Abdoulaye TALL, ministre burkinabé, valorise le SIAO à Paris : « L’ambition du SIAO est d’être le leader mondial de la promotion de l’artisanat africain »
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Entretien exclusif par Bruno FANUCCHI pour AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse
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Africapresse.paris - Bonne nouvelle, le SIAO (Salon international de l’artisanat de Ouagadougou) est de retour fin octobre dans la capitale burkinabée… Qu’attendez-vous de cette biennale de l’artisanat africain qui n’a pas eu lieu depuis 2018 ?
Abdoulaye TALL – Le SIAO, c’est l’un des plus anciens et des plus dynamiques salons de l’artisanat africain, un marché d’envergure mondiale. Cela fait 34 ans que ce Salon existe et cette seizième édition est la première depuis la Covid-19, c’est-à-dire la première depuis quatre ans. C’est dire à quel point cette édition est attendue par tous les acteurs, notamment nos artisans, les acheteurs professionnels, mais aussi les visiteurs et les exposants.
Le SIAO se déroulera du 28 octobre au 6 novembre prochain au Parc des Expositions de Ouagadougou sur le thème : « Artisanat africain, levier de développement et facteur de résilience des populations ».
Ce que nous attendons, c’est une mobilisation internationale autour de ce Salon : mobilisation des acheteurs et des partenaires ainsi que des pays amis. Nous attendons au minium 4 000 exposants venus de plus de 25 pays, quelque 350 000 visiteurs grand public et 350 journalistes nationaux et internationaux, sans parler d’une bonne cinquantaine d’acheteurs qui collectionnent les œuvres d’art. Notre ambition pour le SIAO est de rester le leader mondial pour la promotion de l’artisanat africain.
APP - D’où votre présence à Paris, en compagnie de M. Dramane TOU, DG du Salon, pour présenter cette 16e édition…
Abdoulaye TALL – Aujourd’hui, nous sommes en effet venus à Paris pour promouvoir lancer l’événement auprès de la communauté francophone et internationale. L’objectif est de relayer l’information et de rassurer tous les partenaires et amis du Burkina Faso. Car nous sommes bien conscients que le défi sécuritaire est majeur. Aussi, toutes les dispositions sont prises pour assurer la sécurité des personnes et des biens de tous les amis du Faso qui participeront à l’événement.
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« Notre premier défi est de rester unis
contre le terrorisme car la défense
de notre Nation, c’est nous ! »
« Notre premier défi est de rester unis
contre le terrorisme car la défense
de notre Nation, c’est nous ! »
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Le ministre Abdoulaye TALL lors de son entretien exclusif avec le Grand reporter Bruno FANUCCHI. © AM/APP
APP - Un défi à la fois sécuritaire et sanitaire…
Abdoulaye TALL – Nous en sommes parfaitement conscients. Nous venons d’ailleurs de boucler une campagne contre la Covid, avec plus de 500 000 personnes ont été vaccinées cette semaine. C’est dire à quel point nous prenons au sérieux cette question pour y apporter des solutions.
Mais notre premier défi est de rester – nous autres Burkinabé – tous unis contre le terrorisme. C’est pourquoi je dis à mes compatriotes : « Faites front contre ce danger ». Nous travaillons bien sûr avec nos frères ivoiriens, mais la défense de notre Nation, c’est nous ! C’est la première de nos responsabilités et nous entendons l’assumer pleinement.
APP - Parmi les pays invités, il y a bien sûr la Côte d’Ivoire, dont l’ambassadeur en France, Son Excellence Maurice Bandaman, est d’ailleurs présent aujourd’hui, 8 septembre, pour cette présentation au sein de l’ambassade du Burkina Faso à Paris. Une importante délégation ivoirienne est d’ailleurs attendue à Ouaga…
Abdoulaye TALL – C’est exact. La Côte d’Ivoire est, en effet, un pays frère avec lequel nous sommes liés. Et, pour tout dire, c’est le pays où il y a la plus forte communauté burkinabée vivant hors des frontières nationales. C’est vraiment le pays avec lequel nous sommes le plus en phase. Il n’y a pas une seule famille burkinabée qui n’ait de liens avec une famille en Côte d’Ivoire. Nos artisans se connaissent et travaillent ensemble. Cela renforce encore les liens et encourage davantage à venir.
Plus d’une centaine d’artisans ivoiriens sont ainsi attendus au Parc des Expositions où se déroulera le SIAO du 28 octobre au 6 novembre prochain. Mieux : au plus haut niveau de la Nation, nos deux chefs d’État se parlent et ont des projets ensemble. Entre nos deux pays, il y a une Traité d’amitié et de coopération et des conseils des ministres conjoints sont réalisés entre nos deux gouvernements. Il y a des projets prioritaires qui sont développés conjointement par nos deux pays et cela montre à quel point nous sommes liés et partenaires.
De gauche à droite, sur la photo : SE le Chargé d’affaires et ministre conseiller du Burkina Faso en France, M. Jean-Claude BAKIONO ; le ministre Abdoulaye TALL ; M. Dramane TOU, Directeur général du SIAO. © AM/APP
APP - C’était en effet le cas avant le coup d’État de janvier dernier au Burkina… Êtes-vous donc en train de nous dire que ces Conseils conjoints des ministres vont reprendre ?
Abdoulaye TALL – Nous sommes précisément en train de préparer le prochain. Lundi 5 septembre, le chef de l’État, Son Excellence Paul Henri Sadaogo Damiba, était en Côte d’Ivoire, reçu par le Président Alassane Ouattara pour parler notamment de cette question et du Traité d’amitié et de coopération. Nous préparons donc la prochaine réunion.
