#AmbitionAfrica - Sekou COULIBALY, CEO de Sekbi Bogolan : « Nous voulons développer le textile “Made in Africa” sur le marché international »
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Propos recueillis par Bruno FANUCCHI pour AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse
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APP – Nouvelle marque dans l’industrie du luxe en Afrique, votre Sekbi semble progresser à pas de géant...
Sekou COULIBALY – Je suis en effet le cofondateur de Sekbi, une compagnie de textile, et le propriétaire de la marque de prêt-à-porter Sekbi Bogolan, que nous avons lancée sur les réseaux sociaux à la fin de 2020 et que nous avons commencé à commercialiser au début de cette année, grâce à des partenariats avec le Société Générale et le groupe CFAO.
Notre société s’inspire des méthodes de fabrication artisanale du légendaire Bogolan, symbole fort de l’héritage africain. Le Bogolan, qui signifie en bambara « Issu de la terre », est en effet un tissu malien teint suivant une technique spécifique au Mali et aux pays de la sous-région.
APP – Comment est née votre société ?
Sekou COULIBALY – Nous avons ouvert cette société en 2018 à Maurice, où notre holding est basée, alors que j’étais encore à Accra (Ghana) patron du groupe l’Oréal pour l’Afrique de l’Ouest. J’étais déjà « Executive Director » de la boîte, mais mon épouse l’a gérée jusqu’à ce que j’abandonne mes anciennes fonctions pour m’en occuper à plein temps.
Comme j’ai été naturalisé Ghanéen, cela m’a permis d’ouvrir également une entité légale de Sekbi au Ghana, au début de 2021, et d’avoir des bureaux à Accra. Et nous avons ouvert en mai dernier une troisième entité : Sekbi France.
APP - Revenons en quelques mots sur votre formation et votre parcours professionnel...
Sekou COULIBALY – Titulaire d’un bachelor de commerce en affaires internationales de l’Université américaine McGill ainsi que d’un master en communication et marketing de l’ESCP Business School, j’ai été, de 2013 à 2015 à Lagos, directeur général de l’Oréal au Nigeria et, précédemment encore, directeur commercial de la marque aux États-Unis, pendant quatre ans. Ce qui fait déjà une belle carrière dans l’industrie cosmétique.
APP – Pourquoi avoir choisi de vous installer sur l’île Maurice ?
Sekou COULIBALY – Après avoir visité cinq pays d’Afrique, nous avons choisi Maurice car cette île de l’océan indien nous permet d’avoir une qualité de standards internationaux tout en restant sur le continent africain. Nous avons déjà quatre usines à Maurice, toutes sont certifiées « Oeko-Tex » – ce qui assure que nos vêtements ne sont pas nocifs à la santé – et travaillent avec de grands groupes comme Puma, Hugo Boss ou Calvin Klein.
Sur ma route, j’ai eu la chance de rencontrer le Sénégalais Abdou Diop, le patron de Mazars au Maroc, dont le réseau est influent dans toute l’Afrique et qui est en quelque sorte devenu un peu mon parrain. C’est lui, à vrai dire, qui m’ a ouvert les bonnes portes à Maurice…
Certaines de nos usines sont spécialisées aujourd’hui dans le prêt-à-porter et d’autres dans la confection d’uniformes pour le personnel des hôtels et pour les chefs, notamment du groupe Accor.
Sekbi a, en effet, développé en parallèle cette autre activité sur le marché. Nous avons signé avec le groupe Mariott-Kempinski, qui vient de payer et que nous livrons en novembre. À Abidjan, nous faisons prochainement l’ouverture de l’hôtel Noom, le Radisson Blue nous intéresse aussi et le Pullman nous a également appelé pour sa restauration.
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« Nous sommes désormais
en pourparlers avec Bpifrance »
« Nous sommes désormais
en pourparlers avec Bpifrance »
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APP – Vos affaires seront donc bientôt florissantes ?
Sekou COULIBALY – J’espère bien ! On va dire que les affaires décollent, même si ce n’est pas toujours facile. Comme je fus au départ seul investisseur dans cette entreprise, j’ai dû prendre toutes mes réserves personnelles et mettre 100 % de mes billes sur ce beau projet. Mais nous recherchons maintenant des partenaires financiers.
Grâce à Son Excellence Anne-Sophie Ave, ambassadrice de France à Accra, je suis entré en relation avec Proparco et l’AFD et j’ai eu quelques réunions de travail avec eux. Mais la majorité des banques ou des fonds d’investissement – vous le savez – ont tendance à être sur des « gros tickets » et, quand il s’agit de « petits tickets » comme nous, ils ne regardent pas trop le secteur de l’habillement ou du textile…
Nous avons eu cependant pas mal de rendez-vous avec Africa Invest et nous sommes désormais en pourparlers avec Bpifranc : j’ai ainsi rencontré Pedro Novo et Nicolas Dufourcq en Côte d’Ivoire, lors de leur récent événement. J’ai eu le plaisir d’y être invité par mon ami Arnaud Floris, le patron de la BPI pour l’Afrique de l’Ouest, et nous regardons désormais de plus près les opportunités potentielles.
APP – Quelle est aujourd’hui l’ambition de Sekbi ?
