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À la CMAAP 5 / Visa d’affaires, couplage d’entreprises, industries créatives… autant de pistes, et d’autres, pour stimuler la Francophonie économique en Afrique

9 octobre 2022
À la CMAAP 5 / Visa d'affaires, couplage d'entreprises, industries créatives… autant de pistes, et d'autres, pour stimuler la Francophonie économique en Afrique
Plusieurs personnalités de haut niveau ont participé à cette Ve Conférence mensuelle des Ambassadeurs Africains de Paris, dédiée à la Francophonie économique, et dont LLEE Mme Liliane MASSALA (GABON) et M. Vijayen VALAYDON (MAURICE) furent les invités d’honneur. Riche en propositions, la rencontre a été rehaussée par la contribution exceptionnelle de Mme Édith CRESSON, la « première Première ministre » de la France…

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Par Bruno FANUCCHI pour AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse

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La Francophonie économique est une très belle idée, mais qui – dans la crise actuelle – peut sembler de plus en plus difficile à mettre concrètement en pratique. C’est pourquoi Alfred MIGNOT, initiateur et organisateur des Conférences mensuelles des Ambassadeurs Africains de Paris, a pris l’initiative de réunir – pour cette Ve CMAAP, qui s’est tenue le 6 octobre à l’Académie des Sciences d’Outre-Mer (ASOM) – des personnalités de premier plan dans le but de susciter ou renforcer les synergies. Une initiative particulièrement d’actualité, à la veille du Rassemblement des Entrepreneurs francophones (REF), organisé par Medef International à Abidjan (27-28 octobre) ainsi que du prochain Sommet de l’OIF à Djerba (19-20 novembre), qui a été repoussé deux ans de suite pour cause de pandémie.

Mme Édith CRESSON « première Première ministre » de la France, durant son propos liminaire à la CMAAP 5, à l’Académie des Sciences d’Outre-mer, à Pris le 6 octobre 2022. © Gaël Kerboal

Quelque 88 pays, adhérents ou observateurs, font aujourd’hui partie de l’OIF et, si l’on parle désormais de « diplomatie économique », force est de reconnaître que « les Ambassadeurs naguère ne s’intéressaient pas beaucoup à l’économie », remarque d’emblée – en ouverture de cette Conférence – Mme Édith CRESSON, l’ancienne Première ministre de François MITTERRAND qui resta un peu moins d’un an à Matignon de mai 1991 à avril 1992. Elle confie aujourd’hui avoir découvert ce monde important à la croisée des chemins des affaires et des relations internationales quand le Président Mitterrand la nomma au Commerce extérieur en 1983. En fait, Mme Cresson a connu une longue carrière ministérielle, étant successivement ministre de l’Agriculture (1981/1983), ministre du Commerce extérieur et du Tourisme (1983/1984), ministre du Redéploiement industriel et du Commerce extérieur (1984/1986) puis ministre des Affaires européennes (1988/1990).

« Vous le savez, la francophonie économique est chère à mon cœur », a affirmé d’emblée Édith CRESSON, rappelâtes d’emblée que
« La francophonie, c’est d’abord une idée formidable de quatre hommes exceptionnels, Léopold Sédar Senghor, Président du Sénégal, Habib Bourguiba, de Tunisie, Hamani Diori, du Niger, et Le Prince Sihanouk du Cambodge. Quatre hommes unis dans le même amour de la langue française, qui y voyaient un outil formidable de solidarité, de développement et de rapprochement des peuples.

Se disant « heureuse que le Président Jean-Lou Blachier m’ait proposé d’être Présidente d’Honneur du GPF », l’ancienne PM a considéré que la francophonie économique ne peut se réduire aux grandes entreprises. Elle doit être étendue aux petites et moyennes entreprises, qui de même qu’elles font la richesse et le tissu entrepreneurial d’un pays, feront la richesse et le tissu entrepreneurial de l’espace francophone.

