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Au Forum de Paris, à propos du conflit Israël - Palestine : « la Paix sous vingt-quatre mois ? »

Tous pays EUROMED-AFRIQUE | 15 avril 2010 | src.leJmed.fr
Au Forum de Paris, à propos du conflit Israël - Palestine : « la Paix sous vingt-quatre mois ? »
Paris - Le Forum de Paris a consacré sa première session du samedi 10 Avril au thème d’« Une nouvelle approche du conflit Israélo Palestinien », l’articulant autour de deux questions centrales qui se posent aujourd’hui à l’administration Obama : est-il possible d’intégrer le Hamas dans le processus de paix, à quel prix et dans quelles conditions ? Étant donné l’extrême faiblesse des protagonistes, faut-il leur imposer un règlement ?
Photo ci-dessus : Miguel-Angel Moratinos, ministre espagnol des Affaires étrangères et de la Coopération, durant son allocution au Forum de Paris 2010. © Alfi Malek pour leJmed.fr

par Alfi Malek


Si les avis sur le parcours et la manière de parvenir à cette paix étaient très différents, voire parfois divergents, il se dégageait cependant un consensus clair : l’absence de paix menace le projet de l’UPM, et plus globalement la paix dans la région, et dans le monde.

Selon plusieurs intervenants, le moment serait venu de parvenir à cette paix, par une marche forcée, si nécessaire.

Une première plénière dédiée à cette question de la pais au Proche-Orient était animée par Vincent Hervouet (TFI-LCI), et faisait intervenir : Robert Malley, ancien conseiller du président Clinton, directeur du programme pour le Moyen Orient, et l’Afrique du Nord à l’« Internaitonal Crisis Gorup » ; le général Shaul Mofaz, ancien chef d’état major de l’armée Israëlienne, ancien Ministre de la Défense ; Steven Erlanger, chef du bureau du New York Times à Paris.

On dégagera de ce débat les éléments suivants :

  Le moment est plus favorable que jamais pour parvenir à une paix. Cette affirmation a fait l’unanimité parmi intervenants

  Ce constat résulte de la détermination du président Obama de régler cette question dans un délai ne dépassant pas 24 mois

  L’Europe est décidée à agir en diapason avec les Etats-Unis pour trouver une solution globale au conflit

  S’il y a convergence de la part de tous les intervenants sur la nécessité absolue de parvenir à une paix négociée, il y a divergence sur la manière d’y parvenir et les étapes intermédiaires qu’il faudra traverser.

Le plan de paix selon Le général Shaoul Mofaz

Le général Shaoul Mofaz propose un plan de paix qu’il souhaite israélien, et voit la solution en deux étapes.
Il propose la création d’un état Palestinien ayant une superficie équivalente à celle d’avant 1967, mais pas les mêmes frontières. Pour lui il n’y a pas de négociation possible avec le Hamas, et Israël ne doit pas négocier tant que les Palestiniens n’ont pas réuni leur voix en une seule représentation. Il considère que le Hamas est la garde avancée de l’Iran, et qu’il sera nécessaire de détruire cette force terroriste si elle ne renonce pas à sa démarche et tant qu’elle ne reconnaît pas Israël.
Le général Shaoul Mofaz espère que les pressions internationales sur l’Iran porteront leurs fruits, sans quoi, l’option militaire n’est pas à écarter en dernier ressort.

Le Hamas au cœur du débat

Si les deux autres intervenants à ce premier plateau conviennent de l’impasse dans laquelle le Hamas a entraîné les Palestiniens et toute la région en conséquence, ils disconviennent avec le général Mofaz sur le fait que le Hamas soit une pure émanation de l’Iran de confession shiite. Le Hamas est de confession Sunnite, il est lié aux frères musulmans égyptiens.

Le Hamas pour eux est palestinien, il s’est construit sur la dénonciation des égarements du Fatah. Il a remporté des élections. Cela étant, tous conviennent de la nécessité de parvenir à un changement d’attitude de la part du Hamas. L’Egypte tente de sortir de l’impasse en cherchant à établir le dialogue entre les parties. Le panel est unanime sur l’absurdité du blocus de la bande de Gaza, qui prend en otage des civils innocents, donnant raison au Hamas et renforçant son emprise sur Gaza.

« Imposer la Paix ? »

La deuxième plénière, animée par Félix Marquardt avait pour thème « Imposer la Paix ? » et faisait intervenir S.E. l’Ambassadeur Elie Barnavi, Paul Taylor, associate Editor pour Reuter, et Mona Eltahawy, Editorialiste au Herald Tribune au Washigton Post et à Haarezt.

