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Au Forum du CIAN / Sophie SIDOS-VICAT, PR des CCEF : « Pour les entreprises françaises, partir d’Afrique serait une grave erreur »

30 avril 2025
Au Forum du CIAN / Sophie SIDOS-VICAT, PR des CCEF : « Pour les entreprises françaises, partir d'Afrique serait une grave erreur »
Sophie SIDOS-VICAT lors de son intervention au Forum du CIAN. Photo © BF/APP – CLIQUER SUR L’IMAGE POUR L’AGRANDIR.
Première femme élue Présidente des CCEF (Conseillers du Commerce extérieur de la France) en juin 2023, Sophie SIDOS-VICAT a toujours eu à cœur le rayonnement et l’attractivité de la France en Afrique. Elle participait, ce 29 avril à Paris, au Forum CIAN/L’Opinion dont le thème était cette année : « L’Entreprise, moteur d’une croissance durable ». Entretien.

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Propos recueillis par Bruno FANUCCHI pour AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse

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APP - Vous êtes une femme d’affaires aux multiples casquettes et qui ne mâche pas ses mots...

Sophie SIDOS-VICAT - Je suis la septième génération des descendants de Louis VICAT, qui a inventé le ciment en 1817. Il y a d’ailleurs son nom sur la Tour Eiffel. Mon métier, c’est donc de faire du ciment dans douze pays différents. Je suis également Présidente des Conseillers du Commerce extérieur de la France et Présidente de la holding du groupe familial Vicat qui est un groupe cimentier. En Afrique, nous avons la chance aujourd’hui d’être au Sénégal, au Mali, en Mauritanie.

APP - Votre entreprise est d’ailleurs très bien implantée depuis longtemps au Sénégal, où de grandes transformations ont lieu actuellement dans votre groupe. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Sophie SIDOS-VICAT – On a actuellement la chance de moderniser notre entreprise pour l’équiper d’un nouveau four (de 350 millions d’euros) construit par une entreprise française. Je suis très fière de faire travailler des Français ou plus particulièrement les Européens car, si l’on ne fait pas travailler nos Européens aujourd’hui, on va perdre ces savoir-faire de construction, de modernisation et de transition écologique. J’irai moi-même dans quinze jours au Sénégal pour voir la fin de ce chantier et le démarrage de ce nouveau four qui va nous amener un bilan carbone bien inférieur à ce que l’on avait autrefois.

Cela montre que l’on investit aujourd’hui en Afrique de façon importante parce que l’on y croit et parce que c’est l’avenir. Au Sénégal, c’est un peuple qui est profondément moderne et je crois personnellement qu’il est vraiment important d’investir là où la population va augmenter, là où on nous attend et là où on nous apprécie.

APP - Certains en Afrique voudraient pourtant voir partir les Français et les entreprises françaises...

Sophie SIDOS-VICAT – C’est peut-être une analyse qui a été faite mais qui va changer. Quand on voit ce qui se passe aujourd’hui en Russie et en Ukraine, peut-être que l’on n’est plus sur les mêmes sujets. C’est pourquoi je pense qu’il ne faut pas partir trop rapidement du continent africain, bien au contraire. Tant que les Français sauront bien travailler avec les Africains, même si cela n’a pas toujours été le cas, les entreprises françaises se doivent de rester en Afrique. Car les Africains sont très modernes et ont aujourd’hui la chance d’avoir une éducation qui est « top level » et il nous faut donc savoir s’adapter. C’est très important de savoir s’adapter.

Nous mêmes, dans l’entreprise que j’ai rachetée en 1999, on s’est beaucoup adapté, on s’est sérieusement modernisé et on a changé beaucoup de choses. À tel point que je peux dire qu’à Dakar les dirigeants de mon entreprise sont aujourd’hui tous Sénégalais. Cela fait donc vingt-six ans que l’on est implanté au Sénégal et je pense que l’on commence à comprendre et à savoir comment il faut travailler et comment savoir se développer.

Sophie SIDOS-VICAT durant son intervention. Photo © BF/APP - CLIQUER SUR L’IMAGE POUR L’AGRANDIR.

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« On va se faire
manger par la Chine »

APP - La clé de la réussite n’est-elle pas de s’adapter au contexte local ?

Sophie SIDOS-VICAT - C’est important de savoir s’adapter à ces nouvelles techniques et à chaque culture, pour ne pas piloter son entreprise à distance, même si le siège de celle-ci est en France
Dans chaque culture, il faut savoir prendre les côtés positifs pour les développer. En Afrique, on a une formation locale qui est de très haut niveau et il faut savoir en profiter. La question est culturelle et stratégique. Les entreprises qui sont performantes en Afrique sont celles qui s’inscrivent dans ces imaginaires collectifs, les respectent et ne vont pas les contourner.

APP - « L’erreur serait aujourd’hui de partir d’Afrique », disiez-vous dans le panel auquel vous venez de participer sur le thème : « Comment aider les groupes français à développer leur présence en Afrique »...

Sophie SIDOS-VICAT – Je vous le confirme : ce serait une grave erreur. Quand je regarde les entreprises françaises qui partent d’Afrique… même les banques françaises qui sont parties de l’Afrique se disent aujourd’hui : peut-être est-on parti un peu vite. Et cela nous pose d’ailleurs de véritables difficultés car, aujourd’hui, quand on veut investir en Afrique, on n’a pas les banques, à part Proparco peut-être, et l’on n’a pas assez de choix.
Elles sont parties parce qu’on leur imposait de trop fortes contraintes, et l’on se rend compte que l’on fait marche arrière aujourd’hui. Avec la guerre qui est un peu partout dans le monde, on ne peut plus avancer de cette façon là. Si l’on continue d’avancer avec des réglementations aussi sévères eh bien – je suis désolée de le dire –, on va se faire manger par la Chine qui ignore de telles réglementations.

