plus interconnectés et donc plus exposés aux intrusions.

Autre sujet alarmant : la prolifération des débris spatiaux, conséquence directe de la multiplication des satellites et des tests balistiques antisatellites. Depuis le lancement du premier satellite en 1957, des millions de fragments orbitaux sont venus polluer l’espace. « Nous avons aujourd’hui plus de 128 millions de débris de plus d’un millimètre en orbite, » alerte Pierre-Stanley Pérono.

Si la taille de ces débris semble insignifiante, leur vitesse de collision peut atteindre 57 000 km/h, soit dix fois la vitesse d’une balle de fusil. Cette accumulation exponentielle, connue sous le nom de "syndrome de Kessler", pourrait compromettre l’avenir même des missions spatiales.
À cela s’ajoute l’usage militaire du tir balistique antisatellite, que plusieurs puissances, dont les États-Unis, la Chine et l’Inde, ont testé ces dernières années. « Détruire son propre satellite est un message clair : cela signifie aussi être capable de détruire ceux des adversaires », souligne PSP.

Derrière cette démonstration de force, se profile la menace d’un « aveuglement stratégique », où certaines armées ultra-dépendantes des satellites, comme l’armée américaine, pourraient être paralysées en cas de conflit.

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Vers une guerre
de l’espace ?

Le risque d’un passage de la « militarisation » à l’arsenalisation de l’espace est bien réel. Les grandes puissances travaillent déjà sur des scénarios où les satellites civils pourraient être « martialisés » (mobilisés à des fins militaires en cas de crise).

D’autres stratégies émergent, comme le concept du M2MC (opérations multimilieux, multichamps) qui repose sur l’intégration totale des forces terrestres, aériennes, maritimes et spatiales dans un même dispositif de guerre globale.

Face à ces défis, l’Afrique doit impérativement prendre en compte ces nouvelles réalités. L’entrée progressive du continent dans le secteur spatial avec l’émergence d’un « NewSpace africain » exige une prise de conscience politique et stratégique.
« Si l’Afrique veut peser dans la gouvernance mondiale de l’espace, elle doit dès maintenant sécuriser son industrie spatiale naissante, » conclut Pierre-Stanley Pérono.

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La photo de famille des panélistes de la XVIe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris (CAAP 16), le 29 janvier 2025 au Conseil supérieur du Notariat (CSN). De gauche à droite sur la photo : Maître Pierre-Jean MEYSSAN, 1er vice-Président du CSN ; M. Sékou OUEDRAOGO, Président-fondateur de l’African Aeronautics & Space Organisation (AASO) ; Maître Pierre MASQUART, Avocat au Barreau de Paris, Réseau Kimia-avocats, Co-président des Rendez-Vous d’Afrique(s) ; > SEM Alaa YOUSSEF, Ambassadeur d’ÉGYPTE ; M. Alfred MIGNOT, Directeur Africapresse.paris et organisateur des CAAP ; Maître Pierre-Stanley PÉRONO, Avocat au Barreau de Paris, Expert IE, Président-Fondateur du Cabinet PÉRONO Conseils ; Mme Ouafae KARIM, Ingénieure et Directrice-fondatrice de Africa-eo-services (AfEOS) ; SEM Émile NGOY KASONGO, Ambassadeur de la RD CONGO ; M. Olivier PIEPSZ, PDG de Prométhée Earth Intelligence ; M. Jean KOÏVOGUI, PDG cofondateur de COPERNILABS. Photo © Hady Photo - CLIQUER SUR L’IMAGE POUR L’AGRANDIR.

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Agenda Paris 19/03/25 - XVIIe Conférence des Ambassadeurs Africains sur « Les nouveaux défis du financement de l’Afrique ». INSCRIPTIONS OUVERTES

CLIQUER SUR L’IMAGE POUR L’AGRANDIR

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Ces dix dernières années, l’Afrique a fait face à un déficit annuel d’investissement abyssal estimé à quelque 1 200 milliards de dollars* ! Et aujourd’hui, le désengagement massif étatsunien – abandon des Accords de Paris et de l’OMS, suppression de l’USaid, incertitudes sur le maintien des Accords sur la Croissance en Afrique (AGOA)… – va encore dégrader la situation.

Dans ce contexte, notre XVIIe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris (CAAP 17)
sera dédiée au thème :

« Infrastructures, entreprises, santé, climat… :
les nouveaux défis du financement de l’Afrique »

MERCREDI 19 MARS 2025,

de 17 h 00 (accueil dès 16 h 15) à 19 h 15,
puis cocktail VIP de réseautage au

Conseil supérieur du Notariat,
60, boulevard de La Tour-Maubourg, Paris VIIe

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UN PANEL PRESTIGIEUX (en cours de finalisation)

2 AMBASSADEURS participent au panel :
> SEM Émile NGOY KASONGO, Ambassadeur de la RD CONGO
> SEM Ahmad MAKAILA, Ambassadeur du TCHAD

Avec 6 PANÉLISTES EXPERTS confirmés (panel en cours de finalisation) :
> M. Étienne GIROS, Président du CIAN
> Mme Joly ANDRES, Directrice adjointe chez Engie, membre de la Commission Afrique des CCE (Conseillers du Commerce extérieur de la France).
> M. Zied LOUKIL, Partenaire associé chez Forvis Mazars et responsable Afrique.
> Mme Siby DIABIRA, IFC/Banque Mondiale, Responsable Ouest Europe
> M. Samuel GOLDSTEIN, Meridiam, Directeur du Développement Afrique
> M. Philippe BOZIER, Partenaire Forvis Mazars, Responsable Financement de projets
> Avec M. Alfred MIGNOT, producteur et modérateur des CAAP, Directeur-fondateur AfricaPresse.paris

NB - Nos conférences sont photographiées et filmées. L’inscription vaut pour acceptation.

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* Selon La Banque africaine de développement (BAD) et diverses autres sources, le déficit annuel africain de l’investissement, estimé à quelque 1 200 milliards de dollars se répartit ainsi :
– moins 68 à moins 108 milliards de dollars pour les infrastructures, sur un besoin total estimé entre 130 et 170 milliards de dollars par an ;
– moins 280 milliards de dollars par an pour la lutte contre le dérèglement climatique, soit 2 800 milliards de dollars sur la période 2020-2030 ;
– moins 300 milliards de dollars pour les PME ;
– moins 90 à moins 120 milliards de dollars pour le commerce ;
– moins 402 milliards de dollars par an jusqu’en 2030 pour les transformations structurelles (l’éducation, l’énergie, la technologie, l’innovation et les infrastructures de transport)…

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