Au Forum Afrique Cian-L’Opinion / Étienne GIROS, Président du Cian : « Il faut le répéter aux investisseurs : l’Afrique, c’est rentable ! »
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par Alfred MIGNOT, AfricaPresse.Paris (APP)
@alfredmignot | @africa_presse
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L’enquête, conduite dans les dernières semaines de 2022 auprès de 800 entreprises implantées dans tous les pays d’Afrique, exclusivement des filiales de groupes internationaux, donne ainsi une image on ne peut plus précise de l’activité de l’année écoulée. Le Baromètre issu de cette enquête est structuré en deux parties : la marche des affaires en 2022 et les projections sur 2023 d’une part, et dans la deuxième partie, l’appréciation de l’environnement général des affaires en Afrique, fondée sur une batterie de 39 indicateurs.
Le Baromètre – 33e édition annuelle – en présente la synthèse, tandis que le magazine détaille les informations, avec une page par pays, et s’avère désormais un outil de travail et de prise de décision d’autant plus précieux que le fameux Rapport annuel Doing Business de la Banque mondiale a cessé de paraître.
« J’ai deux bonnes nouvelles à partager avec vous, déclare d’emblée Sandrine Sorieul, Directrice générale du Cian, en démarrant la présentation du baromètre devant les très nombreux participants au Forum (quelque 1 750 inscrits) : pour 2022, 77 % des entreprises ont été à l’équilibre ou bénéficiaires ! Et pour 2023, les entreprises sont encore plus optimistes puisque 92 % se projettent dans une année bénéficiaire ou à l’équilibre.
Donc quand on vous dit que l’Afrique est un relais de croissance, c’est bien le cas », commente Sandrine Sorieul, avant de détailler les tableaux (slides).
Ainsi, sur le tableau ci-dessous, intitulé « Dans quels pays les entreprises ont-elles fait du profit en 2022 ? », on peut observer que pour de nombreux pays, si l’on ajoute les parties marron foncé (bénéfices) et marron clair (équilibre), beaucoup de lignes atteignent quasiment les 100 %, preuve que « la marche des affaires est très bonne, que les entreprises peuvent adapter leur niveau d’activité à la conjoncture et qu’elles sont donc très résilientes et efficaces en Afrique ».
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Percée de la Tanzanie
et de l’Ouganda
Percée de la Tanzanie
et de l’Ouganda
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Si l’on observe cette fois les résultats par pays, on constate la montée de « nouveaux pays, comme la Tanzanie et l’Ouganda, en particulier pour les entreprises françaises. En tête du classement, on retrouve aussi le Nigeria – une des plus importantes économies du continent, où les entreprises françaises sont installées depuis longtemps –, le Kenya et le Maroc, tandis que Mauritanie et le Niger apparaissent aussi comme des pays très dynamiques et très accueillants pour les entreprises.
« En bas du classement, relève encore la Directrice générale du Cian, on trouve des pays où la conjoncture politique est un peu plus compliquée, comme le Mali ou le Burkina Faso, ou encore le Ghana, confronté à des problèmes monétaires ».
Dans quels pays se projeter en 2023 ? Au regard du deuxième tableau du Baromètre du Cian, les pays où le plus d’entreprises se projettent à la fois dans la croissance et les bénéfices sont la Tanzanie, Maurice, la Mauritanie, la Tunisie, ainsi que des pays « plus classiques » comme la Côte d’Ivoire, le Maroc, le Kenya.
Le troisième tableau – « Où les entreprises investiront-elles en 2023 ? » – met en évidence des pays comme la Tanzanie, l’Ouganda, le Togo ou encore le Nigeria. Et puis, en bas de classement, la Tunisie, la Centrafrique, Djibouti ou le Mali. « Autant d’indicateurs dont on trouve le détail dans le magazine Cian-L’Opinion 2023 [téléchargeable ici] » rappelle la Directrice générale du Cian.
