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Aux XIIIes Rencontres Africa à Lyon / Laurent Wauquiez (PR de l’AIRF) : « La Francophonie est un bouclier qui nous protège »

10 juin 2025
Aux XIIIes Rencontres Africa à Lyon / Laurent Wauquiez (PR de l'AIRF) : « La Francophonie est un bouclier qui nous protège »
Laurent WAUQUIEZ, réélu le 5 juin 2025 à Lyon à la tête de l’AIRF. ©DR
Face aux actuels bouleversements géopolitiques dans le monde, quel poids peuvent avoir les pays de l’Afrique francophone et quelle audience peut encore avoir la francophonie économique ? La question a dominé les débats des Rencontres Africa qui viennent de se dérouler à Lyon (les 5 et 6 juin) à l’invitation de Classe Export et de l’AIRF que préside Laurent Wauquiez.

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Lyon, de notre envoyé spécial Bruno FANUCCHI
pour AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse

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Dans un monde bousculé et mis à mal par les bouleversements politiques et économiques dus notamment à la guerre en Ukraine (consécutive à l’agression russe de février 2022), le siège et les bombardements de Gaza, sans oublier le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et sa volonté d’imposer à tous de faramineux droits de douane, les Africains comme les investisseurs français qui misent encore sur le Continent cherchent leurs repères. Et repartir sur de nouvelles bases, entre partenaires souhaitant travailler désormais sur un pied d’égalité, n’est pas si simple.

« Qu’ils proviennent des États-Unis ou de la Chine, ces bouleversements vous les subissez parfois dans vos pays, nous les subissons aussi dans nos pays et nous les voyons dans nos collectivités locales. Notre intérêt c’est de jouer de la neutralisation de ces rapports de force pour essayer d’en obtenir à chaque fois le maximum ».

Dans l’hémicycle de l’Hôtel de Région (au bout de la Presqu’île de Lyon), où il accueille et reçoit les nombreux participants aux XIIIe Rencontres Africa qui, cette année, « mobilisent la communauté économique francophone », Laurent Wauquiez, ancien Président de la Région Auvergne-Rhône- Alpes et actuel Président de l’AIRF (Association Internationale des Régions Francophones) plante ainsi le décors de ces deux journées de panels, de BtoB et de réseautage. Le monde change très vite et il est urgent de s’adapter, surtout si l’on veut continuer à faire des affaires avec le Continent.

« Je suis convaincu, ajoute-t-il avec sérénité, que dans ce rapport de force, que d’autres cherchent à nous dicter, la Francophonie est un bouclier qui nous protège. À condition qu’elle soit construite dans un espace où chacun l’utilise pour sortir le mieux de cette compétition au profit de nos populations. Elle ne donne de droits et d’avantages à personne, mais elle crée en revanche une obligation de veiller à ce que la prospérité soit commune »,

« Dans cet univers, où on voit très bien la façon dont parfois peuvent se comporter les Américains ou les Chinois, dont peuvent se comporter les grandes puissances pour essayer de mettre la main sur les ressources, sur les activités économiques, notre devoir à nous, c’est d’essayer de continuer d’avoir la maîtrise de notre avenir (…) La France doit veiller à ce qu’aucun de nos pays ne soient des proies dans cet univers et cette époque de prédateurs ».

« La grande leçon, c’est qu’un pays seul ou une collectivité seule est une proie » alors que « chaque fois que nous sommes en équipe nous pouvons protéger nos propres populations. C’est notre devoir : ne jamais être seul, mais toujours en équipe et porter notre destin en commun. C’est l’extraordinaire leçon de la Francophonie, une leçon de famille, une leçon de développement, mais une leçon où chacun est sur un pied de respect et d’égalité et apprend de l’autre. C’est cet esprit d’équipe soudée qui nous permet de grandir ensemble ».

« La grande leçon de la Francophonie, conclut-il à la tribune, c’est que nous pouvons à la fois faire de l’économie, aller chercher des soutiens financiers, développer nos collectivités territoriales et nous le faisons avec ce supplément d’âme qui fait, qu’entre nous, il y a des liens du cœur qui seuls peuvent être forgés par la langue commune que nous pouvons pratiquer ».
La Francophonie – tous le redécouvrent - est une belle idée, même si elle manque bien souvent de moyens pour s’imposer et se faire entendre sur la scène internationale.

Les premiers débats sont animés par Marc Hoffmeister, DG de Classe-Export et Commissaire général de ces Rencontres au programme bien chargé. Pour la cérémonie d’ouverture, il a convié la Secrétaire générale de l’OIF, Mme Louise Mushikiwabo, qui participera également dans l’après-midi du jeudi à l’assemblée générale de l’AIRF, une grande première, et Thani Mohamed Soilihi, Ministre délégué en charge de la Francophonie et des Partenariats internationaux.