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SE M. Vijayen VALAYDON : « la solidarité linguistique
peut jouer pour la croissance économique »

SE M. Vijayen VALAYDON, Ambassadeur de MAURICE. © Gaël Kerbaol

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Premier intervenant après le propos liminaire de Mme Édith Cresson, très applaudie par l’assistance pour avoir assumé le rôle pionnier de « première Première ministre », Son Excellence M. Vijayen VALAYDON, Ambassadeur de la République de Maurice, élu en juillet dernier Président du Groupe des Ambassadeurs francophones de France , se plaît à rappeler le rayonnement de la langue française, à ce jour « la sixième langue parlée dans le monde, la quatrième langue employée sur le Net, la deuxième langue la plus apprise dans le monde et – avec l’anglais – la seule langue présente sur les cinq continents ».

Représentant un pays qui est membre à la fois du Commonwealth depuis 1968 (juste après son accession à l’indépendance) et de l’ACTT à l’époque (précurseur de l’OIF) depuis 1970, il observe
que « la solidarité linguistique peut jouer en faveur d’une certaine résistance économique, voire une croissance économique, soutenue par des valeurs communes » et souligne que l’île Maurice illustre parfaitement cette force du « bilinguisme ».

Il rappelle également fort à propos que le premier « Forum francophone des Affaires » – présidé par Stève Gentili, le FFA accompagne et soutient les entreprises francophones dans près de 120 pays – s’est tenu à Maurice du 4 au 6 octobre 1993, en prélude du Ve Sommet de la Francophonie s’étant déroulé du 16 au 18 octobre 1993. C’est d’ailleurs à cette occasion que fut signé le traité OHADA (Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires) adopté par quatorze États africains. « L’espace francophone produit actuellement 16 % du PIB mondial et affiche une croissance économique de 7 % », relève encore l’Ambassadeur de Maurice.

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SE Mme Liliane MASSALA plaide pour
un Visa francophone des affaires

De gauche à droite : LLEE Mme Liliane MASSALA, Ambassadrice du GABON, et M. Vijayen VALAYDON, Ambassadeur de MAURICE ; M. Patrice ANATO, député français de 2017 à 2022. © Gaël Kerbaol © Gaël Kerboal

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Ambassadrice du Gabon en France et Haute Représentante auprès de l’OIF, Son Excellence Mme Liliane MASSALA se plaît quant à elle à rappeler que « c’est en novembre 2014 lors du XVe Sommet de la Francophonie de Dakar que les chefs d’État et de gouvernement ont décidé de faire de la coopération économique un axe majeur des actions menées par l’organisation en faveur des populations francophones ».

Si le concept existait depuis longtemps, « c’est à cette occasion que fut adoptée la première stratégie économique pour la francophonie avec pour principal objectif de renforcer l’action économique dans l’espace francophone ainsi que la coopération et la solidarité en faveur des jeunes et des femmes », ajoute-t-elle. « Cet engagement s’est matérialisé par la mise en œuvre du programme de promotion de l’emploi par l’entrepreneuriat. Un dispositif dont l’ambition est d’accompagner la transformation structurelle des économies en mettant l’accent sur l’innovation et le numérique ».
Elle saisit aussi l’occasion de rendre hommage à Mme Louise MUSHIKIWABO, à laquelle la confiance fut renouvelée ce même jeudi 6 octobre pour accomplir un second mandat de Secrétaire générale de l’OIF, « pour toutes ces innovations que je qualifierai de visionnaires ».

Et de poursuivre : « Permettez-moi de réactiver les réflexions autour de la libre circulation des personnes et des biens dans notre espace francophone. Pourquoi ne pas ressortir des tiroirs l’idée lancée par le Président Abdou DIOUF, alors Secrétaire général de la Francophonie, d’instaurer un Visa francophone des Affaires ? »

Cette bonne question reste posée car le paradoxe – observe-t-elle encore – c’est que « les Africains se rendent plus facilement dans d’autres pays non francophones pour faire des affaires comme la Turquie, la Chine ou les pays du Golfe ». D’où la nécessité de privilégier les partenariats économiques afin de permettre aux investisseurs francophones de saisir en priorité les opportunités d’affaires. Avant de conclure : « Les défis sont immenses en Afrique et nous sommes déterminés à dynamiser les échanges commerciaux » entre nous.

