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BearingPoint / Financer l’infinançable en Afrique : l’investissement à impact, levier de transformation structurelle

3 juillet 2025
BearingPoint / Financer l'infinançable en Afrique : l'investissement à impact, levier de transformation structurelle
Jean-Michel HUET, Associé BearingPoint, coordonnateur de l’étude. Photo © DR – CLIQUER SUR L’IMAGE POUR L’AGRANDIR.
BearingPoint nous livre ici une analyse mettant en lumière les leviers, les obstacles et les conditions d’un changement d’échelle pour faire de l’investissement à impact une réponse durable, structurée et intégrée aux priorités africaines. L’analyse cible deux secteurs clés : l’agriculture et l’éducation.

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Une contribution de Jean-Michel HUET,
Ludivine Le Marc, Célia Benboualia
et Aymane Id Salah, de BearingPoint

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Alors que le continent cumule croissance démographique rapide, urbanisation accélérée et vulnérabilités structurelles, il ne capte qu’une fraction marginale des flux mondiaux d’investissement à impact. L’investissement à impact (impact investing), qui conjugue rendement financier et impact social ou environnemental mesurable, représente une opportunité stratégique pour répondre aux défis systémiques de l’Afrique.

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Un décalage entre besoins
réels et flux d’investissement

En 2022, le marché mondial de l’impact investing représentait 1 164 milliards USD (GIIN), mais seulement 17 % de ces flux étaient dirigés vers l’Afrique, alors que le continent concentre les besoins les plus urgents.
Selon la Banque africaine de développement, entre 200 et 300 milliards USD par an seraient nécessaires pour atteindre les ODD. Le paradoxe est criant : malgré une forte demande sociale et un dynamisme entrepreneurial, l’Afrique reste perçue comme un terrain risqué, en raison du caractère informel de ses économies, de l’absence de garanties bancaires solides, et d’un déficit de données fiables sur les projets à impact.

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Chaînes de valeur sous tension :
agriculture et éducation en ligne de front

L’analyse conduite par BearingPoint cible deux secteurs clés. L’agriculture, pilier de l’économie africaine, emploie plus de 60 % de la population active, mais reste peu productive, fortement informelle et vulnérable aux chocs climatiques. Les pertes post-récolte peuvent atteindre jusqu’à 30 % de la production.
L’éducation, quant à elle, subit un déficit structurel : 32 millions d’enfants sont non-scolarisés (UNESCO) et l’offre reste mal alignée sur les besoins du marché du travail. Ces chaînes de valeur, si elles étaient financées de manière cohérente, pourraient devenir les piliers d’un développement inclusif et durable.

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Mécanismes innovants : vers
une ingénierie financière hybride

Le livre blanc recense et évalue plusieurs outils d’investissement à impact, selon une grille croisant rendement potentiel et impact social.
Les Social Bonds permettent de combiner rentabilité (jusqu’à 15 %) et indicateurs de performance (hausse de la scolarisation des filles, amélioration des conditions sanitaires).
Déployé en Afrique de l’Est (Rwanda, Afrique du Sud, Kenya), le mécanisme des Income Share Agreements a permis à 2 547 jeunes – dont 1 795 femmes – d’accéder à l’enseignement supérieur avec un taux d’insertion de 80 %.

L’assurance indicielle constitue une réponse innovante aux risques climatiques auxquels sont exposés les agriculteurs africains. Dans les programmes déployés par Acre Africa au Kenya, Rwanda et Tanzanie, plus de 2 000 exploitants ont été assurés via des mécanismes simplifiés (achat de cartes rechargeables, indemnisation automatique via mobile).
Ce système améliore la résilience, réduit l’exposition aux chocs climatiques, et soutient l’investissement agricole. Toutefois, il dépend de la fiabilité des données météorologiques et de la capacité à modéliser correctement les indices, ce qui peut limiter son applicabilité dans certaines zones mal couvertes.