Elie Barnavi soutient la thèse de la nécessité d’imposer la Paix de l’extérieur, en l’occurrence, par la pression que peuvent exercer les grandes puissances le quartet et notamment les Etats-Unis et l’Europe. Il justifie cette approche par le fait que chaque camp est aujourd’hui affaibli et ne peut plus prendre des initiatives fortes allant résolument vers l’institution de la paix. Abou Masen n’est plus un représentant élu du peuple palestinien, et de l’autre côté du mur, la coalition peut se disloquer à tout moment.

Faute de personnalités solidement ancrées dans leurs postes, la décision doit être imposée de l’extérieur.

Le scénario auquel croit Elie Barnavi est celui de la déclaration unilatérale d’un Etat Palestinien, avec l’accord préalable du quartet, des Etats-Unis et de l’Europe. Le premier Ministre palestinien travaille à l’élaboration des bases permettant de construire un Etat. L’Europe et le quartet se doivent de l’aider.

La solution imposée, répond Mona El Tohany n’est pas toujours viable. Elle s’interroge sur sa pérennité. Elle donne l’exemple de la paix entre l’Egypte et Israël. L’accord de paix avec l’Egypte aura coûté la vie au président, Anwar el Sadat.
Aujourd’hui, il s’agit d’une « paix froide » Toutefois, Mona El Tohany convient qu’une paix froide vaut mieux qu’une guerre chaude.

Moratinos : « Il y a urgence, parce qu’il y a danger »

Miguel-Angel Moratinos, ministre espagnol des Affaires étrangères et de la Coopération, insiste dans son allocution, sur l’urgence de la paix. En contradiction avec le Général Shaoul Mofaz, il soutient qu’une solution globale résultant de pourparlers directs est le seul moyen efficace pour atteindre l’objectif.
Toutes les solutions ont été étudiées et sont connues de tous, selon M Moratinos.

Il y a urgence, parce qu’il y a danger, il y a une menace réelle et directe pour l’UpM. 

Miguel-Angel Moratinos insiste sur la nécessité d’agir de concert avec le président Américain pour régler le conflit dans les limites du délai de 24 mois qu’il s’est fixé. L’Espagne dans le courant de sa présidence de l’Europe est déterminée à faire bouger les lignes.

Le second Sommet de l’UPM, qui devrait rassembler les 43 chefs d’Etat ou de gouvernement concernés, sera déterminante, selon Miguel-Angel Moratinos.

Des pourparlers sont en cours avec l’Egypte, et la France pour mettre au point un plan de paix. L’UE s’impliquera directement et donnera aux uns et aux autres des garanties de sécurité pour ramener la confiance.

Une pression politique et diplomatique est envisageable pour mettre un frein à la colonisation, estime Miguel-Angel Moratinos. Un processus de régionalisation est en cours d’étude, il comportera une zone de libre échange. La Syrie sera appelée à participer à ce projet.

La dynamique des projets en cours et à venir dans le cadre de l’UPM sera un moteur puissant garant de paix et de progrès dans la région. Et Miguel-Angel Moratinos de conclure son intervention par cette phrase : « Je ne voudrais pas passer dans l’Histoire comme un ministre qui a raté le rendez-vous »

Vincent Peillon sur la même ligne que Miguel-Angel Moratinos

Dans son intervention, le député français (PS) au Parlement européen, Vincent Peillon a développé un discours concordant avec celui de Miguel-Angel Moratinos.

Il souligne que l’Europe doit savoir s’impliquer, dire mieux ce qu’elle veut. Le fait que le conflit engage directement les intérêts des Etats-Unis dans la région amène aujourd’hui le président Obama à manifester une toute nouvelle volonté pour sa résolution, relève Vincent Peillon, qui estime qu’entre l’Europe et les Etats-Unis il doit y avoir coordination, solidarité dans la méthode et dans les principes. L’Europe contribue par son apport et son appui politique, logistique et financier. Son partenaire privilégié est Israël. Cela étant, l’Europe s’emploie aussi à surmonter les asymétries. Elle apporte un soutien financier important au premier Ministre Fayyad pour consolider les infrastructures d’un futur état palestinien. Cinq cent million d’Euros sont prévus à cet effet.

Vincent Peillon insiste aussi sur « la dimension historique de l’UPM », qui projette de créer un espace de prospérité et de paix pour une population de quelque huit cent à un milliard d’habitants da la grande région euro-méditerranéenne.

En conclusion, il s’est dégagé de cette session, l’impression d’une concentration inégalée dans le passé de volontés et de détermination pour venir à bout de ce conflit.
Si l’Europe aura à jouer un rôle essentiel dans cette démarche, c’est de la volonté américaine que dépendra l’issue de ce futur plan de paix.

Les mois à venir semblent donc être les mois de tous les espoirs, mais aussi les mois de tous les dangers.


© Alfi Malek


Autre article d’Alfi Malek :

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