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Patrice ANATO, député de 2017 à 2022 :
« La France est toujours aimée en Afrique ! »

Patrice ANATO, ancien député français issu de la diaspora. © Gaël Kerboal

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Co-Président du groupe parlementaire de Diplomatie économique à l’assemblée nationale de 2017 à 2022, l’ex-député issu de la diaspora Patrice ANATO souligne d’emblée « la volonté française de maintenir une forte relation avec les États d’Afrique » malgré « certains mouvements de protestation ou de détestation de la présence et de l’influence française à travers le Continent ». D’autant plus, ajoute-t-il sans ambages qu’il y a « un lien ombilical entre la France et l’Afrique » et que, si les relations sont bien évidemment à rénover, « la France est toujours aimée en Afrique ! ».

Il y a donc un besoin évident de « rénover et dynamiser davantage la présence française » en Afrique, tant il est vrai que la nature a horreur du vide quand on voit – affirme-t-il – qu’il y a désormais « 12 000 entreprises chinoises en Afrique contre seulement 6 000 entreprises françaises ». Un constat alarmant qui, à lui seul, justifierait là encore que l’on instaure au plus vite un Visa francophone des Affaires.

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Khalid EL BERNOUSSI : les cinq axes prioritaires
de la Francophonie économique selon l’OIF

M. Khalid EL BERNOUSSI, Spécialiste de programme à la Direction de la Francophonie économique et numérique (OIF). © Gaël Kerboal

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Membre de la Direction de la Francophonie économique et numérique au sein de l’OIF, Khalid EL BERNOUSSI fait à peu près le même constat et résume l’ambition et la stratégie économique de son organisation, qui se décline en cinq grands axes prioritaires :

1/ Intensifier les échanges économiques et investissements au sein de l’espace francophone ;

2/ Stimuler les innovations dans l’entrepreneuriat pour faire la promotion de l’écosystème qui génère de l’emploi, en se focalisant sur la formation pour renforcer les capacités des entrepreneurs ;

3/ Capitaliser sur l’économie numérique et l’intelligence artificielle, en prenant en compte là encore la formation nécessaire aux métiers du numérique et des industries créatives et culturelles ;

4/ Renforcer les politiques publiques pour mieux accompagner notamment les jeunes et les femmes et assurer la transition numérique ;

5/ Porter le plaidoyer de la francophonie dans les enceintes internationales et organisations multinationales au sein desquelles sont discutés les réglementations et standards qui s’imposent à tous.

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Jean-Lou BLACHIER, Président du GPF :
rendez-vous au FIEF de Dakar, en novembre

Jean-Lou BLACHIER, Président du Groupement du Patronat francophone (GPF). © Gaël Kerboal

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Président du Groupement du Patronat Francophone (GPF), Jean-Lou BLACHIER observe que son organisation, née en 1987 d’une initiative de l’OIF, regroupe aujourd’hui 51 patronats représentant pratiquement 20 millions d’entreprises.

Il revient sur la réussite du Forum International des Entreprises Francophones (FIEF) dont la première édition s’est tenue à Dakar en avril 2019, et dont la IIIe édition est prévue – toujours dans la capitale sénégalaise – les 15 et 16 novembre prochains et sera consacrée à l’industrie.

C’est un secteur stratégique car, explique-t-il, « un emploi créé dans l’industrie génère deux à trois autres emplois ». Non sans avoir rappelé au préalable, en bon chef d’entreprise : « Le développement économique passe par la création d’emplois (mais) Ce qui nous intéresse avant tout, c’est de remplir nos carnets de commandes ».

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Denis DESCHAMPS, DG CPCCAF : du compagnonnage
au « couplage » inter-entreprises francophones

Denis Deschamps, Délégué Général de la Confédération Permanente des Chambres Consulaires Africaines et Francophones (CPCCAF). © Gaël Kerboal

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Délégué Général de la CPCCAF, Denis DESCHAMPS rappelle quant à lui que la Confédération Permanente des Chambres Consulaires Africaines et Francophones, créée en 1973, est aujourd’hui présente dans 32 pays, dont 26 États africains, et représente quelque 7 millions d’entreprises ! C’est dire son poids économique.