Sekou COULIBALY – Notre objectif, c’est vraiment de développer le « Made in Africa » pour tout ce qui est textile et de cibler le marché international. Nous avons commencé par l’Afrique de l’Ouest, qui est un marché que nous connaissons bien, mais nous avons pour ambition de rentrer sur le marché européen et américain. D’où l’importance de Sekbi France. Nous voulons offrir sur les marchés européen et américain une alternative africaine qui n’ait rien à envier à la qualité que l’on peut trouver en Asie.
APP – Quelques chiffres pour résumer l’activité de votre groupe ?
Sekou COULIBALY – Nous sommes encore petit car nous avons commencé à vendre au début de 2021, mais nous espérons d’ici à la fin de l’année dépasser le demi-million de dollars avec pour objectif d’arriver à 50 millions de dollars en cinq ans, mais cela est lié à la distribution de la marque Sekbi Bogolan. Car, sur les uniformes, on voit un potentiel à environ 4 ou 5 millions de dollars.
Cela nous permet de poursuivre à court l’activité générale de l’entreprise car, au niveau du « cash flow », c’est super sain comme modèle d’affaires. En termes de collaborateurs, nous ne sommes pour l’instant qu’une dizaine, mais c’est déjà une aventure plus que panafricaine : je dirais euro-africaine, car nous privilégions les partenariats avec l’Europe.
APP – D’autant plus que vous êtes issu et attaché à une double culture …
Sekou COULIBALY – Je suis en effet Français, Malien et Ghanéen. Mais je me considère avant tout comme Africain. Auprès d’une mère qui a travaillé aux Nations Unies et qui a changé de pays pendant 27 ans, j’ai grandi au Rwanda, au Burkina Faso, en République centrafricaine, en Guinée, au Mozambique...
Ce que je garde de mon éducation, c’est cette culture française alliée à cet héritage africain. C’est pourquoi je regarde et j’essaie de puiser là où l’Afrique est plus forte. Je suis pragmatique : Maurice se distingue par son expertise textile, et le Ghana reste incontestablement l’un des pays les plus stables en Afrique de l’Ouest, pour conquérir ces marchés.
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« Après Sonia Rolland, je rêve
d’habiller un jour le Président Macron »
« Après Sonia Rolland, je rêve
d’habiller un jour le Président Macron »
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APP – Votre participation à #AmbitionAfrica est une première ?
Sekou COULIBALY – C’est effectivement pour moi une grande première ! Qui survient d’autant mieux que j’ai eu également l’occasion de rencontrer à Paris le CEO de Vlisco, la grande entreprise néerlandaise qui – avec le wax notamment – est le plus important acteur textile en Afrique, où elle est devenue la référence de la mode et du luxe.
Je me suis donc retrouvé invité en France pour participer, à Bercy, à cette troisième édition #AmbitionAfrica, le grand rendez-vous de la rentrée des entrepreneurs français et africains.
APP – N’avez-vous pas aussi contribué à la préparation du Nouveau sommet Afrique-France de Montpellier ?
Sekou COULIBALY – C’est exact ! J’ai aidé, de manière indirecte, à la préparation du Nouveau sommet Afrique-France de Montpellier, présidé par Emmanuel Macron. J’avais été contacté en amont par certains organisateurs du Sommet qui – dans un souci d’ouverture à l’Afrique anglophone – étaient intéressés par mon expérience des pays anglophones du Continent, comme le Ghana et le Nigeria. J’ai donc multiplié les mises en relation et coordonné des rendez-vous avec quelques célébrités.
C’est ainsi que l’on m’a demandé si j’acceptais d’être le parrain de leur événement Culture, organisé le 23 septembre dernier, en amont du Sommet, et animé par Hapsatou Sy. J’ai bien sûr accepté sans hésiter.
Après avoir habillé l’actrice Sonia Rolland – nous étions, il est vrai, en classe ensemble au Rwanda – qui fut couronnée Miss France en l’An 2000, je rêve d’ailleurs d’habiller un jour le Président Macron...
APP – Quel était plus précisément votre mission en amont ?
Sekou COULIBALY – L’objectif était de recréer le dialogue entre des profils issus de l’immigration africaine basés en France et de trouver des opportunités pour accélérer ce partenariat entre l’Europe et le Continent.
S’agissant de la culture, j’ai fait part de mon expérience, mais il y a encore beaucoup à faire. Ma compagne travaillant pour Ralph Lauren et LVMH, moi chez l’Oréal, nous avons eu la chance de bénéficier d’une éducation et d’une expérience reconnues et appréciées à travers le monde, et cela s’appelle l’excellence française !
La France est, en effet, connue pour sa culture, son goût, sa créativité dans la mode et l’habillement. Ce sont autant d’atouts et de richesses. En Afrique, par exemple, tout le monde connaît Dior. C’est une force que la France n’utilise peut-être pas assez sur le Continent alors qu’elle pourrait ainsi se différencier d’autres acteurs tels que la Chine, la Turquie ou la Russie, qui cherchent à se faire une place en Afrique avec souvent bien plus de moyens financiers.
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EN SAVOIR PLUS
Site : www.sekbibogolan.com
Instagram : @Balysek @sekbi_bogolan
Linkedin : Sekou Coulibaly
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