Le Pay for Success ou les blended finance schemes créent des incitations convergentes pour les investisseurs privés et les acteurs publics. Au Ghana, la Banque Africaine de Développement, en partenariat avec Ecobank, a expérimenté un schéma de financement basé sur la production agricole. Les intrants sont fournis aux agriculteurs par une coopérative, qui collecte ensuite une partie de la récolte pour rembourser le crédit.

Cette approche circulaire permet d’aligner intérêts financiers et performances agricoles, tout en renforçant les structures coopératives locales. Le modèle reste sensible aux fluctuations climatiques et aux prix des matières premières, mais il offre une voie de financement durable, en particulier dans des zones où le crédit classique est inaccessible.

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Créer un environnement
propice à l’impact

Pour que l’investissement d’impact s’ancre davantage à l’échelle du continent africain, il est nécessaire de lever les freins institutionnels et techniques : absence de statut juridique pour les entreprises sociales, fragmentation réglementaire, manque de standardisation des indicateurs d’impact.

Des États pionniers comme le Rwanda, le Ghana ou le Kenya expérimentent des régimes fiscaux incitatifs, des partenariats public-privé et des hubs d’innovation sociale. Mais une structuration panafricaine reste à construire pour garantir l’alignement des flux de capitaux avec les priorités réelles des économies locales.

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Une dynamique
à institutionnaliser

L’investissement d’impact en Afrique doit dépasser le stade des initiatives isolées pour devenir une politique industrielle et sociale à part entière, soutenue par les bailleurs, les gouvernements, les institutions financières et le secteur privé local.

Les outils existent, les besoins sont connus, et les modèles sont testés. Ce qu’il faut désormais, c’est un changement d’échelle et de paradigme : considérer l’impact comme une condition de performance, et non comme une externalité.
Dans son livre blanc, BearingPoint préconise une stratégie cohérente, coordonnée et résolument tournée vers l’opérationnel, pour faire de la finance un moteur de transformation durable sur le continent africain.

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CAAP 19 le 10 SEPTEMBRE 2025 / MINES, TOURISME, NUMÉRIQUE… :
LA NOUVELLE DONNE DE L’ESSOR DE LA GUINÉE CONAKRY

Riche de la plus importante réserve mondiale de bauxite, indispensable à la fabrication de l’aluminium, la Guinée Conakry a résilié en mai dernier quelque 120 contrats d’exploitation minière, au motif que les entreprises concernées ne respectaient pas le Code minier. Quels seront les impératifs de la nouvelle donne qui régira le secteur minier guinéen ?

Tel est le focus de notre XIXe Conférence des Ambassadeurs de Paris (CAAP 19), dédiée à la Guinée Conakry, le mercredi 10 septembre prochain.
D’autres secteurs d’avenir, comme le numérique et le tourisme, seront également explorés.

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à la XIXe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris (CAAP 19),
dédiée au thème :

« MINES, TOURISME, NUMÉRIQUE… :
LA NOUVELLE DONNE DE L’ESSOR DE LA GUINÉE CONAKRY »

MERCREDI 10 SEPTEMBRE 2025,

de 17 h 00 (accueil dès 16 h 15) à 19 h 00,
puis cocktail VIP de réseautage dans un lieu parisien à préciser .

UN PANEL PRESTIGIEUX
(en cours d’élaboration)

> Son Excellence Senkoun SYLLA, Ambassadeur de GUINÉE à Paris, a déjà confirmé sa participation, ainsi que
> M. Patrick SEVAISTRE, Professeur à SciencesPo Executive, CCEF, Expert Afrique centrale du CIAN.

> D’autres personnalités éminentes, françaises et guinéennes, sont attendues. Nous vous en informerons à mesure de l’enrichissement du panel.

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> DECOUVREZ ICI L’AGENDA PRÉVISIONNEL DE NOS CONFÉRENCES DES AMBASSADEURS (CAAP) POUR LA SAISON 2025-2026

> RETROUVEZ ICI TOUS LES REPLAYS ET ARTICLES DE NOS CAAP

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