AfricaPresse.Paris

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Propos recueillis par Bruno FANUCCHI pour AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse

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APP – Êtes-vous satisfaite de votre participation à #AmbitionAfrica ?

Chinedu RITA ROSA – Pour une Nigériane anglophone comme moi, même si je vis désormais à Bordeaux, ces deux jours passés à Paris-Bercy constituent une superbe occasion de contacts. J’y ai fait de nombreuses rencontres utiles et prometteuses qui restent à se concrétiser… autour d’un bon verre de vin ! Je reviendrai à #AmbitionAfrica, je l’espère bien, l’année prochaine.

APP – D’où vous vient votre passion du vin ?

Chinedu RITA ROSA – Mon oncle, M^gr Martin Uzoukwu, qui était évêque catholique de Minna, fut le premier à me faire goûter du vin rouge à l’âge de 16 ans, en tout bien tout honneur. C’était une bouteille exceptionnelle et j’y ai pris goût dans mon adolescence, en préférant toujours le vin à la bière qui est, chez nous, boisson habituelle de la jeunesse.

Mais mon travail dans le vin, c’est une toute autre histoire. Il y a vingt-cinq ans, j’ai épousé un Libanais qui travaillait au Nigeria et y importait beaucoup de vin pour le vendre sur notre marché. Mais c’était un vin de table assez ordinaire et j’ai souhaité rapidement monter en gamme pour faire découvrir à mes compatriotes de vrais vins onctueux en bouche. Car le Nigeria est une société de buveurs de bière.

À l’époque, je travaillais à l’Union de banques du Nigeria et mon mari m’a convaincue de travailler pour lui et m’a envoyée à VinExpo à Bordeaux, en me disant : « Tu vas goûter les meilleurs vins pour nous ».

Comme mes choix ont été fort appréciés par notre clientèle, pour l’amour du bon vin, j ’ai alors appris les techniques d’importation, la vente en gros, la vente au détail et le marketing.
Puis, je suis partie au Liban et nous nous sommes installés à Beyrouth, où j’ai vécu pendant quatre ans et où notre famille a encore des vignes dans la montagne. Mais mon mari est malheureusement décédé en 2008, victime d’un accident.

APP – Votre vie a alors basculé ?

Chinedu RITA ROSA – En novembre 2008, je suis donc rentrée à Lagos, au Nigeria. Tous mes proches me demandaient : et maintenant, que veux-tu faire ? Je voulais continuer à travailler dans le vin et, à force de ténacité, j’ai fini par ouvrir au Nigeria la première « Cave à vins » digne de ce nom.

Avec des grands crus importés de France, des châteaux du Bordelais, du champagne, du cognac, tous en provenance de France, de grandes marques, dont nous sommes devenus les représentants au Nigeria. Tous les expatriés français sont rapidement venus chez nous.

Puis je suis repartie à Bordeaux à l’École du Vin pour poursuivre en 2009 des études d’œnologie, me former, approfondir mes connaissances, développer et affiner mon goût déjà inné et naturel, mes papilles et mon nez ! Et devenir ainsi – grâce au Wine and Spirit Education Trust (WISET) – une véritable spécialiste reconnue du vin.

APP – Et dans votre cave à vins au Nigéria, on fait parfois de belles rencontres...

Chinedu RITA ROSA – Dans notre Cave à Lagos « X.O. Wine Stores Ikoyi », où j’organisais régulièrement de nombreuses dégustations, j’ai en effet rencontré en 2010 Frédéric, un Français qui travaillait dans l’énergie, et avec lequel je me suis remariée en 2015. Et me voilà revenue à Bordeaux, où nous nous sommes installés avec mes deux filles. J’ai ainsi une nouvelle fois commencé une nouvelle vie, avec comme priorité de bien apprendre le français, qui constitue ma huitième langue !

Chinedu RITA ROSA dans les vignes du Bordelais, où elle a bâti sa nouvelle vie… C DR

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« Et, en 2016, j’ai lancé
Bordeaux Business Network »

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APP – Mais, dans le Bordelais, que peut-on faire d’autre que de travailler dans le vin ?

Chinedu RITA ROSA – À qui le dites-vous ! Je suis donc restée dans le vin, pas dans la viticulture, mais dans la distribution et le marketing, après avoir rencontré de nombreux négociants qui me connaissaient de réputation et promettaient tous de m’embaucher dans leurs caves et châteaux... De belles promesses restées sans suite !

J’ai eu alors l’amer sentiment de ne pas être prise au sérieux car je ne leur étais tout simplement plus utile commercialement. Mais je me suis accrochée. Comme ce n’était pas facile de recommencer dans ce milieu, je me suis jetée à l’eau si je puis dire et j’ai lancé en 2016 « Bordeaux Business Network », mon propre réseau dont je suis toujours la présidente, et j’ai créé mon entreprise de conseil « Vines by Rosa » pour mieux commercialiser certains crus, notamment en Afrique. Et, bien sûr, au Nigeria, où j’ai toujours ma mère et de la famille auprès desquelles je retourne chaque année.

J’ai également lancé ma chaîne You Tube pour faire la promotion de mon entreprise, bien sûr, mais surtout pour expliquer comment prolonger le plaisir de la dégustation des vins de France en les accommodant avec des mets africains. Une subtile alchimie.

APP – Vous traitez cependant avec bien d’autres pays ?

Chinedu RITA ROSA – Je travaille beaucoup avec l’Italie, l’Espagne et le Portugal, mais je livre aussi du bordeaux au Ghana, au Togo, en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Cameroun. Et il y a deux semaines, mon partenaire était au Kenya pour prospecter et ouvrir de nouveaux marchés. Dans chacun de ces pays, je représente plusieurs grandes maisons comme Château Dauzac, Château Biac ou Château de La Ligne.

Reste à faire voyager nos bouteilles dans de bonnes conditions pour supporter trois semaines d’expédition par voie maritime jusqu’à Lagos. Les vins boisés comme le bordeaux voyagent mieux. Ils sont composés de cépages de cabernet sauvignon et de merlot. Le merlot permet de garder la fraîcheur alors qu’avec son fort tanin le cabernet donne au vin sa faculté de récupération après ce long voyage. Le vin, c’est une passion et un vrai métier !

« Tu vas goûter les meilleurs vins pour nous », lui avait dit son premier mari en l’envoyant à VinExpo Bordeaux… © DR

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EN SAVOIR PLUS

Site : www.vinesbyrosa.com
Chaîne You Tube : https://www.youtube.com/channel/UCyBCFiSSCEEc95IPUhu-5pA

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