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#AmbitionAfrica / Lionel Baraban, DG de FAMOCO : « Accepter que nos données soient exploitées en quasi-monopole par d’autres, ce serait se résigner au statut de colonie digitale ! »

14 août 2020
#AmbitionAfrica / Lionel Baraban, DG de FAMOCO : « Accepter que nos données soient exploitées en quasi-monopole par d'autres, ce serait se résigner au statut de colonie digitale ! »
Spécialisée dans la création de solutions digitales mobiles, présente dans 30 pays africains, Famoco est l’un des fleurons de la tech française, et la première PME à avoir contracté sa participation à Ambition Africa 2020, qui se tiendra les 17-18 novembre prochains à Paris-Bercy. Rencontre avec Lionel Baraban, son DG cofondateur.

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Propos recueillis par Alfred MIGNOT, AfricaPresse.Paris (AP.P)
@alfredmignot | @PresseAfrica

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Quel est le cœur de métier de Famoco ?
Lionel Baraban –
Famoco valide tous types de transactions digitales sur un téléphone mobile sécurisé professionnel. Nos « TPE mobile multiservice » sont utilisés par des marchands et des agents pour effectuer des paiements, de la validation d’identité, de l’enrôlement clients, de la validation de titre de transport, du recensement, du suivi de livraison, etc.

Nos solutions transforment l’écosystème Android en une plateforme sécurisée pour un usage professionnel. Grâce à un Android sécurisé et à une plateforme SaaS, Famoco protège les data sensibles de ses clients en évitant toutes fuites vers des serveurs extérieurs.

Vos produits et services phares ?
Lionel Baraban –
Nous développons des solutions d’enrôlement biométrique (ou pas) pour les opérateurs téléphoniques et les banques, des solutions d’inclusion financières, de “point of sale multi services” ainsi que l’accompagnement à l’implémentation de schémas de paiements privatifs et/ou biométriques.
Toutes les transactions de ces solutions transitent sur nos terminaux. Ces terminaux sont sous Android, et sont sécurisés, connectés, administrables à distance et traçables. Ils sont nativement connectés à une plateforme de gestion de terminaux à distance qui assure une gestion optimisée des terminaux. De plus, l’OS Android de Famoco est le seul système d’exploitation européen, pour les professionnels, indépendant des GAFA.

Que représente pour vous le marché africain ?
Lionel Baraban –
L’Afrique est pour nous une terre de croissance et d’innovation d’usages, en particulier autour des fintechs. Ce contexte attire les collecteurs de données du monde entier et notre ambition est de contribuer à ce qu’elle devienne un modèle inspirant pour l’Europe, en termes de protection des données.

Voulez-vous citer trois exemples de vos opérations en Afrique : la plus importante, la plus modeste, la plus novatrice ?
Lionel Baraban – Notre opération la plus importante
 : nous aidons les Nations Unies à digitaliser la distribution de coupons alimentaires. Nous équipons plus de 20 millions de bénéficiaires et sécurisons l’équivalent de près d’1 milliard de dollars d’aide alimentaire.

Ce service consiste en des cartes de paiement nominatives, distribuées aux bénéficiaires pour leur permettre de réaliser leurs achats auprès de commerçants équipés des terminaux Famoco. Ces commerces sont évidemment choisis par l’autorité publique – gouvernement, municipalité, etc. –, au regard de la nature des biens et des services qu’ils proposent.

Grâce à ce porte-monnaie numérique disponible sur une carte sans contact personnalisée – telle une carte de transport en commun –, par ailleurs totalement sécurisé et respectueux des données personnelles, les bénéficiaires peuvent facilement répondre à leurs besoins quotidiens sans dépendre exclusivement de tiers.

De plus, ce système aide des personnes exclues des circuits bancaires et économiques traditionnels de retrouver leur dignité en devenant des agents économiques au pouvoir d’achat propre. Ces coupons alimentaires sont donc aussi sécurisés qu’une transaction bancaire, tant pour le bénéficiaire que pour le commerçant.

