Ahmed Omar MIITIG, vice-Président du Conseil présidentiel libyen, annonce à Business France Paris que « 2020 sera l’année de la fin des crises en Libye ! »
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Un article d’Alfred Mignot, AfricaPresse.Paris (AP.P)
@alfredmignot | @PresseAfrica
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Qui l’eût cru ? Alors qu’en 2016, le pays en lambeaux venait de connaître un cycle de trois années sans exportation de pétrole et partant sans budget public – les recettes issues du pétrole représentant 90 % des revenus de l’État –, voici que trois ans plus tard, grâce au Plan commencé en 2017, l’économie de la Libye apparaît à bien des égards en voie de renaissance : la production de pétrole est remontée à 1,3 million de barils/jour, et atteindra prochainement 1,6 million, soit le niveau de 2011 – la National Oil Corporation (NOC) vient d’ailleurs d’annoncer une augmentation de ses revenus en octobre de +21 % en glissement mensuel, à 2,2 Mds USD ; le budget de l’État a été rétabli et a de surcroît enregistré un excédent de 5,5 milliards de dollars ; le dinar libyen s’est fortement redressé, s’échangeant désormais à 4 dinars pour 1 dollar, contre 11 pour 1 en 2017…
Et encore faut-il ajouter à ces données d’autres indicateurs également passés au vert, comme l’indique dans son exposé Fanny Labarthe, Chef du bureau Méditerranée et Proche-Orient de la DG Trésor : « L’inflation a été ramenée de 28 % à 9 % ; le PIB a augmenté de 12 % en 2018 ; le pays dispose de plus de 70 Mds USD de réserves de change, couvrant 72 mois d’importation »…
Un tableau idyllique ? En tout cas plus qu’encourageant, car si Fanny Labarthe concède que l’année 2019 devrait pâtir de la baisse du prix du pétrole, « 2020 devrait être bien meilleure [car] l’économie libyenne est encore très en deçà de son potentiel », estime-t-elle.
Moment de complicité entre Fanny Labarthe, Chef du bureau Méditerranée et Proche-Orient de la DG Trésor (au pupitre) et S.E. Béatrice Le Frapper du Hellen, ambassadrice de la France à Tripoli. © AM/AP.P
« Les Libyens apprécient les entreprises françaises »
Dans ce nouveau contexte, comment se situe la France ? Plutôt mal, si l’on regarde dans le rétroviseur, car les parts de marché de nos entreprises s’élèvent à peine à 200 M€, soit… dix fois moins qu’il y a dix ans !
En revanche, de l’avis de plusieurs intervenants participant à cet atelier de vendredi 15 novembre, les entreprises françaises sont les bienvenues en Libye, et peuvent y jouer leurs atouts.
Ainsi, estime Adel Mohsen Chaabane, Partner Mazars, « les Libyens apprécient d’être en affaires avec des entreprises françaises », dont la qualité des produits est reconnue, ainsi que le fait remarquer Mohamed Raied, PDG du groupe agroalimentaire Al-Naseem, leader égyptien, qui précisant que son entreprise se fournit depuis de nombreuses en années en France, tant en matières premières qu’en équipements.
« Le partenariat doit être le mot-clé
de l’engagement de la France »
Partant de cette perception positive évoquée par plusieurs intervenants, comment faire pour améliorer les positions françaises en Libye, et participer à sa reconstruction, qui devrait s’accélérer ?
Pour S.E. Béatrice Le Frapper du Hellen, ambassadrice de la France à Tripoli, « il faut investir dès maintenant dans la relation franco-libyenne » car la Libye fait partie de « notre rive sud qui, dans l’actuel contexte sahélien, est prioritaire pour la sécurité de l’Europe ».
Certes, concède l’ambassadrice, la situation encore instable du pays peut permettre l’installation de réseaux extrémistes et terroristes, mais « le PM libyen nous a adressé une demande de coopération antiterroriste en 2017 (…) et depuis les forces gouvernementales ont repris plusieurs villes » aux terroristes.
« Il est possible de travailler en Libye », relève encore l’ambassadrice, considérant que « le partenariat doit être le mot-clé de l’engagement de la France (…) Il faut que l’administration française réponde à cette attente », conclut-elle.
L’atelier Libye a fait le plein de l’amphithéâtre de Business France. © AM/AP.P
L’appel au « renouvellement d’un partenariat
fort avec la France »
Cela dit, quels sont les atouts des entreprises françaises ?
Après 5,5 milliards de dollars investis par la Libye en 2019, « 12 Mds $ supplémentaires d’investissements sont programmés dans le budget 2020 », annonce Ahmed Omar MIITIG, vice-Président du Conseil Présidentiel libyen. Évoquant le large éventail des secteurs concernés – énergie, eau, routes, transports, santé, pharmacie, banque, agroalimentaire, éducation, formation… – il appelle dans le même mouvement au « renouvellement d’un partenariat fort avec la France », notamment via les PPP.
Un appel qui pourrait être largement entendu, car les secteurs évoqués par le vice-Président libyen figurent parmi ceux où les entreprises françaises bénéficient de savoir-faire éprouvés et mondialement reconnus, et grâce auxquels elles pourraient déployer leur “reconquista” du marché libyen.
Christophe Lecourtier, Directeur général de Business France, durant son allocution d’ouverture de l’atelier Libye. © AM/AP.P
D’ailleurs, « les entreprises françaises sont disponibles », avait affirmé dans son allocution d’ouverture Christophe Lecourtier, DG de Business France, se félicitant que la Libye a participé au grand forum parisien Ambition Africa des 30 et 31 octobre [ICI le lien vers notre dossier de 21 articles], et que depuis quelque douze mois, « plusieurs rencontres » d’entrepreneurs des deux pays se sont produites.
Ainsi les Français semblent-il bien conscients des opportunités qu’offre le renouveau libyen. À condition toutefois de se bouger promptement, car « si vous attendez encore davantage, il n’y aura bientôt plus de place », lance Adel Mohsen Chaabane, Partner Mazars.
Un « momentum » à saisir donc dès maintenant, et d’autant plus que « 2020 sera l’année de la fin des crises en Libye ! » affirme le vice-Président Ahmed Omar MIITIG.
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