CAAP 14 / SEM Pr Émile NGOY KASONGO, Ambassadeur de la RD Congo : « Notre secteur de l’entrepreneuriat culturel connaît une mutation considérable »
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Allocution de SEM Pr Émile NGOY KASONGO, Ambassadeur de la RD Congo,
à l’occasion de la XIVe Conférence de Ambassadeurs Africains de Paris, à l’Unesco, le 25 septembre 2024
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« Depuis une quarantaine d’années, le secteur de l’art, de la culture et de la créativité fait l’objet de nombreuses recherches. Aujourd’hui, il y a de plus en plus une dualité entre l’ambition créatrice et l’ambition économique. Une réalité vivante dans le domaine de l’entrepreneuriat créatif, artistique et culturel. Ainsi, l’entrepreneuriat devient de plus en plus un processus au service de la création dès lors que la relation de tension s’efface au profit de la dialectique.
Plusieurs atouts sont reconnus à l’action d’entrepreneuriat dont notamment la créativité, le goût du risque, l’indépendance d’esprit, la formation, l’adaptation, l’intégration, la collaboration, l’invention et l’innovation.
Entreprendre dans le domaine de la culture conduit à la compréhension de la mentalité d’un peuple, de ses traditions et de leurs évolutions.
Plusieurs domaines concernent l’entrepreneuriat culturel dont l’industrie culturelle, patrimoine culturel, numérisation culturelle, marché de l’art, écologie culturelle, soutien aux artistes et innovation culturelle.
La créativité et les affaires économiques dans le monde de la culture s’adaptent selon les évolutions des nations et de l’homme sur le plan économique, démocratique, social et technologique.
Aujourd’hui, le foisonnement de la diversité culturelle constitue un levier pour l’innovation et la création d’opportunités pour le talents émergents à travers le monde.
De son côté, l’Unesco reconnaît une place importante à l’entrepreneuriat culturel, industriel et créatif, en raison de leur impact positif sur la diversité culturelle, l’innovation et la création d’emplois. Elle favorise notamment des initiatives qui promeuvent cette diversité culturelle et la créativité, en mettant en place des programmes et des partenariats pour encourager le développement de ces secteurs et garantir leur reconnaissance et leur valorisation à l’échelle internationale.
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Créativité et
Entrepreneuriat
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Le secteur culturel mondial fait face à des bouleversements économiques et institutionnels. Cette situation est ressentie aussi bien dans les pays développés que dans les pays moins avancés.
L’entrepreneuriat culturel et créatif constitue une réponse efficace à ces enjeux. Cette forme d’entreprenariat allie l’innovation artistique et la gestion d’entreprise pour créer des projets culturels et créatifs durables et prospères.
La créativité est au cœur de cette démarche, permettant aux entreprises culturelles de développer des idées uniques et novatrices tout en gérant efficacement les aspects commerciaux de leurs projets.
La créativité devient alors un catalyseur dans le monde de l’entrepreneuriat culturel étant donné l’évolution des mentalités, des styles ou mode de vie des peuples, ainsi que de la technologie.
À travers les NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication), de l’Internet et des réseaux sociaux, la culture se répand rapidement à travers le monde et devient à l’heure actuelle, une véritable industrie qui favorise l’évolution de certaines économies.
Cette situation amène plusieurs nations à voter des lois pour réguler le secteur, mettre en place des dispositifs de financement des opérateurs du secteur et des mesures d’encadrement des personnes ayant du génie dans la création et l’entrepreneuriat culturel.
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Les Industries Créatives, moteurs
d’innovation et d’expression
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Depuis des siècles, les industries créatives telles que les arts visuels, la musique, le cinéma, la mode, le sport, le design, et autres ont connu un essor remarquable suivant les époques.
L’innovation, la technologie et la compétition des acteurs ont amené à circonscrire autrement l’expression culturelle. De la simple expression verbale, on est passé à l’expression écrite, puis par les ondes avant d’arriver à l’expression visuelle.
C’est d’ailleurs, cette dernière expression qui nous amène actuellement à la problématique de l’Intelligence Artificielle, qui est une révolution dans le monde de la culture moderne.
Comme dit précédemment, le développement de ce secteur demande des moyens financiers et d’une infrastructure technologique adéquate.
À travers ce secteur, il y a éclosion des talents, des innovations, des créations d’industries qui aboutissent à la création des valeurs ajoutées et à la transformation de niveau de vie des populations.
Tenant compte des opportunités et gains qu’offre ce secteur, plusieurs pays arrivent à mettre en place des politiques et projets pour soutenir le secteur de l’entrepreneuriat culturel et la créativité.
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Les priorités de la République
Démocratique du Congo
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Pour le cas de la République démocratique du Congo, le secteur de l’entrepreneuriat culturel connaît une mutation considérable, étant donné sa démographie de plus de 100 millions d’habitants dont 70 % des jeunes.
Plusieurs activités et productions ont été réalisées dans le domaine de la culture. D’ailleurs, il sera organisé pour la première fois ici à Paris au courant du mois d’octobre 2024, une activité sur « L’Industrie de la Rumba ». Activité organisée par le collectif des artistes congolais et qui va réunir tous les artistes culturels africains et du monde.
