XIVe RHN France-Maroc / Jean-Baptiste Lemoyne : « Le couple franco-marocain doit être au même niveau d’intégration que le couple franco-allemand »
Jean-Baptiste Lemoyne participait, avec le ministre délégué marocain auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération africaine, au forum économique de la XIVe Rencontre de Haut Niveau (RHN) France-Maroc, qui s’est déroulé jeudi 19 décembre, à la station F, à Paris, sur le thème : « France-Maroc : innovons ensemble ! Pour un nouvel élan économique et social », devant plus de 300 chefs d’entreprise des deux pays.
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Jean-Louis Alcaide, AfricaPresse.Paris
@jlalcaide1 | @PresseAfrica
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Pour les Marocains, la porte d’entrée de l’Europe doit être la France et, pour les Français, la porte d’entrée de l’Afrique doit être le Maroc. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, et Mohcine Jazouli, ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération africaine et des Résidents marocains à l’étranger, ont longuement plaidé jeudi 19 décembre pour un approfondissement et une densification des relations économiques et entrepreneuriales entre les deux pays.
Les deux ministres clôturaient ainsi le forum économique de la XIVe RHN France-Maroc, qui s’est déroulé « dans un climat très amical et chaleureux », à la station F, à Paris, le plus grand incubateur de startups au monde, sur le thème : « France-Maroc : innovons ensemble ! Pour un nouvel élan économique et social ».
Dialogue hebdomadaire
« En Europe, il y a le fameux couple franco-allemand, a expliqué Jean-Baptiste Lemoyne. Le couple franco-marocain doit être au même niveau d’intégration. Notre hygiène de vie doit être un dialogue non pas régulier, annuel, etc., mais de nature hebdomadaire. Les liens humains doivent être très forts, les décisions très concertées et que l’on puisse ensemble apporter des solutions sur les vastes continents Europe et Afrique ».
Pour le ministre, « la clé c’est la relation humaine », « très forte et fluide ». De sorte que, a-t-il dit, quand l’un des deux partenaires « veut aller sur l’Europe ou l’autre aller sur l’Afrique, le réflexe » soit d’y aller « en franco-marocain ».
Fuseau euroafricain
Car pour le ministre français, c’est « en étant unis que l’on peut être compétitif au niveau mondial », face à de « nouveaux entrants » qu’ils soient asiatiques ou proches ou moyens-orientaux, notamment en termes de coût du travail. « Ensemble, a-t-il ajouté, on peut adresser à la fois le marché européen et le marché africain. Je crois beaucoup à ce fuseau euroafricain », reprenant ainsi un thème cher au président de l’Ipemed, Jean-Louis Guigou, avec le co-développement de la « Verticale » de l’AME (Afrique-Méditerranée-Europe).
Secteurs porteurs
Et Jean-Baptiste Lemoyne de citer des exemples de secteurs porteurs où les entrepreneurs des deux pays peuvent avoir des démarches communes, comme celui de la ville durable qui sera au cœur des enjeux du sommet Afrique-France (en juin 2020 à Bordeaux, ndlr), mais aussi dans le domaine ferroviaire, car « avec tout le savoir-faire qui a été déployé avec la LGV-Maroc, on peut également le vendre ensemble, clé en main, ailleurs sur le continent qui, compte tenu de la démographie et du développement des grandes villes », en aura bien besoin.
Belles histoires
Renforcer le couple franco-marocain en direction du marché africain avec le ferroviaire certes, a rebondi Mohcine Jazouli. « Mais pourquoi ne pas aller demain construire ensemble une usine Renault en Afrique du Sud ? Après tout, a-t-il ajouté, « nous avons déjà raconté ensemble de belles histoires », comme lorsqu’un grand opérateur français – Vivendi– a investi au Maroc dans un grand opérateur des télécoms marocain.
Il est vrai que, sous l’impulsion de Mohammed VI, le Maroc s’est engagé fortement depuis vingt ans dans une stratégie en direction du continent africain, où de nombreux investissements ont été et continuent d’être réalisés par les entreprises marocaines. « Aujourd’hui, a précisé le ministre marocain, il y a un réel portefeuille de projets donnant au Maroc une vraie dynamique sur le continent » africain où les entreprises marocaines sont implantées dans une quarantaine de pays.