Selon le Président du Cian Étienne Giros, qui a commenté la présentation du baromètre, les leçons que l’on peut tirer de ces tableaux sont claires : « L’Afrique, c’est rentable ! Il faut expliquer cela aux investisseurs ! Certes, c’est quelquefois compliqué, mais la réalité, malgré certaines appréhensions, c’est que les affaires marchent bien en Afrique ! »
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Les pays les mieux placés pour
l’environnement des affaires
Les pays les mieux placés pour
l’environnement des affaires
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La seconde partie de l’étude explore l’environnement des affaires, évalué sur la base de 39 critères, également détaillés dans le magazine. En tête de ce classement on trouve une fois de plus le Maroc et Maurice, mais aussi un nouveau venu, le Kenya, qui tend progressivement à les rejoindre.
« Notez cependant que le climat des affaires ne fait pas tout, relève Sandrine Sorieul, puisque par exemple le Nigeria, pays assez chaotique, est assez mal placé, mais c’est aussi un pays que l’on trouve tout en haut du classement en termes d’opportunité pour les entreprises, qui y réussissent très bien et gagnent très bien leur vie. Donc vous pouvez avoir un climat des affaires complexe, mais dans lequel les entreprises trouvent des solutions. »
Concernant certains autres paramètres – l’électrification, le réseau routier, l’incitation à l’investissement, le coût de la main-d’œuvre… – leur représentation par cartes géographiques permet en un clin d’œil de saisir l’état d’avancement. Sur la première carte, présentant l’état de la distribution électrique, on voit d’emblée qu’elle est plus satisfaisante pour les entreprises en Afrique du Nord, à Maurice ou encore au Togo.
La carte suivante présente l’incitation à l’environnement et on voit que le Togo et le Bénin ont été très bien notés sur ce critère en 2022. Le Maroc et l’Égypte aussi sont des pays considérés comme favorables, ou encore Djibouti et l’Afrique du Sud.
La dernière carte présente le coût de la main-d’œuvre ou plutôt un indicateur de son rapport qualité/prix. Cela prend aussi en compte le fait que dans certains pays où la formation est bien notée, les entreprises peuvent envisager d’y avoir des services offshore, par exemple au Maroc ou en Tunisie. Mais c’est aussi la loyauté et l’efficacité qui sont appréciées par cet indicateur. De ce fait, le Bénin, le Togo ou encore Madagascar sont considérés comme des pays favorables.
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« Le comportement citoyen
des entreprises françaises »
« Le comportement citoyen
des entreprises françaises »
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Commentant ce dernier tableau, le Président Étienne Giros a insisté à son tour sur la bonne compréhension de cet indicateur : « Comme le dit Sandrine, ce n’est pas du tout le coût bas de la main-d’œuvre qui nous importe ici, non pas le critère du moins-disant, mais celui du mieux-disant. Car ce n’est pas le genre des entreprises françaises que de ne pas appliquer les règles de RSE. Bien au contraire, et j’en profite pour le rappeler : les entreprises françaises ont un comportement assez remarquable en termes de RSE en Afrique, c’est une réalité que l’on peut mettre en avant.
Qu’il s’agisse d’insertion et de formation professionnelle de leurs collaborateurs, ou encore d’établir des partenariats avec des entreprises du pays et de s’insérer dans les sociétés locales, les entreprises françaises font le plus souvent montre d’un comportement citoyen », a relevé le Président du Cian.
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Les personnalités du panel et quelques autres ayant participé à notre VIIIe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris (de gauche à droite sur le photo) : S. E. M. Alaa YOUSSEF, Ambassadeur d’ÉGYPTE ; M. Alfred MIGNOT, Président AfricaPresse.Paris, concepteur et modérateur des CMAAP ; S. E. M. François NKULIKIYIMFURA, Ambassadeur du RWANDA ; Mme Lucia PETRY, Présidente de BPL Global France ; M. É tienne GIROS, Président du Cian ; Mme Læticia BALOU, Présidente de LB Global Consulting ; S. E. M. Ayed Mousseid YAHYA, Ambassadeur de DJIBOUTI ; M. Zied LOUKIL, Associé Mazars France ; S. E. M. Vijayen VALAYDON, Ambassadeur de MAURICE ; M. Emmanuel PEZÉ, Vice-Président Afrique et Moyen Orient de TINUBU. © F. Reglain
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