Pour plus d’efficacité dans ce secteur, le Gouvernement de la RDC a retenu plusieurs priorités, notamment :
■ Assurer la conservation du patrimoine culturel, matériel et immatériel ;
■ Promouvoir la production des films, les rencontres artistico-culturelles en vue du marketing de l’image positive du pays ;
■ Construction des maisons de la culture dans les différentes communes de Kinshasa, dans chaque territoire et chaque ville dans le cadre du programme des 145 territoires ;
■ Mise en place d’un portail numérique dans lequel sera répertorié un calendrier des événements annuel pour une bonne visibilité du contenu culturel congolais ;
■ Implantation des centres culturels congolais à l’étranger pour la promotion et la diplomatie culturelle.
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Opportunités et défis
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L’entrepreneuriat culturel et créatif offre beaucoup d’opportunités pour les opérateurs et acteurs du secteur. Il y a création de la richesse et amélioration des conditions de vie, ainsi que l’adaptation aux nouvelles technologies.
Cependant, malgré ces opportunités, il y a des défis qui limitent l’essor de certains talents.
La recherche de financement est souvent un obstacle majeur, car les projets culturels peuvent nécessiter des ressources financières considérables. De plus, la concurrence dans ce domaine est féroce, avec de nombreux talents créatifs cherchant à se démarquer. Cela crée une pression supplémentaire pour innover et trouver des moyens uniques de présenter leur travail.
Le pouvoir d’achat peut également représenter un défi majeur pour les entrepreneurs culturels et les acteurs des industries créatives. Les coûts liés à la production artistique, tels que les matériaux, l’équipement et les frais de promotion, peuvent être élevés. Pour beaucoup d’artistes, concilier ces dépenses avec des revenus parfois fluctuants provenant de leur travail créatif peut être difficile. Cela souligne l’importance de trouver des moyens innovants pour rentabiliser leur art tout en restant fidèles à leur vision artistique.
Enfin, la préservation de l’authenticité artistique est cruciale, car les artistes doivent rester fidèles à leur vision tout en répondant aux demandes du marché et des investisseurs. Trouver un équilibre entre ces aspects peut être un défi de taille pour ceux qui évoluent dans le domaine de la culture et de la création.
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Un avenir créatif
et prospère
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Il est essentiel de souligner l’importance de soutenir et de promouvoir la culture francophone à travers la créativité et l’entrepreneuriat culturel. En investissant dans ces domaines, on peut envisager un avenir où ils deviennent des piliers essentiels de l’économie, de l’innovation et de la diffusion de la culture francophone à l’échelle mondiale.
Ainsi par exemple, fédérateurs et vecteurs d’inclusion et d’équité, le sport et la culture sont cités dans l’Agenda 2030 pour le développement durable adopté par les Nations unies en 2015. Ils contribuent à l’atteinte les Objectifs de développement durable (ODD), notamment en matière de paix, d’égalité femmes-hommes, de santé, d’éducation, de réduction des inégalités, et de cohésion sociale.
Cette perspective met en lumière la diversité et la vitalité des secteurs culturels pour favoriser le bien-être collectif et pour rayonner la richesse de la francophonie sur la scène internationale. »
À Paris, le 25 septembre 2024
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AJOUT DE LA RÉDACTION
ICC - Un rapport de l’UNESCO de 2021 sur les industries culturelles et créatives (ICC) en Afrique estime que celles-ci pourraient contribuer à 10 millions d’emplois à travers le continent et représenter environ 1,1 milliard de dollars de PIB si elles étaient correctement développées.
La RDC, avec sa richesse culturelle, pourrait capter une partie significative de ce marché et les ICC pourraient devenir une source majeure de revenus et d’emplois pour le pays.
Cinéma – Selon des estimations, l’industrie cinématographique africaine (y compris celle de la RDC) pourrait générer plus de 20 milliards de dollars de revenus annuels si des investissements dans les infrastructures et les capacités techniques étaient réalisés.
Musique - Le secteur de la musique en RDC est l’un des plus dynamiques et des plus influents, tant au niveau national qu’international. La rumba congolaise, récemment inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, est un élément central de cette industrie. Cependant, peu de données sont disponibles sur les revenus générés.

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VOIR LE REPLAY DE LA CONFÉRENCE :
https://youtu.be/4CyrEmQl8GE?si=mNlFKw1mhuPv1zhh
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LA XVe CONFÉRENCE DES AMBASSADEURS AFRICAINS DE PARIS se tiendra le MARDI 26 NOVEMBRE 2024, à partir de 17 h, au Conseil supérieur du Notariat, 60 boulevard de La Tour-Maubourg, 75007 Paris, sur le thème :
« Les réalisations et projets de réseaux ferrés,
infrastructures d’avenir pour l’Afrique »
infrastructures d’avenir pour l’Afrique »
> SEM Alaa YOUSSEF, Ambassadeur d’Égypte
> SE Mme Samira SITAÏL, Ambassadeure du Maroc
> SEM Mohamed Yahya TEISS, Ambassadeur de Mauritanie
> SE Mme Guilhermina PRATA, Ambassadeure de l’Angola
ont déjà confirmé leur participation au panel.
Candidats panélistes experts et entreprises sponsors souhaitant participer, faites-vous connaître auprès de : contact@africapresse.paris
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