Il insiste comme à son habitude sur « l’importance du secteur privé qui joue un rôle essentiel dans la création d’emplois », mais souligne aussi une évidence bien moins souvent rappelée : « La francophonie, ce n’est pas que la France, c’est beaucoup plus large ».
Il appelle dans la foulée au « renforcement des coopérations » avec de nombreux pays d’Afrique, avec toujours comme « préoccupation » première le souci de « développer du contenu local ».

Après avoir longtemps mis en œuvre le concept de « compagnonnage » avec les différentes Chambres consulaires, il lance désormais l’idée d’un « couplage » inter-entreprises francophones pour assurer une plus grande « mutualisation » des moyens et obtenir ainsi à une meilleure efficacité économique. Pour y parvenir plus rapidement, il insiste lui aussi sur l’urgence de mettre sur pied au plus vite un Visa d’affaires francophone.

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SE M. Cheikh KEITA :
« toujours en mission… »

S.E. M. Cheik KEITA, Ambassadeur de mission ONU-IHRC, représentant spécial pour l’Afrique, et Président de OBA, Open Business Africa. © Gaë Kerboal

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Entrepreneur d’origine guinéenne, Cheikh KEITA observe qu’« Ambassadeur, ce n’est pas un métier, c’est une mission ». Après avoir créé nombre d’entreprises et de plateformes pour mettre en relations tous ceux qui veulent faire du « business » avec l’Afrique, l’ex-Ambassadeur estime donc être toujours en mission.
D’autant plus qu’il constate fort à propos – pour le déplorer publiquement - que « les Africains ne font guère d’affaires ensemble ». Comme s’ils avaient toujours besoin – même au sein du monde francophone – d’un intermédiaire ou d’un « grand frère » pour faire de bonnes affaires et conclure !

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Étienne GIROS : « Avant tout,
un état d’esprit partagé »

Étienne GIROS, Président du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN). © Gaël Kerboal

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C’est à Étienne GIROS, le Président du CIAN, présent parmi les participants à la conférence, qu’Alfred MIGNOT a proposé impromptu de prononcer le mot de la fin… « mais certes pas une conclusion, précisa le directeur de AfricaPresse.Paris, car nos rencontres s’inscrivent dans un cycle de longue durée ».

« La francophonie, c’est une langue bien évidemment, mais c’est avant tout un état d’esprit. Je pense que l’on partage le même état d’esprit et les mêmes valeurs, notamment dans le domaine des affaires », souligne Étienne GIROS.

Derrière la francophonie, dont il dénonce au passage une approche parfois trop « bureaucratique », il souligne fort à propos qu’« il y a non seulement une langue commune, mais un droit qui est commun, des habitudes d’affaires qui sont communes, une relation ancienne qui est commune (...) Beaucoup d’atouts qui ne nous donnent pas, à nous autres entreprises françaises, un avantage juridique ou automatique sur la concurrence, mais un avantage dans la réussite et le savoir-faire ».

Et le Président du CIAN d’insister sur la nécessité « dans les temps actuels de lutter contre le ressenti assez négatif du risque en Afrique, vue par certains comme un continent risqué ». D’où la mauvaise réaction « de nombreuses PME qui pourraient investir en Afrique et y regardent à deux fois en se disant : On va attendre… Or, le pire c’est précisément d’attendre, affirme avec conviction Étienne GIROS, car l’Afrique c’est déjà le marché de demain ».
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Une vue partielle de la salle. © Gaël Kerboal

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Son Excellence Madame Kane Aïchatou BOULAMA, Ambassadrice du NIGER est l’une des personnalités ayant assisté à la conférence. Elle participera au panel de notre CMAAP 6, le mercredi 9 novembre, également à l’Académie des Sciences d’Outre-mer, en compagnie notamment de Son Excellence M. Alain Le Roy, Ambassadeur de France. © Gaël Kerboal

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CMAAP 6, le 9 novembre : « AFRIQUE-EUROPE : quelles avancées vers une coopération économique plus forte ? » INSCRIPTIONS OUVERTES

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Voyez ici le REPLAY de notre CMAAP 5, du 6 octobre 2022 :

« LA FRANCOPHONIE ÉCONOMIQUE
PEUT-ELLE SE RELANCER EN AFRIQUE ? »

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