Notre opération la plus modeste : en Afrique, des milliers de points d’eau sont inutilisables faute d’investissement. Pour pallier cette problématique, la société UDUMA gère, entre autres, 1 400 points d’eau au Mali pour permettre à 560 000 habitants de s’approvisionner en eau.
En accord avec les autorités locales, la société fixe un prix à l’eau qui permet de rémunérer un concierge responsable de la pompe et un mécanicien qui l’entretient. Les personnes concernées par le programme peuvent ainsi retirer une carte prépayée (cashless) et se fournir en eau en la payant au litre (habituellement, moins d’un centime).

Dans ce cadre, Famoco fournit les terminaux transactionnels pour valider les achats d’eau avec la carte prépayée. Ces appareils sont adaptés aux enjeux de l’Afrique, avec un prix d’acquisition et de déploiement adapté au business modèle porté par Uduma, facilement déployables et entièrement sécurisés. Ils sont notamment gérés à distance par un logiciel de gestion MDM. 
Ainsi, contrairement à des smartphones, ils n’ont aucune valeur sur le marché et ne sont donc jamais volés. De plus, les terminaux fournissent des données en temps réel sur l’utilisation des équipements pour améliorer leur gestion.

Notre opération la plus novatrice : nous avons travaillé avec la banque centrale du Ghana pour déployer deux schémas de paiement nationaux.
Le premier schéma de paiement est dédié à la rémunération des fonctionnaires, basée sur l’authentification par empreinte digitale grâce au terminal biométrique FP202. Chaque mois, les fonctionnaires valident leurs identités grâce à leur empreinte biométrique pour ensuite recevoir leurs salaires sur leur carte de salarié, depuis le terminal FP202.

Le deuxième schéma de paiement vise principalement les commerces, avec pour objectif principal de faciliter l’expérience client des détaillants ghanéens. Sachant que la banque centrale du Ghana n’utilise pas les transactions bancaires VISA et Mastercard, nous les avons accompagnés pour intégrer un schéma de paiement national qui permet aux citoyens de payer par carte bancaire sur leur réseau domestique Gh-Link (hors VISA & Mastercard).

Depuis juin 2020, toutes les plus grandes banques du Ghana sont équipées de notre terminal FP202 avec une application bancaire qui permet d’accepter des paiements nationaux par carte contact. Les banques s’occupent ensuite du déploiement des 15 000 terminaux vers leurs réseaux de commerces sur l’ensemble du territoire.

Visez-vous en priorité l’Afrique francophone… ou pas ?
Lionel Baraban –
Nous travaillons aujourd’hui avec des entreprises originaires de plus de 30 pays africains. Nous n’avons donc pas de barrière de la langue. De plus, nous avons décidé de positionner deux représentants permanents en Côte d’Ivoire et en Ouganda pour renforcer nos capacités opérationnelles sur le continent. Le fait de disposer de ressources locales facilite le développement continu d’un écosystème Famoco en Afrique.

Votre activité en Afrique est-elle impactée par la pandémie ?
Lionel Baraban –
Nous avons vu un ralentissement dans les projets avec nos clients, sachant que tous les pays ont été impactés les uns après les autres, à des périodes différentes. La situation reste complexe sur le sol africain, comme ailleurs. C’est pour cela que nous nous efforçons de rentrer en contact avec des gouvernements, afin de proposer notre aide sur une meilleure traçabilité des cas et de rendre le système d’aide plus efficace.

Vous êtes la première entreprise française à vous être inscrite pour participer à Ambition Africa 2020. Dans quel objectif ?
Lionel Baraban –
Nous souhaitons y promouvoir une meilleure prise de conscience des problématiques liées à la protection des données de nos partenaires africains, et pouvoir proposer nos solutions de digitalisation de transactions pour qu’ils considèrent les données créés comme une matière première, aussi important que le cacao, le nickel, etc.

La protection des données est un point fort de votre raison d’être d’entreprise ?
Lionel Baraban –
Oui ! Car nous constatons trop souvent que la prise de conscience de l’importance stratégique de la collecte des données reste embryonnaire, et cela au seul bénéfice des géants du secteur, que chacun connaît, et qui collectent constamment nos données et les traitent pour en créer de la valeur.

La donnée est véritablement une matière première, un bien qui appartient à aux entreprises ou aux personnes, mais qui est aujourd’hui collectée et exploitée digitalement par d’autres. Accepter que nos données soient exploitées en quasi-monopole par d’autres, ce serait se résigner au statut de colonie digitale !

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