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Afrique-Méditerranée-Europe (AME) :
une vision d’avenir, ou Jean-Louis Guigou inspirateur du président Macron ?

18 octobre 2017
Afrique-Méditerranée-Europe (AME) : une vision d'avenir, ou Jean-Louis Guigou inspirateur du président Macron ?
Presque dix ans après la fondation de l’Union pour la Méditerranée, en 2008 par Nicolas Sarkozy (dont certains initiés disent que Jean-Louis Guigou fut le véritable inspirateur sur cette question), le président de l’Ipemed est-il en train de récidiver auprès d’Emmanuel Macron, en lui suggérant sa vision eurafricaine ? Explications…

Jean-Louis Guigou, président-fondateur de l’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed, Paris) est un prospectiviste mais aussi un homme de mémoire. Ainsi, il aime citer les anciens de grande renommée – universitaires comme Fernand Braudel, l’historien de l’économie-monde de la Méditerranée – penseurs et politiques aussi, comme François Mitterrand, dont il se plaît à rappeler régulièrement cette citation, de 1956 : « Sans l’Afrique, la France n’aura pas sa place dans le XXIe siècle ».

Une conviction que Jean-Louis Guigou partage depuis longtemps, et ceux qui le connaissent savent que « c’est lui qui inspira celui qui inspira » en 2008 la création par Nicolas Sarkozy de l’Union pour la Méditerranée – version affadie par Angela Merkel de l’originelle Union de la Méditerranée, qui aurait rassemblé les seuls pays riverains, laissant de côté le reste de l’Europe.

Passent les années et les présidents, mais Jean-Louis Guigou demeure constant dans sa perception du monde. Ou plutôt il en garde le socle mais en l’élargissant : bien arrimé sur son idée première de nécessaire coopération entre les deux rives de la Méditerranée, le voilà maintenant qu’il l’amplifie, promouvant désormais le concept de l’AME, soit la coproducton entre l’Afrique, la Méditerranée et l’Europe.

La Méditerranée stratégiquement recentrée

Ainsi, souligne-il, la Méditerranée qui naguère encore était marginalisée aux marches de l’Europe, invisible dans le tréfonds de l’opaque nébuleuse de la politique de voisinage, se trouve recentrée dans cette vision stratégique plus large.

Compagnon de route de l’Ipemed depuis de nombreuses années, l’universitaire Pierre Beckouche, spécialiste de géographie économique, consultant auprès de l’OCDE et expert associé de l’Ipemed, est de ces intellectuels qui partagent cette conviction que l’avenir de l’Europe se jouera au sud.
Ainsi ces deux personnalités viennent-elles de cosigner un court mais dense ouvrage (Afrique-Méditerranée-Europe, la verticale de l’avenir, 99 p. , éd. Nevicata, octobre 2017) qui analyse la situation et met en exergue une vision constructive de l’avenir, enrichie aussi par des entretiens exclusifs avec Jean Kacou Diagou (fondateur du premier groupe ivoirien de banque-assurance), Radhi Meddeb (entrepreneur et économiste tunisien), Miguel Angel Moratinos, ancien ministre espagnol des Affaires étrangères.

Les trois outils de la mise en place de l’AME

Mais comment construire cette Verticale, cette AME que les auteurs nomment aussi la Verticale de l’espérance ?

Selon eux, qui se fondent sur les constats du retour à la (co)production de proximité entres grandes régions (par opposition à la mondialisation débridée et discréditée), ainsi que sur l’émergence d’un modèle collaboratif décentralisé (« distribué », comme on dit maintenant), trois outils devraient être mis en place, ainsi que Jean-Louis Guigou l’écrivait dès juillet dernier, dans une Lettre ouverte au Premier ministre :

 une institution financière intercontinentale et paritaire qui assurerait la mobilité des capitaux et la sécurisation des investissements ;

 un traité de coproduction qui aille bien au-delà des accords de libre-échange pour faciliter la redistribution du capital sur les deux continents, la coproduction, l’harmonisation des normes, l’équivalence des diplômes universitaires, et la mobilité généralisée des compétences ;

 une fondation que le fondateur de l’Ipemed appelle la Verticale « Afrique-Méditerranée-Europe » qui sera le véritable creuset de la réflexion économique sur l’intégration et le lieu de la transformation des mentalités. À l’image de ce qu’est l’ERIA entre la Chine et les pays de l’ASEAN, cette fondation pourrait mettre en réseau des laboratoires déjà existants, qu’ils soient européens, méditerranéens, africains, spécialisés dans les thématiques de l’intégration régionale.

Jean-Louis Guigou, inspirateur d’Emmanuel Macron ?

Première satisfaction dans cette longue marche entreprise par Jean-Louis Guigou et ses compagnons de route : dans son discours aux ambassadeurs de la France, réunis fin août à Paris, le président Emmanuel Macron a maintes fois abordé positivement cette thématique d’une relation forte entre l’Europe et l’Afrique.

On l’a ainsi entendu affirmer :
« L’Afrique (…) c’est un continent d’avenir (…) c’est en Afrique que se joue largement l’avenir du monde (…) la stratégie que je veux mettre en œuvre consiste à créer un axe intégré entre l’Afrique, la Méditerranée et l’Europe ».

Tiens donc… le président Macron qui parle comme le président de l’Ipemed ! À se demander si, une fois de plus, Jean-Louis Guigou ne serait pas « celui qui inspire… ».

Alfred Mignot

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