Cérémonie d’ouverture en présence du mInistre français Thani Mohamed Soihili, de Mme Mushikiwabo, SG de l’OIF, et de Marc Hoffmeister, commissaire des Rencontres Africa. ©BF/APP – CLIQUER SUR L’IMAGE POUR L’AGRANDIR.

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« L’OIF a aujourd’hui encore plus
de pertinence qu’à sa création en 1970 »

« Ce monde en turbulences a besoin de toutes les forces de la Francophonie qui comprend beaucoup d’acteurs, beaucoup de réseaux, beaucoup d’institutions », souligne pour sa part Mme Mushikiwabo, venue à Lyon pour prôner « une Francophonie d’engagement et de terrain ».

Qu’elle soit politique, économique ou culturelle, « la Francophonie, c’est d’abord une très belle organisation qui a aujourd’hui encore plus de pertinence que lorsqu’elle a été créée en mars 1970 à Niamey », assure-t-elle, car dans cette période de turbulences internationales, « on a besoin de créer des synergies et de coopérer avec le plus grand nombre ».

À l’origine plutôt culturelle et linguistique, poursuit-elle, « la Francophonie est une organisation qui a évolué au cours de ces dernières années pour devenir une organisation intergouvernementale qui réponde aux besoins et aux demandes de coopération des États. L’identité de notre organisation a changé et s’est enrichie car la Francophonie économique est vraiment en demande à travers le monde et l’aspect économique est aujourd’hui très important ».

Elle en veut pour preuves que des pays asiatiques comme le Vietnam et le Cambodge (où se déroulera en 2026 le prochain Sommet de l’OIF) lui ont expressément demandé de « créer des liens économiques avec l’Afrique ».

Et la Secrétaire générale de la Francophonie de rappeler qu’au lendemain de la crise du Covid et de la fin du confinement, l’OIF avait mené une mission économique au Vietnam en y emmenant quelque 350 entreprises francophones. Et des contrats furent notamment signés avec des entreprises du Bénin. Une nouvelle mission est d’ailleurs prévue à Cotonou, la capitale économique du Bénin, du 17 au 19 juin prochains.

En amont de cette mission, une importante délégation béninoise est d’ailleurs présente à Lyon. « En trois semaines, nous avons été débordés et avons reçu près un millier de demandes », ce qui témoigne d’un véritable attrait et intérêt pour la Francophonie économique.

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« Rendez-vous fin juin à Brazzaville avec
l’Alliance des patronats francophones »

« Nous sommes aujourd’hui plus de 321 millions et serons 715 millions estimés en 2030 avec 93 États et gouvernements membres de notre organisation, ce qui représente la deuxième organisation la plus importante après les Nations Unies, et nous avons donc la force de frappe, un poids véritable et des atouts culturels formidables comme notre langue », se félicite-t-elle.

Elle rappelle ainsi quelques données qui témoignent du poids économique de la Francophonie dont les pays membres représentent « 20 % du commerce et des échanges internationaux et 16,6 % du PIB mondial, ce qui n’est pas rien »

Ministre délégué en charge de la Francophonie et des Partenariats internationaux, Thani Mohamed Soilihi renchérit en soulignant que « la Francophonie occupe d’ores et déjà une place de choix dans les échanges économiques mondiaux » et se plaît à rappeler les travaux du dernier Sommet de Villers-Cotterêts qui s’est tenu en octobre dernier sur le thème : « Créer, innover et entreprendre en français ».

Le ministre français salue la mise en place de la plate-forme FrancoTech créée à cette occasion à la station F, et annonce la prochaine inauguration du Collège international de la Francophonie dans cette même cité de l’Aisne pour « former des cadres et des enseignants que nous devons mettre à profit pour promouvoir notre belle francophonie ».

Dans la foulée, il évoque déjà le « passage de témoin » au Cambodge, où se tiendra le prochain Sommet à Phnom Penh dès octobre 2026. Autant de défis à relever pour la Francophonie qui – faut-il le souligner à nouveau ? – manque toujours cruellement de moyens. À tous, il donne tout d’abord rendez-vous à Brazzaville du 26 au 28 juin pour un événement très important organisé au Congo par l’Alliance des patronats francophones.

Photo de famille à l’issue de l’Assemblée générale de l’AIRF © DR – CLIQUER SUR L’IMAGE POUR L’AGRANDIR.

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