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Majid Bekkas

– Blues du désert, gnaoua, jazz, soul : les sons d’un prince de la musique nomade

Tous pays EUROMED-AFRIQUE | 23 janvier 2011 | src.LeJMED.fr
– Blues du désert, gnaoua, jazz, soul : les sons d'un prince de la musique nomade
Rabat -

Avec la sortie, en novembre 2010, de son album-caravane « Makenba », Majid Bekkas a composé un cocktail unique et sublime de musiques nomades, savant mélange de jazz, de blues du désert et de musique gnaoua. À l’écouter, on ne s’étonne point qu’en décembre 2010, il ait remporté le prestigieux Prix Al Farabi de musique antique, décerné par le Comité national de musique du Maroc. Portrait, esquissé au travers du double témoignage de Jacques Panisset et de Bouchra Hbali…

Photo ci-dessus : Majid Bekkas en concert © Capture vidéo du site de Magid Bekkas


La pochette du CD « Makenba »

Cette récente consécration marocaine signe d’ailleurs un juste retour aux sources : dans son enfance marocaine, Abdelmajid Bekkas fut bercé par les musiques du désert et le métissage des cultures arabo-berbères et d’Afrique subsaharienne. Puis, il se forma à la pratique du oud (luth arabe) et de la guitare classique au Conservatoire National de Rabat et s’initia à la culture gnaouie – dont la maîtrise du jeu de guembri (sorte de basse à trois cordes) auprès du mâalem (maître musicien) Ba Houmane –, tout en apprivoisant le blues et la musique soul. Autant de sources, en fait, qui ramènent Majid Bekkas à son appartenance à la diaspora africaine, ce qu’il revendique pleinement. L’Afrique des esclaves noirs qui ont apporté au Maghreb la musique gnaoua, et en Amérique le blues et le jazz.

Pour Jacques Panisset, co-directeur du nouveau Centre International des Musiques Nomades – issu de la fusion des 38es Rugissants et du Grenoble Jazz Festival qu’il a dirigé durant plus de 20 ans – il ne fait aucun doute que « Majid Bekkas est l’un des artistes qui peuvent le mieux construire des passerelles entre ces diverses esthétiques (…) Lorsque j’ai accepté, à partir de 2004, d’assurer la direction artistique des Rencontres de Casablanca, aux côtés de Samira Fouad, la collaboration avec Majid s’est poursuivie d’autant plus naturellement que j’avais eu l’occasion de l’entendre dans ses propres projets artistiques, notamment avec des musiciens de jazz (…)

Il est tout d’abord un homme chaleureux, accueillant, attentif et curieux. C’est également un musicien exceptionnel qui a réussi cette hybridation rare entre les cultures traditionnelles et savantes. Dans la plupart des cas où elles se confrontent au jazz et à l’improvisation, et quelles que soient les cultures concernées, musiques traditionnelles bretonnes, chinoises ou balkaniques, ce sont plutôt les jazzmen qui s’adaptent et non l’inverse. C’est peut-être dû au poids des conventions sociales et culturelles. De plus, en effet, on sent chez Majid une vraie conscience de ses responsabilités envers les jeunes musiciens marocains et un désir de promouvoir des formes nouvelles et innovantes, telles que le jazz.

De son dernier album « Makenba » on peut dire, pour paraphraser une expression culte, que ce CD est l’album de la maturité ! On y retrouve beaucoup de ceux dont il a croisé la route au fil des années et des différentes éditions, soit des Rencontres (Louis Sclavis, par exemple), des Ouddayas ou des diverses scènes européennes qu’il arpente avec bonheur depuis dix ans. On y retrouve toujours cette même musique habitée spirituellement et qui invite à la rencontre et non au repli sur soi.

Majid Bekkas est l’un de ces passeurs magnifiques de ce lien si particulier entre l’Afrique et l’Europe qui ont tant donné au jazz, et qui passe par la Méditerranée, à l’heure même où cette musique tend de plus en plus vers l’universel ».

Pour Bouchra Hbali, directrice de ZoArt Asbl – structure belge sans but lucratif promouvant des projets culturels qui prônent le dialogue, en particulier entre l’Afrique du Nord et l’Europe – « Majid Bekkas est un artiste qui explore la dialogue des cultures ; il propose des projets qui soulignent les liens et les croisements mutuels : chef d’orchestre de tels projets quand il est directeur artistique du Festival Jazz au Chellah – fonction qu’il occupe depuis 1996 – comme quand il compose ses albums. Nous sommes ravis qu’il ait vienne de recevoir le Trophée Al-Farabi 2010,conçu pour les maîtres de la musique antique, en hommage à son talent pour conjuguer mémoire et modernité, mariage et essence de chacun ».

Nadia Bendjilali - LeJMED.fr


L’album « Makenba » (Igloo Records) - Avec cet album, Magid Bekkas accède au sublime, comme si la caravane que l’on avait pris en 2001 avec son premier album nous reprenait sous son charme. Vous apprécierez la fusion avec la clarinette et le saxophone de Louis Sclavis qui accompagne tout en finesse, la nappe qu’offre le balafon d’Aly Keita, les mille et une percussions. Et si vous aimez la magie des voix, laissez vous emporter par le charisme et la voix exceptionnelle de celui par qui la magie s’opère, Magid Bekkas.

La tournée européenne de Magid Bekkas – Quatre concerts sont actuellement programmés, en Belgique, Hollande et France :

- le 24 février 2011, à Bruxelles (Belgique), Espace Senghor


- le 25 février 2011, à Utrecht (Hollande) Salle Rasa

- le 26 février 2011, à Anvers (Belgique), au Centre culturel 
Zuiderpershuis

- le 2 juillet 2011, à Vitrolles (France), au 
Charlie Jazz Festival

En savoir plus

 Le site de Magid Bekkas

 Le site de ZoArt Asbl

 Le site du Festival Jazz au Chellah

 Le site du nouveau projet des 38es Rugissants et du Grenoble Jazz Festival


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