C’est dire que nos chefs d’État ont mis l’intérêt supérieur des peuples au-dessus de tout. Ce qui est important, c’est que nous avons des peuples unis qui, confrontés aux mêmes réalités, s’aiment et vivent ensemble depuis des décennies, pour ne pas dire des siècles. C’est ce qu’il faut promouvoir et ce que nous sommes en train de faire.
APP – Est-ce à dire que les sanctions prises par la CEDEAO (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest) au lendemain du putsch de Ouagadougou sont aujourd’hui révolues ?
Abdoulaye TALL – Tout à fait ! La seule sanction de la CEDEAO qui subsiste est une sanction administrative, pour dire que le Burkina Faso ne participe pas aux réunions. Il n’y a plus aucune autre sanction. Du reste, Son Excellence le Président de la République de Côte d’Ivoire a insisté sur deux éléments.
Premier élément, c’est de nous assurer de la disponibilité de la République sœur de Côte d’Ivoire à accompagner le Burkina Faso dans cette situation difficile. Deuxième élément, qui est aussi important pour nous, c’est de souhaiter que nous mettions tout en œuvre pour pouvoir respecter les engagements et les accords signés avec la CEDEAO et avec la communauté internationale.
Sur ce point aussi, le doute n’est pas permis. Nous sommes un gouvernement responsable, nous avons pris des engagements et nous travaillons étroitement à les remplir. C’est ce que nous allons faire.
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Une vue de la conférence, le 8 septembre 2022 à lambassade du Burkina Faso. © AM/APP
« Le Burkina a plus que jamais
besoin de tous ses partenaires »
« Le Burkina a plus que jamais
besoin de tous ses partenaires »
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APP - Comme vous êtes à la tête d’un département ministériel aux compétences économiques très larges, quels sont aujourd’hui – hormis la récolte du coton, l’« or blanc » du pays – les points forts de l’économie burkinabée ?
Abdoulaye TALL – Nos points forts, c’est d’avoir des acteurs économiques innovants, qui prennent des initiatives et créent de la richesse et de la valeur. Je vous donne en quelques exemples…
Savez-vous que la troisième plus grande banque de l’UEMOA (Union économique et monétaire d’Afrique de l’Ouest) appartient à un opérateur burkinabé ? C’est une vision et du savoir-faire.
Savez-vous que le Burkina est l’un des rares pays dans la sous-région à avoir une unité de montage d’ordinateurs, de tablettes et de téléphones portables ? Avec une production de mille unités par jour, mais si l’on double les équipes en faisant travailler aussi la nuit, cela fera 2 000 unités par jour. Et ils ont un carnet de commandes plein.
Savez-vous que nous avons une unité de production de médicaments génériques, produisant 150 000 comprimés et 120 000 gélules l’heure ?
Savez-vous aussi que nous avons une unité de montage de plaques solaires de 200 plaques par jour.
Toutes ces initiatives d’un monde économique dynamique et visionnaire permettent à notre pays de tenir et de rester debout, malgré tous les défis auxquels il est confronté. Mais il faut aussi saluer les partenaires économiques du Burkina qui croient en nous et investissent chez nous. Nous avons des sociétés ouest-africaines, mais aussi des sociétés françaises comme le Société Générale, comme Brakina (Brasserie du Burkina) qui a payé chez nous l’an passé 180 millions d’euros d’impôts.
APP - Qu’attendez-vous précisément des relations avec la France qui a été plutôt timide dans ses affaires et échanges avec votre pays depuis le renversement du Président Roch Marc Christian Kaboré et le changement de pouvoir à Ouagadougou, le 24 janvier dernier ?
Abdoulaye TALL – C’est vrai ! Cette timidité s’explique par les événements que le Burkina a connu depuis le début de l’année. Les « grandes démocraties occidentales », comme on les appelle, ont des règles d’intervention et des limites induites par leurs textes, et elles doivent tenir compte des événements. Mais, sur le plan opérationnel, nous n’avons aucun problème avec la France. Au début de cette semaine, une malheureuse attaque terroriste a coûté la vie à 35 personnes et fait une quarantaine de blessés, mais notre ministre de la Défense a rassuré tout le monde en révélant que l’armée française a participé à l’évacuation des blessés.
Cela montre que nous avons un partenariat entre nos deux pays et, en la matière, nous n’avons vraiment pas de tabous. Nous discutons avec l’ensemble de nos partenaires sur les points de satisfaction qu’il nous faut renforcer comme des points éventuels d’insatisfaction qu’il convient d’améliorer. C’est le langage que nous tenons pour un intérêt mutuellement avantageux.
APP - Un mot de conclusion ?...
Abdoulaye TALL – Nous sommes dans une situation difficile, c’est vrai, mais nous sommes aussi convaincus que c’est dans l’union que nous allons pouvoir vaincre et surmonter toutes ces difficultés. C’est cette union que nous nous efforçons de construire à l’intérieur.
Le Burkina a plus que jamais besoin de ses partenaires, de tous ses partenaires. Nous nous engageons à assurer la sécurité de tous ceux qui nous tendent la main et viennent au Burkina pour le SIAO ou tout autre événement. Nous travaillons pour cela car c’est notre responsabilité : bienvenue au Burkina !
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EN SAVOIR PLUS :
www.siao.bf
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CMAAP 4 dédiée à la TICAD
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LE REPLAY DE NOTRE CMAAP 4,
CONFÉRENCE
DES AMBASSADEURS AFRICAINS
DE PARIS DU 28 JUIN,
DÉDIÉE À LA TICAD,
LA COOPÉRATION JAPONAISE EN AFRIQUE
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