APP - Et vous revenez précisément de Chine ?

Sophie SIDOS-VICAT - J’étais en Chine la semaine dernière, à Shanghai pour le premier et le plus grand Salon mondial de l’automobile, avant celui de Paris. Pourquoi l’industrie automobile se développe aussi rapidement et se porte si bien en Chine ? Parce qu’elle n’est pas confrontée à toutes les réglementations compliquées que l’on a chez nous !
Aujourd’hui, en Afrique, quand une entreprise française quitte le Continent, elle est bien souvent remplacée par une autre entreprise qui gagne de l’argent et celle-ci est parfois chinoise. Ce constat est clair !

APP - Comment peut-on en venir à bout de toutes ces réglementations qui étouffent les entreprises et paralysent leur dynamisme ?

Sophie SIDOS-VICAT – Je me bats avec le MEDEF car je suis présidente d’une structure départementale du MEDEF, dans l’Isère, et Patrick MARTIN, notre président, m’a demandé d’être la Coprésidente de la Commission internationale du MEDEF avec Fabrice LE SACHÉ. Et nous nous battons tous les deux pour que nos réglementations et normes européennes soient allégées, afin que l’on puisse se développer davantage à l’international.

Nous devons faire un grand ménage dans les normes européennes. Si l’on nous met tout le temps des épées de Damoclès au-dessus de la tête, on aura du mal à se développer dans le monde. Car c’est important aujourd’hui de pouvoir « oser l’export », comme disait Olivier BECHT, notre ancien ministre du Commerce extérieur.

Sophie SIDOS-VICAT durant l’entretien avec le Grand Reporter Bruno FANUCCHI. Photo © DR - CLIQUER SUR L’IMAGE POUR L’AGRANDIR.

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« J’ai 21 propositions pour simplifier
notre commerce extérieur »

APP - Qu’espérez-vous précisément du prochain Conseil présidentiel ?

Sophie SIDOS-VICAT – Le 13 mai prochain, on aura en effet ce fameux Conseil présidentiel où le Président Emmanuel Macron va nous annoncer – je pense – des réformes et des restructurations pour pouvoir nous aider à mieux nous développer. Pour que notre commerce extérieur soit plus positif, qu’est-ce qu’il convient de faire ? La première chose est de nous aider dans les normes européennes pour que l’on ait moins de complications.

Lors de cette grande conférence sur le Commerce extérieur de la France, le chef de l’État va nous faire des annonces de simplifications. Il m’a personnellement demandé de venir exposer ce que je simplifierais pour que cela aille mieux et j’irai donc lui soumettre 21 propositions pour simplifier le commerce extérieur de la France. I

APP - Que faut-il faire en priorité ?

Sophie SIDOS-VICAT – Beaucoup de choses. Mais je crois avant tout qu’il faut mieux valoriser cette fameuse TFE (Team France Export) qui n’est pas toujours bien connue de tous, chacun jouant un peu sa partition dans son coin, que ce soit l’AFD, les CCI, les CCIFI, les CCE. Il me semble nécessaire que l’on travaille beaucoup plus, tous ensemble, pour la France.

APP - Avez-vous un dernier message ?

Sophie SIDOS-VICAT – Investissez en Afrique, faites confiance à l’Afrique ! C’est un continent jeune, et cette jeunesse africaine c’est quand même ce qui nous motive tous. C’est là qu’il va falloir développer nos entreprises, ce n’est pas en Europe où la population vieillit. Il y a de véritables opportunités, en Afrique, mais il faut savoir les saisir aujourd’hui, il ne faut pas attendre. Allez en Afrique et investissez dès aujourd’hui, pas demain, car vous aurez perdu votre tour et vous ne pourrez plus le reprendre !

C’est un continent où l’on a, de surcroît, la chance de parler français dans de nombreux pays, ce qui est quand même plus facile pour conclure des contrats et faire des affaires. On l’a bien vu avec le Maroc et les excellentes relations que le Président Macron a avec le Royaume, ce qui a permis à bien des entreprises et projets de se développer beaucoup plus rapidement.

J’espère ainsi que pour la REF (Rencontre des Entrepreneurs de France), le grand raout des entreprises qui a lieu fin août et où nous serons à peu près 10 000 chefs d’entreprise réunis cette année exceptionnellement dans les serres d’Auteuil, à Roland Garros, on pourra avoir quelques uns des chefs d’État africains que j’inviterai personnellement.

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RÉSERVEZ LA DATE !

LA XVIIIe CONFÉRENCE DES AMBASSADEURS AFRICAINS DE PARIS (CAAP 18) se tiendra le MERCREDI 21 MAI 2025, à partir de 17 h, au Conseil supérieur du Notariat, 60 boulevard de La Tour-Maubourg, 75007 Paris, sur le thème :

« QUELS SONT LES AVANTAGES DE L’OHADA*
POUR LES 17 PAYS ADHÉRENTS D’AFRIQUE ? »

Avec la participation confirmée de
S. E. M. Ahmad MAKAILA, Ambassadeur du TCHAD.

* L’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA) est une organisation intergouvernementale créée le 17 octobre 1993 à Port-Louis (Île Maurice) par le Traité relatif à l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique. Elle regroupe aujourd’hui 17 États membres, principalement d’Afrique francophone, et vise à harmoniser le droit des affaires pour garantir la sécurité juridique et judiciaire, stimuler les investissements et favoriser le développement économique en Afrique

>>> Candidats panélistes experts et entreprises sponsors souhaitant participer, faites-vous connaître auprès de : contact@africapresse.paris

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