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À Timimoun, oasis rouge du Sahara algérien,
les femmes préservent le patrimoine artisanal

Algérie | 21 février 2010 | src.leJMED.fr
À Timimoun, oasis rouge du Sahara algérien, les femmes préservent le patrimoine artisanal
Timimoun - Nous sommes le samedi 27 décembre 2008… Nous entrons dans Timimoun par son célèbre arc de triomphe de style soudanais, en argile rouge comme celui d’Adrar, capitale de la wilaya de Gourara, la « région des oasis » du Sahara algérien.
La ville n’a pas beaucoup changé. Comme des milliers d’hommes avant nous, nous pouvons observer les puits de foggara – canaux souterrains qui affleurent par endroits – très typiques du système d’irrigation et de distribution d’eau qui fonctionne ici depuis le IIe siècle. Timimoun a une très longue Histoire…

Photo ci-dessus - Le célèbre arc de triomphe en argile rouge, porte d’entrée de Timimoun. © DR


Nous commençons la visite par la découverte d’une exposition organisée dans une ancienne caserne devenue centre culturel. Les visiteurs sont nombreux, attirés comme nous par les fresques antiques et par l’exposition d’artisanat local. En avançant, nous arrivons dans une grande salle avec de gros piliers et des voutes mauresques où les artisans exposent des tapis aux motifs typiques de la région, des habits traditionnels, des bijoux en argent faits à la main, des accessoires totalement bio, des poteries rehaussées de dessins, des sacs en cuir, des coffrets, des tableaux et des statuettes en bois et en poterie, des sacs en laine de chèvre et de chameau, des paniers en osier, des robes traditionnelles berbères…

Une Grande-Duchesse émerveillée…

Vue du site de Timimoun : la palmeraie et, en arrière-plan, les premiers cordons dunaires du Grand Erg occidental.

Notre guide nous apprend que le 15 avril 1926, la Grande-Duchesse du Luxembourg, accompagnée par André Citroën, avait participé à la Transsaharienne, du Luxembourg à Timimoun et même jusqu’au Mali. Émerveillée et charmée par la région, la grande Duchesse est restée vingt jours… pour preuve de ce séjour mémorable, le guide nous a montré la plaque, préservée jusqu’à nos jours, portant la date de sa réservation.

Nous avons quitté le centre culturel pour l’office du tourisme, où une association expose un grand plan de la région de Gourara, réalisé dans un bois pétrifié, ainsi que des habits traditionnels faits main, en laine de chameau ou de dromadaire. Il y a aussi des roses de sable, des poteries, des colliers avec des coquillages naturels, et des tableaux, représentant des bédouins traversant le désert à dos de dromadaire, et bien d’autres produits d’artisanat local, qui démontrent un réel savoir faire dans les métiers traditionnels.

Une tradition artisanale toujours vivante

Vue d’un segment de foggaras, les canaux d’irrigation communautaires qui distribuent l’eau « à chacun selon ses besoins »… © DR

C’est aussi et aujourd’hui encore dans le respect de la tradition que sont dressés les murs des maisons, avec des boules de terre et de sable, tandis que les toits sont a base de troncs de palmiers asséchés : cet ensemble constitue un magnifique isolant qui permet de préserver une relative fraicheur à l’intérieur des habitations.

Un peu surélevé et en lisière de la palmeraie où les palmiers se comptent par milliers, et qui est bien sûr l’un des sites les plus touristiques de Timimoun, se trouve le fameux hôtel « Gourara ». De ses terrasses disposées en différents niveaux dégradés, on peut admirer le paysage magnifique : palmeraie, sebkha (plan d’eau salé) et en arrière-plan mais assez proches, les premières dunes du désert qui nous entoure.

Chaleur humaine et gentillesse des habitants

Musiciens et chanteurs du Festival Ahellil. © DR

Après une soirée passée à communier avec les chanteurs et musiciens du Festival Ahellil, polyphonie de paix et de sérénité qui se tient chaque année à Timimoun, nos voici au matin du dimanche 28 décembre.

Nous nous trouvons au sommet d’une dune, entourés par des enfants d’un petit village proche Timimoun. De notre promontoire, nous contemplons de vieilles maisons construites à base de « Toub » et entourées de palmiers regorgeant de dattes, en attendant la cueillette…

Nous nous déplaçons à bord d’un 4x4 Toyota, meilleur moyen de transport pour accéder aux dunes et certaines communes qui se trouvent à des dizaines de kilomètres de Timimoun. Entre deux étapes, nous retrouvons entourés de dunes de sable a perte de vue, dans ce désert si immense qu’on le croirait infini.
À chaque halte, nous échangeons avec des habitants d’une grande gentillesse et chaleur humaine, accueillants, qui nous ouvrent les portes de leurs demeures et partagent avec amour le peu qu’ils ont.

Un artisanat éthique

Fin décembre, nous visitons le centre d’artisanat de Fatis, à quelques kilomètres de Timimoun. Nous constatons qu’ici l’artisanat traditionnel ne s’est pas perdu comme dans beaucoup d’autres villes. A l’entrée du centre, nous pouvons voir des tapis avec des couleurs et des motifs typiques de Fatis, des habits faits main par des jeunes femmes et dans quelques boutiques de souvenirs on trouve aussi des poteries, des roses des sables et bijoux.

Ici, comme à Timimoun, des femmes artisanes œuvrent pour obtenir des revenus justes, tout en luttant pour la préservation du patrimoine et des cultures, la sensibilisation des publics, une incitation des artisanes à la création et à l’innovation et un commerce euro-méditerranéen éthique ; pour la préservation du patrimoine culturel algérien, tangible et immatériel, en particulier l’artisanat féminin, porteur d’une histoire culturelle ancestrale, sans manipulation idéologique, de quelque nature qu’elle soit.

Zahir Khier © LeJMED.fr

Zahir Khier
Cadre oranais résidant à Paris
Collaborateur de leJMED.fr



Localisation de Timimoun, dans le sud algérien. © AMSED

Voyage solidaire à Timimoun

L’Association AMSED (Association Migration Solidarité et Échanges pour le Développement) organise des voyages solidaires à Timimoun. En savoir plus : AMSED

Et aussi : les Festivals en Algérie



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