Modèle inclusif de co-développement
Alors que le Maroc a entrepris une vaste réflexion pour réformer son économie afin de lutter contre la pauvreté, les inégalités, l’illettrisme, etc., Jean-Baptiste Lemoyne s’est dit « convaincu que Français et Marocains avons un modèle inclusif de co-développement dans notre ADN ». « Contrairement à nos voisins allemands ou italiens qui exportent beaucoup, a souligné le ministre, les entrepreneurs français créent des filiales locales, emploient et produisent localement. Les Français sont donc finalement plus porteurs de valeur ajoutée pour les territoires. En Afrique de l’Ouest notamment, vous Marocains, vous vous implantez localement et aidez au développement local des écosystèmes industriels ou de services », dont la demande est forte partout sur le continent.
Franchir la Méditerranée pour investir en France
Les entreprises marocaines ne se cantonnent cependant pas à l’Afrique. Elles sont aujourd’hui nombreuses à franchir la Méditerranée pour investir en France, dans les secteurs industriels, de services, des nouvelles technologies, « ce qui promet également un bel avenir à notre coopération rénovée », a prédit Youssef Rouissi, directeur général adjoint del’Attijariwafabank, la première banque marocaine, qui animait les échanges entre les deux responsables gouvernementaux. De « nouvelles impulsions » significatives, a confirmé Mohcine Jazouli, pourraient être données en 2020 « à l’issue de la prochaine visite du président Emmanuel Macron, à la suite de l’invitation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI ».
Appétit important
De fait, si les besoins du continent africain sont immenses, l’appétit de développement du Maroc n’en est pas moins important. À commencer par les secteurs en forte croissance, comme les filières numérique, agricole et agro-industrielle. Mais aussi en matière de montée en gamme de ses industries (automobile, aéronautique, etc.), de valorisation des ressources humaines, d’éducation et de formation.
À cet égard, nombre de responsables marocains ont demandé que la France évite d’aller au Maroc chasser les talents, les compétences et les jeunes diplômés locaux… « Fidéliser ses talents, c’est un des défis communs que nous devons affronter ensemble », s’est défendu Jean-Baptiste Lemoyne, car la France elle-même est un terrain de chasse pour un « certain nombre d’entreprises multinationales ».
Nouvelles missions au Maroc
« Il ne faut pas se reposer sur les lauriers ou sur l’histoire glorieuse des relations qu’avaient nos aînés, a conclu Jean-Baptiste Lemoyne. Il nous appartient à tout un chacun de densifier, d’intensifier nos relations humaines et de multiplier les programmes, les partenariats », saluant au passage le Medef International co-organisateur du forum avec la Confédération générale des Entreprises du Maroc, (CGEM) qui a programmé de nouvelles missions au Maroc, notamment sur le numérique.
La Rencontre de Haut Niveau
Ce forum s’est tenu en marge de la Rencontre de Haut Niveau (RHN) entre les plus hautes autorités gouvernementales franco-marocaines. Près de la moitié du gouvernement marocain avait fait le déplacement à Paris, pour des rencontres bilatérales avec leurs homologues français, tandis que le Premier ministre, Edouard Philippe, recevait le chef du gouvernement marocain, Saad Eddine El-Othmani.
Quatre espaces de coopération
Dans la Déclaration conjointe publiée à l’issue de leur rencontre, la France affirme « sa pleine disposition à œuvrer dans le cadre des quatre espaces de coopération structurants définis entre le Maroc et l’UE, lors du Conseil d’Association du 27 juin 2019, à savoir : valeurs partagées, économie et cohésion sociale ; connaissance partagée et sécurité ; environnement et lutte contre le changement climatique ; la mobilité et les migrations ».
Quant au développement du continent africain, les deux gouvernements soulignent dans ce texte leur souhait d’approfondir leurs efforts conjoints en Afrique, en vue de promouvoir une croissance durable et la stabilité du continent.
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